que nous confierions notre vie au roi, jusqu'à ce
que nous eussions reçu la réponse du gouverneur
qui ne négligerait rien pour que les Anglais et des
Aschantes ne fissent qu’un , ce qui prouverait au
roi que nous étions venus dans ses états, non, comme
espions , mais comme ami ; j’assurai alors M. James
que nous ne pensions nullement à méconnaître sa
dignité, que nous continuerions à le traiter comme
notre officier supérieur, mais que nous regardions
la démarche que nous venions de faire, comme un-
devoir que nous imposaient le bien du service et
celui de notre patrie.
L ’interprète exprima sans doute nos sentimens avec
fidélité, car la satisfaction reparut sur tous les visages.
Le r o i, qui s’était r ’assis, me tendit la main.,
disant que j’avais bien parlé, et qu’il approuvait ce
que j’avais dit. Il ordonna alors à son interprète de
répéter tout ce qu’il avait dit à M. James relativement
à l’offre qui lui avait été faite de quatre acides par
mois. Je lui répondis que tout ce que je pouvais lui
dire, e’était que certainement le gouverneur ferait
tout c e qui serait convenable, que je lui écrirais tout
ce que le roi avait d i t , et que le roi verrait que le
gouverneur ferait ce qui serait juste. Le roi alors me
tendit la main , et nous nous retirâmes.
Dans la soirée, M. Hutchison et moi, nous allâmes
chez le premier eapitaine du roi lui demander
un messager pour le Cap-Corse, le roi ayant retenu
tous les Fantes. Environ deux heures après, il nous
rapporta la réponse du roi, presque dans les termes
suivaiS : « Le roi vous souhaite le bonsoir. Il se rappelé
la figure du blanc qui lui a parlé aiqourd hui,
e fü l’aime beaucoup. Il voudrait qu il lut chargé de
traiter l’affaire. Le roi aime beaucoup aussi les deux
autres blancs qui étaient avec lui. Il croit que le dessein
du gouverneur d’Accra est de rejeter
blâme sur le gouverneur du Cap-Corse, et qu’ainsi
il ne veut rien dire. Le roi estime que cela n’est pas
juste,' et il voit que vous pensez de même. Cette
affaire ne regarde que le roi et vous. L e capitaine
du roi lui rapportera fidèlement ce que vôus lui
direz , et vous aurez un messager. »
Dans la soirée , M. Hutchison, M. Tedlie et m o i,
nous écrivîmes au gouverneur et au conseil du Cap-
Corse pour leur faire part de tout ce qui s était passé
dans cette entrevue, ajoutant q u e , dans notre opi-
nion , si nous n’eussions pas pris ce parti, M. James
serait retourné sur-le-châmp au Cap-Corse sans avoir
accompli un seul des objets de sa mission. Nous
fîmes sentir que nos rivaux politiques , les Mores,
employaient toute leur influence sur l’esprit du roi
pour lui inspirer des soupçons contre nous, et que
cependant toute la conduite de ce prince était pacifique
et conciliante, puisqu’il n’avait parlé d aucune
des circonstances qui devaient 1 irriter davantage,
notamment de la défaite de ses troupes devant Anna-
mabou.'Nous ne donnâmes pas notre opinion sur
la demande du roi ,* que la paie accordée par la
compagnie à Amouney et a Adokou lui appartint en
entier; et nous peignîmes l’adresse avec laquelle le