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 pourvus  s’éteignirent  en  tra v e r san te  marais,  dont  
 les eaux s’étalent élevées jusqu’à la hauteur de quatre  
 a cinq pieds. Les interprètes  et les soldats s’égarèrent  
 dans  les  bois,  et  n’arrivèrent  à  Ogogou  que  longtemps  
 après M.  Tedlie  et  moi.  Les habitans  étaient  
 couchés, mais ils se  levèrent sans murmure,  nous cédèrent  
 4a  meilleure  maison,  et  nous  allumèrent  du  
 feu. Le lendemain matin,  je reçus le présent des in ter-  
 prètes du  roi,  enveloppé  dans  une  pièce d’étoffe  de  
 Mallova, avec un long compliment dont la conclusion  
 était  que  je  devais  être  toujours  prêt  à  parler  avec  
 autant  de  force  et  d’adresse  pour  le .roi  d’Aschantie  
 que  je  l’avais  fait  pour  le  roi  d’Angleterre.  Ce  témoignage  
 d’estime,  qu’ils ne pouvaient me  donner  
 tandis  que nous  discutions  des intérêts opposés,  me  
 fut  infiniment  agréable. 
 Après avoir traversé Sarrasou,  où l ’on  nous  offrit  
 libéralement  du  vin  de  palmier,  nous  arrivâmes  le  
 soir  à Assiminia.  L e   chef nous  y   reçut  avec  hospitalité, 
   nous  céda  sa  propre maison,  et  nous  offrit  
 quelques  volailles.  L e  lendemain  nous  allâmes  jus-  
 qu à  Doumpassie,  où  nous  reprîmes  notre  ancien  
 logement.  Une  partie  dè  notre  suite  passa  la  nuit  
 dàns  le  bois.  Le  chemin  n’était guère  qu’un marais  
 fangeux,  la  saison  des  pluies  étant fort  avancée.  L e  
 jeudi, 6 octobre, après une marche assez courte, mais  
 très-fatigante,  à  travers  les «montagnes  qui  forment  
 les frontières  de  l ’Aschantie,  nous arrivâmes à Moi-  
 sie>  première  ville  du  royaume  d’Assin.  Nous  ne 
 pûmes  nous  y   procurer  de  provisions  qu*à  quatre  
 heures : mais  comme  nous  n’avions pas  fait une journée  
 bien  longue,  je  résolus  d’aller  jusqu’à  A k ro -  
 froum, Vfin  de  gagner  un  jour.  Les  Aschantes  me  
 représentèrent  que  plusieurs  petites  rivières  étaient  
 débordées,  et  que  les grandes  pluies  avaient  rendu  
 le  chemin impraticale  en  beaucoup  d’endroits; mais  
 je craignais tellement d’être retardé dans mon voyage  
 par  leurs  idées  superstieuses  sur  les  jours  heureux  
 et malheureux,  que je ne voulus pas leu r  céder pour  
 cette  fois,  de  peur  de  les  encourager  à  insister  de  
 même  à  l ’avenir.  Je  leur  déclarai  qu’ils  pouvaient  
 rester  en  arrière,  et  je partis  sans  eux;  mais  ils  me  
 rejoignirent  bientôt,  en  me  disant  qu’il  y  allait  de  
 leur  tête  s’ils  me  quittaient. 
 M.  Tedlie  et moi,  accompagnés  d’un  de  nos  soldats  
 et  d’un  Aschante  qui  commandait  sous  les  
 ordres  du  capitaine  chargé  de nous  escorter,  nous  
 marchâmes  plus  vite  que  le  reste  de nos  gens;  e t,  
 quand  la  nuit  arriva,  nous  n’étions  plus  à  portée  
 d’en  être  entendus.  Nous  perdîmes  quelque  temps  
 à  essayer de  faire  des  torches pour écarter  les  bêtes  
 féroces  et  pouvoir  reconnaître  le  chemin,  car  nous  
 marchions  dans  la boue  jusqu’au-dessus  de  la  cheville, 
   et nous avions perdu  nos souliers depuis longtemps. 
   Un  ouragan  terrible  qui survint  nous  empêcha  
 totalement  de  nous  entendre  ,  et  nous  nous  
 trouvâmes  séparés.  Heureusement  l ’Aschantè  était  
 près  de  moi ;  quand  je  vins  à  bout  de  le  retrouver *  
 il  s’attacha  autour  du  corps,  par  un  bout,  la  pièce