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CHAPITRE II.
Départ de l’ambassade. — Route qu’ell^guît. — Son arrivée
- et sa réception.
L ’ a m b a s s a d e partit du fort du Cap-Corse dans la
matinée du 22 avril 18 17 , dans l ’intention de quitter
le bord de la mer à Mori, c’est-à-dire à trois milles
et demi vers l ’est; mais en y arrivant, nous apprîmes
que le chemin qui conduisait de là au croum
011 village de Payntrie, mauvais dans tous les temps,
était alors impraticable à cause des pluies, et que
nous devions nous rendre à Annamabou, avant de
nous enfoncer dans les bois, pour pénétrer dans
l ’intérieur.
L a mauvaise volonté des porteurs de nos bagages,
qui avaient été forcés de se charger de ce service
par les autorités de la ville, fut bien difficile à
surmonter. La considération qu’ils étaient nourris
et payés; que le résultat de l ’ambassade devait
être de mettre fin à la disette occasionnée
par les dernières invasions, et qu’à peine avaient-
ils chez eux de quoi soutenir leur existence,
ne pouvait les empêcher de voir de mauvais
oeil notre entreprise, et ils étaient influencés par
l ’humeur qu’ils en avaient conçue, autant que par
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la paresse et l’indolence. Onze désertèrent dès le
premier jour; la faible autorité du ro i et des
Cabocirs (1) d’Annamabou ne put nous en procurer
d’autres que dans la soirée du jour suivant.
Nous en fîmes alors mettre en route une partie
qui persistaient, même dans la ville, à déposer
par terre les. bagages dont ils étaient chargés,- et
nous les fîmes accompagner par un soldat et un
messager. Plusieurs des porteurs que nous nous
étions procurés’à Annamabou, après avoir soulevé
leurs fardeaux qui étaient d’un poids médiocre ,
s’en allèrent avec l’indifférence la plus insolente.
Les moyens par lesquels ils montraient leur mauvaise
volonté leur étaient tôut particuliers , et il était
impossible de mettre plus d’adresse à nous tourmenté
r.
Le jeudi matin, à quatre heures, nous parvînmes
à faire partir le reste de nos bagages, et nous nous
mîmes en roule à six heures et demie. Après avoir
fait environ deux milles dans la direction du nord-
nord-ouest, nous descendîmes une colline dont la
pente était fort rapide pendant environ un quart
de mille, après quoi nous entrâmes dans une belle
vallée couverte de lis , d’aloès, de palmiers et de
bananiers. Cette vue était variée par de petites
hauteurs revêtues de superbes colonniërs. Jamais
je n’avais vu un sol si fertile ni une végétation si
florissante.,
(i)'Nom qu’on dorme aux cbefs et aux principaux personnages
dans cette partie de l’Afrique.