me dit que j’avais trop de cuillers d’argent, et me
pria modestement de lui en donner une oud eu xi
l ’esclave qui l’éventait était vraisemblablement du
même avis, car il essaya’ d’en dérober une; mais
ayant été découvert par un des domestiques > il se
bâta de la jeter sous la table» Je demandai au prince
more de me vendre son cheval; il me répondit qu’il
était un trop grand personnage pour aller à p ied ,
et que d’ailleurs il ne pouvait marcher.
Dimanche, 3o.— Lie roi vint me voir et resta longtemps
chez moi. Il avait appris que mon cheval était
mort, et me rendait visite poùr me prouver qu’il
ne m’oubliait pas ; mais il avait tant de préparatifs à
faire, tant de différends à rég le r, qu’il lui restait fort
peu de temps. La conversation tourna alors sur les
voyages des Anglais et sur les hommes blancs qui
s’étaient noyés dans le Quolla (le Niger). J’expliquai
au prince les motifs du gouvernement anglais
en envoyant des voyageurs visiter l ’intérieur de l’Afrique,
et je lui témoignai combien je désirais me
procurer les livres et les papiers de M. Park pour
les remettre au roi d’Angleterre. Le roi promit de
m’aider de tout son p ou vo ir, et m’engagea à lui
indiquer les moyens les plus efficaces pour y parvenir
»
I l me demanda ensuite si je me plaisais en As-
chantie, et si j’aimais à demeurer auprès de lui, observant
que j ’étais à l ’instar d’un ro i, et qu’il voulait
que son peuple me respectât. Chacun courait
pour me voir avec le même empressement que pour
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le voir lui-même. Je lui déclarai que, suivant ce que
j’avais appris, quelques-uns de ses capitaines voulaient
m accuser de trahison pour avoir mis des boucles
à nies souliers à la. fête dé l’Adaï. Le roi reprit
qu en effet, quiconque osait en faire autant sans son
o rd re , avait la tête tranchée ; mais que pour moi
c ’était différent, et que les Anglais faisaient toujours
ce qui convenait. Le ro i, en s’en allant, me dit
beaucoup de choses flatteuses; sincères ou non, il
était de la bienséance de les recevoir avec politesse.
Lundi, 1 decemb.-—L ’un des neveux du roi vint me
voir, mais il craignait de passer devant l ’esclave qui a
juré parla tête du roi,et qui reste toujours dans la cour.
Il appréhende que cet homme ne jure que le ro i, en
le tuant, tuera aussi son neveu; car telle est la sainteté
de la lo i, que, dans ce cas, le roi devrait faire ce
que l ’esclave a juré. . J’avais la c le f d’une porte particulière
par laquelle le neveu du roi pouvait sortir
sans traverser les cours de la maison ; il en profita
avec une joie extrê/ne. Cet esclave est cause qu’aùcun
personnage de distinction n ose se hasarder à venir
me voir; car ils craignent tous qu’il ne les mette
dans l ’embarras en jurant sur leurs têtes.
Mardi, 2. — Le roi a fait aujourd’hui présent de
dix périguins d’or aux Mores qui sont dans Coumàs-
s ie , pour les services qu’ils lui ont rendus. Le partage
de cet or causa d’assez vives altercations entre eux.
Les Mores delà ville voulaient garder la somme toute
entière et n’en rien donner au schérif Abraham, qui
venait des rives du Niger. Celui-ci leur dit de faire ce