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une juste idée de ces cérémonies funèbres, magnifiques,
mais barbares et féroces, je décrirai l’enterrement
de fa mère de Quatdbie-Quofie, dont nous
fûmes témoins le 2 août.
A peine la défunte eut-elle rendu le dernier soupir,
que le roi, Quatçhie-Quofie et Odoumataimmo-
lèrentchacun une jeune fille, afin qu’elle eût du .moins
quelques esclaves pour la servir, en attendant que
le grand sacrifice fût accompli. Les vassaux et les
amis de la famille envoyèrent de l’o r , de la poudre,
du rhum et des étoffes pour servir à lui rendre
les honneurs funèbres. Le roi, en qualité d’héritier,
fut celui qui fit les plus riches présens, à l’exception
du plus proche parent, qui hérita du siège
d’honneur et des esclaves. Le roi envoya aussi une
somme d’or et quelques riches étoffes pour qu’on
les mît près de là défunte, dans la boîte ou cercueil.
Je ne pus pas connaître assez exactement les différentes
sommes données en pondre d’or pour en parler,
mais j’appris que Quatchie-Quofie, fils et héritier
de la défunte, en avait donné pour la valeur de vingt
onces d’o r; le roi pour quatre; le frère du roi pour
deux, ainsi qu’Amanquatea et Odoumata; Apokou et
d ’autres chefs , chacun une once. Le total des contributions
en poudre d’or était de douze barils. Ces
présens , me dit - on , étaient excessivement mesquins,
mais c’était par l ’ordre exprès du roi, qui
ordonna de ménager la poudre avec la plus stricte
économie, à cause de la guerre qu’il allait avoir à
soutenir.
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Vers midi nous allâmes à pied à Assafou. Les
vautours se disputaient déjà les cadavres de deux
victimes humaines qu’on venait d immoler. Plusieurs
troupes, composées, les unes de cinquante, les autres
de cent femmes, dansaient en chantant les louanges
de la défunte, et en déplorant sa perte. A leurs
mouvemens grotesques , on eut dit qu elles patinaient
sur la glace, et leurs cris se faisaient entendre
à une distance considérable. D’autres troupes portaient
sur leurs têtes, dans des plateaux de cuivre,
les riches étoffes de soie de la mere de Qualchie-
Qoôfie, tournées et entrelacées de manière à former
des c ro ix , des cônes, des globes, et une foule de
figures bizarres qui de loin avaient l’air de divinités
informes. La figure, les bras, le sein de ces femmes
étaient peints avec de la terre rouge, pour imiter
celles qui étaient parvenues à se les couvrir du sang
des victimes. La foule était excessive. L e son perçant
des cors, le roulement lugubre des tambours, les
cris, les gémissemens, ajoutaient encore à l’horreur
du spectacle que nous avions sous les yeux. De temps
en temps on voyait passer une victime que ses bourreaux
entraînaient après eux à pas précipités. L ’habillement
sauvage et barbare de ceux qui l’entouraient
et la joie féroce qui brillait dans leurs regards
eussent pu fournir des modèles au pinceau d’un peintre
pour représenter les furies. Je remarquai que les
malheureux destinés à être sacrifiés semblaient livrés
plutôt à l’apathie qu’au désespoir. Les chefs et les
capitaines arrivaient de tous côtés; leur approche