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naissait mieux que lui les sentimens particuliers du
gouverneur.
Les Mores en crédit saisirent le moment, et ne
manquèrent pas d’attiser avec ardeur le feu qui brûlai t
autour de nous ; car le r o i , après les avoir écoulés
lin instant, s’écria tout-à-conp : « Je sais que les A n glais
viennent pour espionner, pour me tromper ; ils
veulent la guerre, ils veulent Ta guerre. » — « Non,
répondit M. James, nous ne voulons que le comm
e r c e .— « Ils se joignent aux Fantes, » continua le
roi d’un ton d’impatience, « pour couvrir mon front
de honte. Demain j’enverrai un capitaine prendre ces
liv re s , et .me rapporter les têtes de tous les Fantes qui
demeurent près des forts. Les Blancs savent que je le
puis. Je n’ai qu’à parler à mes capitaines. — Le gouverneur
hollandais ne me trompe pas; il ne me fait
pas honte devantlesFantes; il m’envoie quatre onces
d’or par mois.—- Les Danois ne me font pas honte.
— Les quatre ackies des Anglais ne sont rien pour
moi, mais j’enverrai un capitaine. Ils veulent la
guerre. » Il mit dans sa b^ouche le bout de sa barbe,
la mordit, se leva brusquement pour nous quitter;
e t , agitant le doigt vers nous d’un air de menace :
« S f un noir m’avait apporté un pareil message,
s’écria-t-il, je lui ferais à l’instant couper la tête
devant moi. » M. James garda le silence.
Le moment était critique. Les intérêts de l’Angleterre
pouvaient être perdus à jamais dans cepays; une
missiion importante, au lieu de produire quelque uti-
( 71 ) lité, pouvait avoir les suites les plus fâcheuses ; la cle
de l’intérieur de l’Afrique allait se briser dans la serrure:
nous pouvions voir se fermer pour nous , sans
retour, les éiats d’un roi puissant et qui avait paru
d’abord bien disposé en notre faveur. Il n’y avait point
un instant àperdre; j’adressai la parole au roi, elle suppliai
de m’entendre. Ma demande fixa son attention,
et l e s clameurs de ses conseillers cessèrent peu à peu.
Nous n’avions d’autre interprète que celui que M, James
avait amené du fort où il commandait , et je n’avais
d autre alterna tive que de lui ordonner soudainement,
au nom du gouverneur, de traduire fidèlement mes
discours, sans lui laisser le temps de réfléchir si cet
ordre serait d’ accord avec la volonté de son maître.
Je déclarai donc au roi que le gouverneur désirait
obtenir son*amitié plus qu’il ne pouvait le penser;
q u ’ i l nous avait envoyés vers lu i, non seulement pour
lui faire ses complimens, mais encore pour écrire
tout ce qu’il désirerait faire savoir au gouverneur,
et attendre sa réponse; pour régler toutes les affaires ,
et pour arranger les choses de manière qu avant
notre départ les Anglais et les Aschantes ne fissent
qu’un; que M. James, étant malade, il était naturel
qu’il désirât s’en aller; mais que les deux autres officiers
et moi nous resterions avec le roi jusqu’à ce que
nous pussions lui prouver que le gouverneur était sou
ami ; que nous aimerions mieux nous exposer à sa
colère, et peçdre tout ce que nous avions au monde,
plutôt que de souffrir qu’il crût que le gouverneur
nous avait envoyés pour couvrir spn front de honte ;