réussi à obtenir la tête du chef des révoltés, il revint
à Coumassie, où il fut reçu avec froideur ; ce ne
fut que le 8 juillet 1817 qui! fut formellement accusé.
Les témoins qui déposèrent contre lui, étaient
les messagers que le roi lui avait envoyés, et qui*
d e p u is ce temps, s’étaient cachés dans une province
éloignée, afin qu’Appia Nanou, les croyant morts, fût
confondu en les voyant tout-à-coup paraître comme
témoins, lorsqu’il nierait la vérité de 1 accusation. I l /
fut privé du siège d’honneur, dépouillé de tous ses
biens ; mais on lui permit de se retirer où bon lui
semblerait, avec trois femmes et dix esclaves. Le
roi, apprenant le lendemain qu’il était encore dans la
capitale, s’écria qu’un homme d’honneur ne pouvait
supporter une telle dégradation aux yeux du public,
et ordonna qu’on ne lui laissât qu une seule femme,
sur quoi, Appia Nanou se pendit. L e roi pense qu il
n’y a qu’un lâche qui puisse supporter la vie après
une disgrâce signalée.
Les Mores célébrèrent, au commencement de septembre,
la fête du Ramadan. Je ne vis rien de
bien curieux dans cette cérémonie. Les hommes et
les femmes , revêtus de leurs plus riches habits,
étaient assis sur des peaux en face de leurs maisons,
situées dans une même rue qui leur est exclusivement
destinée. Ils se levaient de temps en temps
par petites troupes, faisaient un tour dans la rue, se
saluaient les uns les autres, et venaient ensuite se
rasseoir. Dans la soirée, les principaux d’entre eux se
rendirent réciproquement visite dans leurs maisons.
Celui qui -recevait la visite reconduisait toujours
celui qui la rendait, et l’accompagnait jusqu’à une
certaine distance dans la rue; et alors se donnant
mutuellement une bénédiction, ils se séparaient. Les
esclaves qui portaient leurs petits parasols, semblaient
fort fatigués de cette promenade perpétuelle.'
Dans une des visites que le roi nous fit à cette
époque, il nous dit qu’il regrettait de ne pouvoir
nous voir plus souvent; que notre conversation
l’intéressait plus que tout au monde, parée que
nous l’entretenions de choses dont les noirs, n’avaient
jamais entendu parler; mais que souvent,
quand il désirait venir nous voir,, ses conseillers
1 en empêchaient, en lui disant qu’il ne convenait
pas à un grand roi de venir chez nous; qu’il devait
au contraire nous faire faire ses eomplimens „
nous-envoyér chercher, et nous faire attendre longtemps
avant de nous admettre en sa présence.
Ce ne fut que le 11 septembre que je reçus du
gouverneur la réponse à la lettre que je lui avais
écrite le lo août. Il m’envoyait la liste des présens
qui avaient été faits à Ocranamih, m’assurait qn’il
avait été traité avee tous les égards possibles pendant
son séjour au Cap-Corse, et qu’il en avait lui-
même témoigné sa satisfaction.
Je communiquai Ce détail au roi. Il avait appris
de son côté que ce messager l’avait trompé sur le
prix des marchandises qu’il avait rapportées du Cap-
Corse. Doublement irrite contre lu i, il le disgracia,
et ce ne fut qu à mon intercession qu’il lui laissa la
vie.