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 à  Coumassie,  pour  le  vendre.  Aquoutou,  cabocir  
 de  la première de ces villes,  1 avait ensuite pris à  son  
 service. Ce cabocir, ayant été  accusé  injustement par  
 le gouvernement d’Aschan lie , fut mené à Coumassie  
 pour y  être  jugé;  Agay  l’accompagna.  Les messagers  
 du  roi  payèrent  les  premiers,  et  exposèrent  
 l ’affaire sous un  feux  jo u r ,  plutôt  que  d’avouer  que  
 le  roi  s’était  trompé.  L ’accüsé  ,  confus,  n osait  répondre; 
   il  allait  être  condamné  ,  lorsqu’Agay  se  
 leva  tout-à-coup  ,  et  parla  ainsi,  suivant  ce que  l’on  
 m’a  rapporté  :  «  Roi,  vous avez desgéns-pour  vous  
 laver, pour vous nourrir, pour vous servir ; mais vous  
 n’avez personne  pour  vous  dire  la  vérité,  et  vous  
 avertir  que Dieu  n’approuve  pas  votre  jugement.  »  
 L ’assemblée  s’écria  unanimement  q u il  fallait  saisir  
 le  jeune  insolent^  et  lui  trancher  la  tête.  <c  N on ,  
 s’écria  le  ro i,  qu’il  achève  son  discours.  »  Agay  
 p arla,  dit-ou,  pendant  trois  heures,  avee  tant  de  
 force  et d’éloquence, qu’il convainquit le  roi de l’innocence  
 de  son  maître  ,  qui  fut  aussitôt  acquitté. 
 Le  roi  retint  Agay  auprès  de  sa  personne , mais  
 sans  le  traiter  avec  une  distinction  particulière.  Un  
 débat  important  entre  deux  chefs  fut  un  jour  porté  
 devant  le  conseil,  qui  ne  savait que  décider,  mais  
 semblait  pencher  en  faveur  de  l’homme  que  le  roi  
 soupçonnait. L e  jugement  fut  suspendu.  Dans  l'intervalle  
 ,  le  roi  envoya  secrètement  Agay  chez  les  
 deux  chefs  pour  entendre  successivement  leurs  
 raisons,  et  ensuite  lui  demanda  son  avis,  qui  se 
 trouva  d’accord  avec  le  sien.  «  A  présent,  dit  S a ï,  
 je  vois  que  vous avez  une  bonne tête.  » .Agay  fut  
 alors nommé  interprète, et  reçut du  roi une maison,  
 des femmes,  des  esclaves et  de l’or. 
 Quelque  temps  après,  comme  le  roi  manifestait  
 sa  haine  pour  un  riche  capitaine ,  ses  interprètes,  
 toujours  disposés  à  flatter  ses  passions,  lui  dirent:  
 « S i  vous désirez  avoir ses  richesses ,  nous lui ferons  
 son procès «  ; mais Agay s’élança au milieu de  la  salle  
 en  s écriant  :  «  Non,  ro i,  cela  n’est  pas  bien;  cet  
 homme  ne  vous  a  jamais  fait  aucune  injure;  vous  
 savez que tout l’or de vos sujets est à vous à leur mort;  
 mais  si  vous  vous  l’appropriez  à  présent,  les  étrangers  
 s’en  iront dire  : le  roi seul a de  l ’o r ,  et  cela  né  
 sera pas bien;  il faut au  contraire qu’ils puissent dire :  
 Le  roi a  de  l’o r ,  toqs  ses  capitaines  ont de  l’or ,  et  
 tous  ses  sujets ont de l’or ;  alors  votre  pays  paraîtra  
 vraiment puissant,  et vos  ennemis vous  craindront. »  
 Le  roi  nomma  aussitôt  Agay  second  interprète  et  
 le  combla  de  nouveaux  bienfaits.  Lorsqu’Amanqua  
 fut nommé  au  commandement  de  l’armée  envoyée  
 contre  Goudjo-Couma, le  roi  lui  demanda  quel  in-  
 tèrprète  il  voulait  prendre  avec  lui?  Il  répondit,  
 Adoussiou Oti. Le roi reprit : « Non ! je vous donnerai  
 cet enfant ;  c est la meilleure tête  du  conseil pour les  
 négociations  difficiles.  »  Amanqua  lui  représenta  
 qu’Agay  était  trop  jeune; mais Je roi  lui  dit  :  Vous  
 êtes  un fou de penser de  la  sorte.  Il lui  fit alors  jurer  
 qu’il  lui  rendrait  tin  compte sincère  de  la conduite  
 d Agay qui  se distingua  d’une  manière si  éclatante,