haute idée de la puissance anglaise, Iç gouverneur
se fit aecompagner d’une suite nombreuse, composée
de toutes les personnes qui n’étaient pas absolument
indispensables au service du fort. *
Avant le jour fixe pour l ’entrevue, le gouverneur
du Cap-Corse ayant fait arrêter Chébou, qui avait
été Une des principales causes de la.-guerre, l ’envoya
au roi, dans l’espoir de prévenir une nouvelle
effusion de sang et d’empêcher rentière destruction
des Fantes; mais cette espérance ne se réalisa point.
L e roi: s’était trop avancé pour pouvoir reculer, sans
mécontenter des auxiliaires qui ne l ’avaient suivi que
dansl espoir du pillage ; d’ailleurs Apoutay et Acoum
avaient déjà repris lés armes, et rassemblaient tous
les Fantes, pour livrer au roi une nouvelle bataille.
En se rendant à l’ entrevue, le gouverneur fut accompagné
d’un cortège qui, sans être nombreux,
était'cependant assez imposant par son bon ordre
et sa belle tenue. La marche était ouverte par une
vingtaine d’ouvriers de la compagnie, bien habillés,
et suivis de quarante fusiliers. Venait ensuite le gouverneur
précédé d’une troupe de musiciens, et suivi
de dix officiers marchant deux à deux. Enfin, quelques
marchands que là curiosité avait fait venir du
Cap-Corse fermaient le cortège. A quelque distance
du fort d’Annamabou, l’on rencontra un
des principaux capitaines du roi qu’il avait envoyé
pour conduire le gouverneur et écarter la foule
qui se pressait autour du cortège , car la plus grande
partie des soldats du roi n’avait jamais vu un homme
blanc. Malgré tous les soins de ce c h e f et les efforts
des gens de sa suite, la curiosité était si vive que
les Anglais marchaient au milieu d’une multitude
confuse qui semblait ne former qu’une masse, tant
elle était serrée; ce q u i, en empêchant la circulation
de l’a ir , augmentait la chaleur de l’atmosphère ,
inconvénient qu’augmentaient encore lés exhalaisons
infectes des cadaVtes dont la terré était jonchée.
L e gouverneur fut obligé de rendre visite à tous
les principaux chefs avant d’être admis en présence
du roi. Ce cérémonial, auquel il ne pouvait se refuser,
dura assez lon g -tem p s ; car tous les chefs
formaient un vaste cercle, et chacun d’eux avait sa
suite rangée autour de lui. Ils étaient assis sous de
grands parasols, entoures de gardes et desclaves;
des jeûnes géus rafraîchissaient l air autour d eux
en agitant des éventails , et écartaient les mouches
extrêmement nombreuses et incommodes. Un de ces
chefs attira surtout l’attention , son costume, lout-
à-fait différent de celui des autres , prouvant qu il
venait d’ün pays très-éloigné; Il était grand, avait
de l’embonpoint et des formes athlétiques-; son teint
ressemblait à celui d’un Arabe ou d’un Égyptien.
Ses vêtemens lourds ne paraissaient nullement adaptés
au climat. Une espèce de bonnet jaune lui descendait
jusqu’au-dessous des oreilles , et ne produisait
pas un effet favorable sur son teint. Il était Ma-
hométany fort g ra v e , et cependant communicatif et
poli. Il portait sur lui des versets du Coran enchâssés
dans de petits étuis d’or et d’argent; il semblait y