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   de  vieux  troncs  de  mimosas  répandaient  
 Une  odeur  forte  et  désagréable.  Nous  passâmes  
 deux petites  rivières, le Beltensin  et le Soubin, peu  
 profoudes  et  d’environ  dix-huit  pieds  de  largeur.  
 Elles  coulaient  vers  l’est  pour  se  joindre  à  l’Owa,  
 donttout  ce que  je  pus apprendre  fut qu’il  se  jette  
 dans  le  Bousempra. 
 Nous  partîmes  à  quatre  heures,  et  nous  n’avions  
 pu  faire  plus  de  deux  milles  quand  la  nuit  arriva.  
 L e  terrain  était  uni,  mais  marécageux  et  presque  
 partout  couvert  d’eau.  D’innombrables  vers  Jui-  
 sans  brillaient  sur  l’herbe  de  tous  côtés;  tantôt  
 nous  redoutions  l ’arrivée  de  bêles  féroces,  tantôt  
 nous  espérions  approcher  dé  l ’endroit  où  notre  
 guide,  que  nous  n’avions  pas  vu  depuis  le  matin,  
 nous  avait  dit  que  nous  passerions  la  nuit.  Les  
 craintes  de  nos  porteurs  avaient  surtout  pour  objet  
 les  esprits  des  bois,  que  Johnson,  l’interprète  de  
 M.  P a rk ,  avait  cherché  à  se  rendre  propice  par  
 <un  sacrifice  entre  Jiog  et Gangaddi.  Les  hurlemens  
 affreux  par  lesquels  ils  cherchaient  à  l’envi  l’un  de  
 l ’autre  à  se  donner du  courage,  mêlés  aux  cris  des  
 oiseaux  de nuit  qui  habitaient  la  forêt,  jetaient  une  
 teinte  d’horreur  sur  cette  scène  ténébreuse,  et  rappelaient  
 quelques-unes  des  peintures  du  Dante.  
 Trois  à  quatre  fois  nous  sortîmes  de  l’épaisseur  des  
 ' bois  pour  entrer  dans  des  clairières  d’une  assez  
 grande étendue, sur lesquelles les étoiles répandaient  
 une clarté qui allait en s’éleignant graduellement sur 
 * 
 ■ les lisières  de la forêt.  Là existaient autrefois des  villages  
 considérables  et  bien  peuplés  qui  furent  détruits  
 dans  les  invasions  des  Aschantes.  Vers  neuf  
 heures,  nous-découvrîmes  quelques  misérables  cabanes, 
   et  le  bruit  que  faisaient  ceux  de  nos  gciis  
 qui  étaient  déjà  arrivés  nous  convainquit  que  c ’était  
 Accomfodey.  Le  thermomètre,  à  onze  heures  
 du  matin,  était  à  80  degrés  (210 3i 
 Nous  partîmes  de  très-bonne  heure  le lendemain  
 matin.  Les  arbres de  la  forêt  étaient  presquè  entièrement  
 dépouillés  de  feuilles,  si  ce  n’est  sur  les  
 bords  des petites  rivières,  et  ne  présentaient  qu’un  
 amas  confus  de  troncs  et  de  branches  entrelacées.  
 A   peu  de  distance  d’Acconifodey,  nous  passâmes  
 une petife  rivière  qui porte  le  même  nom,  et  qui  
 coule  vers 1 est,  et  peu  après  le  Berrakou,  qui  va  se  
 jeter  dans  le  Bousempra  au  nord-estf  Quelquefois  
 le  chemin  n  était  pas  tra c é ,  et  paraissait  avoir  
 été  peu  fréquenté  depuis  l’invasion  de  1807.  Des  
 crânes  humains  étaient  epars dans cette  sombre  solitude, 
   triste  reste  des  boucheries  qui  l ’avaient  ensanglanté. 
   Nous fîmes halte à deux  heures, par ordre  
 de M,  James,  après  avoir  fait  huit milles,  et  nous  
 passâmes  la  nuit  dans  là  forêt. 
 Le  1.« mai,  nous  rencontrâmes  quelques  cabanes  
 sur  les  mêmes  positions où  étaient  autrefois  les villages  
 de  Dausamsou  et  de  Mikirring.  Au  bout  de 
 cinq  milles et  un  quart, nous  aperçûmes  sur notre 
 droite  de  belles  prairies,  à  l ’extrémité  desquelles  
 les  rayons  du  soleil  se  réfléchissaient  dans  une  eau