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 et  qu’il  est  de  son  devoir de les suivre  partout  où ils  
 vont.  Lorsque son  épousé  le  rend  père  d’un  enfant  
 mâle,  il  rend  aussitôt  hommage au  nouveau-né,  et  
 reconnaît son vasselage de la manière la plus abjecte. 
 Les ocras sont distingués  par un grand  cercle  d’or  
 suspendu  à leur cou  :  ce  sont ou-des esclaves favoris,  
 ou  des  sujets pauvres,  qui  ont  fait  quelque  action  
 d’é c la t,  et qui  consentent  à  perdre  la vie  à  la mort  
 du  ro i,  pour  être,  jusqu’à  cette  époque,  à l’abri de*  
 tout jugement,  et entretenus  aux  dépens  du prince.  
 Il  y   a  aussi  parmi  eux  des  parèns  du  roi  et  des  
 hommes  de  qualité.  Tous  les  ocras  des  déùx  premières  
 classes,  à  l’ exception  de  deux  ou  trois  individus  
 à  qui  le  roi  confie  les  secrets  d’état,  sont  
 immolés  sur  sa  tombe.  Les messagers  royaux  sont  
 quelquefois  nourris  au  palais ;  mais ils  ont de droit  
 une  place  à  la table de  chaqbe sujet  du roi. 
 Le  roi a  une troupe de petits garçons  qui  portent  
 les  arcs  et les  flèches  consacrés  au  fétiche  :  ce  sont  
 des'pillards  brevetés.  Ils  sont  si  rusés  et  si  agiles ,  
 qu’on  ne  peut  observer  sans  rire  leurs  différentes  
 manoeuvres, dans la place du marché qu’ils infestent  
 tous  les  matins.  Tout  ce  qu’ils  peuvent  dérober  et  
 emporter  leur appartient  de droit,  sans que lë propriétaire  
 puisse  jamais  le  réclamer  ;  mais  il  lui  est  
 permis  ,  s’il  peut  les  atteindre  avant  qu’ils  arrivent  
 au  palais, dé  les  rosser  de  toutes ses  forces,  pourvu  
 qu’il  ne  leur fasse  point  de  blessures mortelles. Ces  
 petits Spartiates  reçoivent ces coups avec un courage 
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 incroyable.  Quelquefois  un  de "leurs  détaehemens  
 renverse un panier rempli de provisions, tandis qu  un  
 autrelesramasseaussitôtets’enfuitavec la proie. D un  
 côté  ,  les  alarmes  et  l ’inquiétude  des  marchands  
 qui,  avec  de  gros  bâtons  à  la  main  ,  sont  toujours  
 aux  aguets ;  d’un  autre,  la  finesse  comique  de  ces  
 enfans qui  se portent ,livec une  agilité surprenante,,  
 ^ur tous les  points du marché,  produisent un  tableau  
 de  l’effet le plus singulier.  , 
 Les  premiers  vçyageurs  européens qui  visitèrent  
 l ’Abyssinie  rencontrèrent  une  semblable  troupe  de  
 pillards  royaux /  et,  je  crois  ,  en  souffrirent  beaucoup: 
   quant  à  nous,  ils  respectèrent  toujours  ce  
 qui  nous appartenait  ; mais ils  nous amusaient  extrêmement, 
  parla manière  incroyable dont ils  imitaient  
 nos  discours  et  nos  actions.  Lorsque  je  dessinais  ,  
 ils se  groupaient  tous autour  de  moi  en  faisant  les  
 grimaces  les  plus  burlesques.  Les  Aschantes  sont  
 sans  exception  les  mimes  les  plus  étonnans  que  
 j’aie  jamais  vus.  Adou-Quamina  ,  un  des capitaines,  
 répétait  après  moi  une  phrase  d’une  douzaine  de  
 mots  qu’il  ne  connaissait  pas  ,  et  qu’il  entendait  
 prononcer  pour la  première  fois.  Le  roi  a  une  espèce  
 de  bouffon  dont  les  gestes  et  les  grimaces  ne  
 sont  pas  moins  grotesques  ni  moins  facétieux  que  
 ceux des  acteurs  les  plus renommés  en  Europe dans  
 ce  genre. 
 Indépendamment  çle  ce  que  consomme la  maison  
 du  r o i,  on prépare,  tous  les  jours,  au palais,  environ  
 vingt pots de  soupe blanche,  et autant de soupe4