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de l’intérieur des fusils et de la poudre, qui, ainsi
qu’on J’a vu plus haut, ne peuvent sortir de l’As-
chanlie. En éludant cette lo i, ils porteraient une
atteinte funeste à la puisssance de ce pays; car le
Dagoumba, l’Inta et d’autres royaumes voisins ayant
cédé aux circonstances plutôt qu’à la force réelle des
Aschantes, mettraient un.terme à leurs conquêtes.
Les chefs, indépendamment de cè que leur rapporte
le travail de leurs esclaves, et de la grande
part qu’ils ont des revenus de l’état, produit des
contributions que leur tyrannie impose à d’autres
gouvernemens; reçoivent d’immenses présens qu’on
leur fait, soit pour capter leur faveur % soit pour
acheter leur protection ou leur entremise auprès du
roi, et, rivalisant entre eux de luxe et de magnificence
, étalent une pompe que leurs inférieurs s’efforceraient
en vain d’égaler. S ’ils encourageaient le commerce,
cette splendeur dont ils aiment tant à s’entourer,
et qui paraît être leur plus chère idole,
cesserait bientôt d’être leur prérogative exclusive:
les marchands, devenus riches, voudraient étaler
autant de luxe qu’eux; et,pour leur propre sûreté, ils
s’ uniraient ensemble pour réprimer la puissance
arbitraire de l’aristocratie; ce qu’ils sont aujourd’hui
trop faibles et trop pauvres pour entreprendre.
Il est évident, d’après l’étendue dy royaume, que,
si les Anglais fournissaient, ne fût-ce qu’aux Aschantes
seuls, diverses marchandises, telles que dés
draps, des soieries, etc., leur commerce recevrait un
accroissement considérable dans celte partie du
monde. .11 serait donc d’une bonne politique de dé*
tourner insensiblement les Aschantes des marchés
de l ’intérieur, en les engageant à cultiver le coton
qui croit en abondance chez eux, qui est d’une qualité
excellente, et qui, offert en grande quantité avec
l ’iv o ire , diminuerait la balance du commerce,
qui est maintenant en notre faveur, e t , en donnant à
ce peuple les moyens de payer en grande partie leurs
achats en productions de leur sol, écarterait le désavantage
qu'ils trouvent à trafiquer uniquement aveç
les Européens. Je ne tardai pas à communiquer cette
réflexion, non seulement au roi, mais aussi aux Aschantes
les plus entreprenans et les plus intelligens ;
mais ils n’avaient point d’idée de ce que je proposais!
Ils crurent sur-le-champ que le coton était une chose
d’une si grande importance pour nous, que, pour
quarante ou cinquante livres, ils en recevraient
vingt fois la valeur, et ils demandèrent un tokou
et demi par livre (un schilling) en o r , et pris sur
le heu. Lorsque je leur réprésentai qu’ils devraiént
faire défricher la terre, former des plantations, et
surveiller les travaux de leurs esclaves, ils me répondirent
quele boussie ou gourou croissait spontanément
et n’exigeait aucun travail; que le sel leur
était apporté sur la frontière par des nations pauvres
qui le leur vendaient à bas p r ix , sans qu’ils eussent la
peine d'aller le chercher, et que pour ces denrées,
ainsi que pour un peu de rhum et de fe r , objets
d’autant plus recherchés des peuples de l'intérieur,
que les Aschantes leur interdisaient toute communi