leurs couteaux , et leurs javelines avec leurs nettes
et leurs toiles de bambou , sont leurs principaux
objets d échange pour le cuivre, le coton et les autres
marchandises d’Europe dont ils ont besoin. Je. me
procurai quelques couteaux et quelques javelines
fabriquées avec le fer dû pays. La toile de bambou
ressemble à de grosse toile de Hollande brune. Leurs
nattes sont très-fines; les couleurs, ainsi que les
dessins, en sont très-variés. Il est à remarquer que
ces dessins n’ont rien de bizarre ni de grossier ; il§
offrent cette simplicité régulière que les nations
civilisées nommeraient élégance. Ce peuple est cannibale,
et mange non seulement ses prisonniers,
mais aussi ses propres compatriotes après leur mort.
On vend leur corps à l ’instant même qu’ils viennent
de rendre le dernier soupir, On y a souvent vu un
père manger son propre enfant. Il y a beaucoup de
volailles et de chèvres dans le pays , mais on ne les
mange pas, tant qo on peut se procurer de la chair
humaine. Le sel s y vend un prix exorbitant. Les
habitans des côtes craignent d’entrer dans leurs pays,
mêmepoury commercer; ils ne s’y hasardent qu’armés'
de fusils , e t avec une forte escorte de Schikans.
Cette contrée est couverte de bois et de montagnes.
Unemontagne située au nord-est du Kalay est habitée
par des hommes qui, dit-on, y voient mieux la nuit
que le jour ; ils dorment la plus grande partie du
jo u r , parce que la clarté blesse leurs yeux qui sont
très-briilans. On y trouve de l’ivoire en abondance.'
■A deux journées au nord du Kaylie , est i’Im-
( Î 9 \ )
b e k ie , situé sur les riyes du Dendjer ou Moohnda»
A un mois de distance , dans la même direction ,
après avoir passé le Bisou, l’Aosa et l’IIétan, on
trouve deux royaumes plu§ grands, celui de Ba-
dayhie et celui d’Oungoumo. Mattadie, capitale du
dernier, e s t, dit-on, une grande ville.
En avançant toujours vers le nord, on arrive à six
journées dans le Paamouay et ensuite dans le Schay-
b ie , pays sur la frontière septentrionale duquel est
le Bayhie. La rivière Ouola ou Ouolé coule dans ce
royaumedans la direction de l’est. C ’est là plus grande
rivière que ces Nègres voyageurs eussent, vue , oi|
dont ils eussent entendu parler. Mon .ami le gou.-
verneur me répéta plusieurs fo is , pour me servir
de ses propres expressions, que c’était la plus grande
rivière du monde; qu’elle allait si lo in , qu’excepté
Dieu, personne ne pouvait le savoir; il ajoutait que
toutes les grandes rivières du pays venaient du Ouola,
Tontes les informations qu’il avait prises lui avaient
toujours donné lieu de penser que le Moohnda en
sortait, mais il ne pouvait parler aussi positivement
sur ce point que sur la jonction dè l’Ogouaouay
avec le Quala, parce qu’il avait lui-même remonté
la première de ces deux rivières jusqu’à une distance
considérable. On représente toutes les nations qui se
trouvent sur celte route comme cannibales ; les
Paamoûays le sont pourtant un peu moins que
les autres, parce qu’ils élèvent une race de gros
chiens dont ils se nourrissent, ce qui semble un mets
recherché dans plusieurs parties de l’Afrique.