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 poissons  de  meme  métal.  Les  tambours  et  divers  
 instrumens de musique étaient couverts de  peaux de  
 tigre.  Apokou  désirait  que  je  sortisse  pour  le  voir  
 lorsqu il passerait dans la rue avec son  cortège; mais,  
 au  vacarme  effroyable  que  j’entendis,  je  jugeai que  
 ce  serait m exposer inévitablement  au  danger d’être  
 insulté. 
 Samedi,  15.— Apokou vint avec sa  suite pour me  
 remercier  du  présent  d’un  flacon  de  rhum  de  la  
 Jamaïque.  Il  avait  encore  trois  jours  h jouer j   c’est  
 ainsi  qu’il  appelait  l’action  d’étaler  ses  richesses;  il  
 était  fâché  de  ne m’avoir  pas  vu  assister  à  la  procession. 
  Jelui  dis que, dans  ces occasions’,  l ’extrême  
 insolence  du  peuple m’empêchait de  sortir.  ' 
 Lundi,  17. —  Dans  l’après-midi,  Apokou m’envoya  
 dire  qn il  était  venu  à  la  porte  de  ma maison  
 pour jouer  et me  montrer  son  o r ,  et  qu’il  espérait  
 que  je  sortirais.  Je me  rendis  à  ses  désirs ;  il me fit  
 asseoir  sur  un  tapis  etendu  à  te r re ,  puis  se  mit  
 à  danser  devant  moi  avec  ses  femmes,  ses  enfans  
 et ses capitaines. Quelques-unes de ses jeunes épouses  
 étaient habillées avec beaucoup de goût. Elles avaient  
 un beau manteau  de  soie avec  un  capuchon  en  fourrure  
 et  des  ornemens  d’or  suspendus  sur  l ’épaule-  
 droite;  ellqs tenaient sur l’épaule gauche un  pistolet,  
 et de  la main  droite  un  arc  et  une  flèche  d’argent. 
 T   O 
 Lorsque,pendant la danse, Apokou était content  de  
 l’une  de  ses femmes,  il prenait  l ’arc et  le  suspendait  
 sur  un  des  ornemens;  c ’était  une  marque  d’approbation  
 signalée,  à en  juger d’après  les  applaudisse-  
 mens  qui  se  faisaient  entendre  aussitôt.  A  d autres il  
 donnait un peu d’or. Il ôta plusieurs  fois de leur  cou  
 divers  ornemens  qu’il  j)laça  sur mes  genoux  et  sur  
 mon  épaule  gauche.  C ’était  la plus  grande marque  
 de  distinction  qu’il  pouvait me  donner ;  sa musique  
 joua  un  air  pour  faire l ’eloge de 1 Angleterre, et  du  
 talent  que nous avions pour concilier  les  différends.  
 Plusieurs  capitaines  envoyèrent  à  Apokou  des pré-  
 sens  d’or et  de rhum. Je  lui donnai  un  grand  flacon  
 de  vin;  il me  dit  que  mon  présent  lui  faisait  plus  
 de  plaisir  que  tous  les  autres,  parce  qu’il  prouvait  
 au  peuple  que  je  le  regardais  comme  un  homme  
 de  bien. 
 Jeudi,  20. —  L e  cabocir more  d’Alphia  vint me  
 demander  la permission  de  me  présenter  son  frère  
 et  son  neveu  qui  désiraient  me  voir.  Dès  q ü il  eut  
 mon  consentement,  il les envoya  chercher;  ils arrivèrent  
 aussitôt.  Je  leur  montrai  une  boussole,  une  
 horloge de sable, un quart de cercle, du phosphore,  
 et divers  instrumens qu’ils ne connaissaient pas.  A  la  
 vue  de  chaque  objet  ils  penchaient  la  tête  vers  la  
 terre en s’écriant : « Allah,  Akbar ! » Dieu est grandi  
 Je  donnai  au  cabocir  une  bougie,  un  morceau  de  
 savon  parfumé,  qu’il  voulait  avaler,  un  flacon  de  
 rhum  de  la  Jamaïque,  et  un  peu  de  sucre;  toutes  
 choses  nouvelles pour  lui.  Il me  pria  de  lui  laisser  
 toucher ma main,  et continua à s’écrier : Ah ! bielane  
 visieh!  ah!  nasarah!  ah!  visir blanc?  ah!  chrétien!  
 Il me Ait  qu’il  avait une  soeur dont  il me  ferait  pré