que depuis ce temps on le charge toujours des négociations
épineuses.
Les manières des capitaines supérieurs sont affables
et bienveillantes dans la vie privée, mais hautaines
et tranchantes en public. Je les crois jaloux
de leur honneur, plutôt en apparence qu’en réalité ;
leurs sophismes sont aussi ingénieux que leurs
maximes sont séduisantes. Gomme la guerre seule
peut leur fournir l’occasion de se signaler, ils regardent
l’ambition du roi comme sa plus grande
vertu. Us nè peuvent se figurer que la bonne administration
à l’intérieur est seule capable d’agrandir
réellement un état. Us ont beaucoup de franchise ;
car, lorsqu’ils avouent leurs défaites; ils louent généreusement
la bravoure de leurs ennemis ; mais ils
sont peu humains, et très-avares. Ils poussent la
superstition jusqu’à la crédulité la plus puérile;
cependant elle n’est mise en jeu que pour ce quiéom
cerne leurs passions ou la conservation de leur vie.
Les Mores n’ont jamais pu découvrir si elle s’ étendait
plus loin. Les Aschantes ne montrent ni curiosité
ni inquiétude aü sujet d’un état futur ; ils font pins
de cas des dignités et des exploits militaires queues
vertusdomestiques; ils croientque, s’ils cômmettent
des fautes , la solennité de leur pompe funèbre et
les sacrifices que,l’on y offre doivent les extpier.
Si l ’on réfléchit qu’ils sont livrés tout à la fois
aux superstitions des Mores et des païens, loin de
les blâmer sévèrement, on s’étonnera ' plutôt
qu’ils ne poussent pas plus loin leurs excè s, et
que leur aveuglement n’ait pas des suites encore
plus funestes.
L e bas peuple est méchant, insolent, licencieux.
L e roi qous répétait continuellement qu’à l ’exT-
cep lion des Fautes , c’était le peuple du monde le
plus détestable, et que généralement les peuples
voisins valaient infiniment mieux. C ’est peut-être l ’occasion
de dire avec Voltaire : Je crois qu’il faut plutôt
juger d’une puissante nation par ceux qui sont à la
tête que par la populace.
Lesprincipaux districts de Fantie sont TA ffe tlo u ,
le Braffô, et l’Essecoumah. Le fort du Cap-Corse
fait partie du premier. Le d e y d’Affetlou, titre probablement
introduit par lès Portugais , avait autrefois
l’autorité suprême en Fantie; il convoquait même,
lorsqu’il Je voulait , les autres rois et cabocirs du
pays, pour leur prescrire leur conduite politique,
et avait, dans tous les cas, droit de vie et de mort, dans
quelque endroit et par quelque personne que le
crime eût été commis. Il y a plus d’un siècle, la petite
vérole dépeupla presque entièrement Affettou qui
était la ville la plus grande et la capitale de tout le
pays ; tous les héritiers directs du trône ayant été
enlevés par cette maladje, la suprématie fut transférée
à la ville de Mankasim. Néanmoins , le dey actuel
conserve une autorité spirituelle sur les autres rois
et cabocirs; il est regardé comme le chef de. la
religion. Lorsqu’ils, désirent de la pluie, par exemple,
ils s’adressent à lui pour qu’il leur en procure , et
c’est par lui seul qu’ils peuvent connaître leur chro