
 
        
         
		(  ) 
 un  étang-,  ils  vont  toujours  de plus  en  plus loin. En  
 même  temps  il  décrivit avec la main  une  spirale, et  
 secoua  la  tête  en me  regardant  d’un  air  significatif.  
 Il me  pressa  beaucoup  d’écrire  un  bon  livre  sur la  
 traite  des  nègres.— Beaucoup d’esclaVes,  me d it- il,  
 s’étaient  révoltés,  et,s’étant  joints à l’armée de Bun-  
 to k o u ,  allaient se battre  contre  les  Aschantes.  Il  y  
 avait trop d’esclaves dans le pays (opinion que je partageais  
 vivement); il fallait se débarrasser d’une partie,  
 car  ils   pourraient occasionner  des  troubles.  Il  avait  
 lui-même,  ajouta-t-il,  un  esclave  qui  était  alors  à.  
 la  tête  de  mille  hommes  ;  il  pouvait  devenir aussi  
 dangereux  que l’avait  été  Coudjocouma,  un  autre  
 de  ses  esclaves,  q u i, lorsqu’il  se révolta,  trouva des  
 partisans  au  nombre  de  dix mille,  sans compter les  
 fugitifs,  les  déserteurs,  etc. 
 Dans l’après-midi, le roi m’ènvôya dire, en grande  
 cérémonie,  qu’il  ser-ait bien  aise  de  me  voir  toutes  
 les  fois  qu’il  siégerait  en  public.  Je  répondis  q u e ,  
 puisque  c’était  le  désir  du  ro i,  je  ne  manquerais  
 pas  de  m’y   conformer,  excepté  lorsqu’on  devrait  
 offrir  des  sacrifices  humains,  parce  q u e ,  dans  ce  
 cas,  ce  serait agir  contre ma  religion  et contre  mes  
 ordres. 
 On vint bientôt après m’annoncer que le roi était sur  
 la place du marché , buvant du vin de palmier. J’allai  
 le  trouver  pour  la  première  fois-,  et  je  m’assis  à  
 sa  gauche. Le roi m’offrit du vin,  et plusieurs  de ses  
 chefs suivirent son  exemple. Toute la musique jouait  
 une  fanfare. Les exécuteurs des  hautes oeuvres,  te- 
 (  181  ) 
 nant  leur épée  dé  la  main  droite ,  se  couvraient  le  
 nez  de la gauche,  répétaient les titres du  roi et chantaient  
 ses exploits. Une demi-douzaine  d’enfans, debout  
 derrière lui,  entonnèrent ensuite  une  hymne en  
 l ’honneur du  fétiche. L e  roi me  demanda  combien  
 j’avais  de  domestiques,  et m’adressa plusieurs questions  
 semblables.  Après  une  séance  d ’ e n v i r o n   une  
 demi-heure,  le  roi  se  le v a ,  ce qui est pour  l ’assem-  
 bléè  le  signal  de  se  séparer. 
 Depuis  le  départ de la députation, je  ne  fus poursuivi  
 par  aucune  troupe  d’enfans  criant après moi.  
 Lorsque je  rentrai  dans  la ville,  après avoir  conduit  
 MM.  Bowdich et Tedlie  jusque  dans  la  campagne ,  
 lors  de  leur  départ,-le  peuple,  qui  était  dans  les  
 ru e s ,,  me  remercia  d’être  resté.  Je  présume  que  
 dans  les  derniers temps ,  l ’on  pensait généralement  
 que je n en  ferais rien. En effet,  lorsque  je retournai  
 à la maison  que  j’occupais,  je  la trouvai  assez  solitaire; 
   e t ,  pendant  la  nuit,  trois  hommes  s’y  introduisirent  
 furtivement.  Un  de mes  domestiques  s’ë -  
 tant  éveillé,  donna  l’alarme;  je  saisis  mon épée  et  
 poursuivis un  des voleurs,  mais  il  m’échappa. On a  '  
 découvert, le matin, qu ils étaient parvenus à dérober  
 près delà moitié d’un mouton et un couteau de table.  
 Je  ne me flatte  pas que  la populace  me  laisse  longtemps  
 traverser  les  rues  sans  me  tourmenter  et me  
 poursuivre.  C’est à  présent  une  nouveauté  pour elle  
 que de me voir seul; mais, le premier moment passé,  
 elle  reprendra  son ancienne  insolence. 
 Lundi,  39.— Je rendis  une  visite à A p o k ou , et je