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fit prévenir de son arrivée et complimenter. Bientôt
après, les différens corps de musique annoncèrent
l ’approche des chefs tributaires, etc. L e roi
d’Aschantie, assis au milieu de la place,, reçut leurs
hommages à mesure qu’ils passaient devant lui. Vers
neuf heures du soir, le roi de Douabin vint me
rendre visite, et me fit présent de deux jolies ge-
nettes.
Dimanche, g. — Dès le point du jour, des décharges
de mousqueterie et des fanfares de musique
annoncèrent la fête funèbre qu’on allait célébrer en
l ’honneur de l’époux de la soeur du roi (la seconde
femme du royaume), qui était mort dans les bois, le
vendredi précédent, vers sept heures. Le roi sacrifia
deux hommes sur la place du marché ; différens ca-
bocirs en immolèrent d’autres. Dans la soirée, Apokou
et plusieurs capitaines parcoururent les rues en
tirant des coups de fusil; la foule était immense. A
huit heures, le roi de Douabin entra chez moi, accompagné
des messagers qu’il avait envoyés au Cap-
Corse pour avoir un habillement complet; Il mé dit
que la malle qui le contenait était chez lui , et me
montra une épée dont le gouverneur lui avait fait
présent.
Vendredi, î^.-—• Je n’étais pas encore levé que je
me vis entouré d’une foule de capitaines; ils me
tourmentèrent pour que je leur donnasse à boire.
Je leur dis de se retirer, et donnai ordre qu’pn fermât
soigneusement la porte. J’envoyai au roi un
présent consistant en v in , rhum, sucre, savon,
beurre et objets de parfumerie. Ce prince en parut
très-satisfait. Je fis aussi d^s présens de rhum, de
vin et de sucre aux principaux cajfttaines, de sorte
que mes provision? sont presque epuisées. Pendant
toute la journée, les visites ne cessèrent pas; tout
le monde voulait avoir du rhum et du vin, mais
.j’étais déterminé à n’en dbnner qu’à ceux qui mériteraient
une distinction particulière ; aussi la plupart
des importuns furent-ils trompés dans leur attente.
La semaine dernière, Apokou et plusieurs capitaines
firent ce qu’on pourrait appeler un étalage
de leurs richesses. C’est un spectacle que ceux qui
ont la faveur du roi et qui sont à la tête de l ’état,
donnent généralement une fois dans leur vie. Ils
convertissent à cette occasion tout leur or en objets
d’ornement. Avant que la procession commençât,
Apokou m’envoya chercher pour me montrer tous
les bijoux et les ornemens nouveaux qu’il possédait,
et qui pesaient plus de 800 bendas (environ 172,800
fr.) de l’or le plus pur. I l y avait, entre autres, une
ceinture de deux pouces de largeur, ainsi que des
chaînes d’or pour le cou, les bras, les jambes de
sa nombreuse famille; des elefs, des clochettes, des
sièges et des cadenas. Il me fit voir aussi un superbe
bonnet de guerre de. plumes d’aigle, des fétiches,
des bonnets mores, des vêtemens de soie, des bourses
et des sacs de peau de singe, etc. ; des éventails de
peau de tig re , avec des manches d’ivoire ; de nouveaux
parasols dans les formes les plus nouvelles,
des arcs et des flèches d’ivoire, des épées d’o r , un