( 118 )
d’un petit maître européen, et il lui dit ; « Voici le
docteur blanc dont je vous ai parlé. Allez lui prendre
la main, Vous êtes malade ; dites-lui votre maladie,
et il vous guérira. »La dame lui ayant obéi, il me dit:
« Rendez-inoi l ’or que je vous ai donné. Le drap
ii est pas convenable, je veux le mettre dans une plus
belle étoffe, » IJ le mit alors dans un morceau d’étoffe
de soie, et me le rendit en disant : « Je vous aime ,
j aime tous les Anglais, c’est un peuple comme il
faut, et je veux boire à votre santé. » Il alla chercher
un flacon de genièvre; deux esclaves apportèrent
un vase d ’argent contenant de l ’eau et deux verres.
I l les remplit lui-même, en prit un, et me présenta
1 autre, en disant : « Saï boit à votre santé. » Je le
saluai et lui répondis : « Je bois à la santé du roi, et
je désire qn il n ait jamais besoin de mes médicamens.
», Quand l ’interprète lui eut expliqué ces paroles,
le roi avança son verre vers le mien, le toucha,
et nous bûmes. Me prenant alors par la main, il nié
dit :,» S i je vous envoie ma soeur , vous lui direz ce
qu il faut qu’elle fasse. » Je l ’assurai que je donnerais
mes avis à tous ses amis , toutes les fois qu’il le
désirerait.
« Je lui remis alors tous les médicamens dont
je n’avais pas un besoin indispensable. Il recommanda
à son eunuque et à dix ou douze personnes
de sa suite de bien mettre dans leyr tête tout ce que
je dirais, après quoi il me fît répéter les propriétés
de chaque médicament, la manière de s’en servir,
la dose qu’il en fallait prendre ; e t, lorsque j’eus fini
( )
il s’écria: « Saï se souvient de ce que le docteur
Blanc vient de dire; » et, prenant lu i-m em e les
médicamens, il ajouta : « Ceci est bon pour ma tête,
ceci peur mon ventre, ceci pour mon estomac
, e tc .»
« Une de ses soeurs lui fit dire qu’elle désirait
voir le docteur Blanc, et elle arriva peu après
avec son trône et une suite nombreuse, parce
qu’elle ëst cabocir d’une grande ville. Nous nous
saluâmes, après quoi elle se plaignit de souffrir
beaucoup dé la main gauche. J’examinai sa main,
et je n’y vis absolument rien. J’y appliquai çeperi-
dant un liniment, ce qui parut la contenter. Lorsque
je partis , elle me demanda si je voudrois venir la
voir dans la soirée, et je le lui promis. Quamina,
notre guide aschante, vint me chercher pour me
conduire chez elle, me dit qu’il fallait m’habiller,
prendre mon chapeau et mettre mon épée;
cette femme étant caboeir et soeur du r o i , il
voulut porter mou parasol. Quand j’arrivai, je
trouvai la princesse couchée sur une natte, dans.un
de ses appartemens intérieurs; elle me fit donner
un siège, et je nais encore un liniment sur sa main.
Elle m’engagea àyester et à boire du vin de palmier
âvec elle; mais je la remerciai, en lui disant que les
Anglais n’en buvaient jamais dans la soirée, et je me
retirai. »