et desert. Il était impossible de rien se procurer
au marché. Le ro i, accompagné seulement de ses
confidens et des membres de sa famille, alla immoler
quelques moutons, etc. Lorsque' je me présentai
à l ’heure ordinaire, il parut flatté de ma confiance
, et s aperçut que je remarquais qu’il y avait
bien peu de capitaines auprès de lui. Il avait l ’air
fatigué et agité, et ne tarda pas à se retirer dans
ses appartemens.
Dès que I obscurité revint, les sacrifices recommencèrent;
et, pendant la nuit, les Ossemens de la
mère et des soeurs du roi furent transportés dans
le tombeau sacré de Bantama, pour y être déposés
auprès des autres membres de la famille royale. La
procession était brillante, mais peu nombreuse. Les
chefs et leur suite étaient vêtus du costume de
g u e r re , armés d’un mousquet et précédés par des
torches. Les trépieds sacrés et tous les ornemens
employés dans les grandes occasions étaient portés
en grande pompe; les victimes, les mains liées derrière
le dos, et enchaînées, précédaient les ossemens,
tandis q u e , par intervalles, des chants de
mort et de victoire indiquaient le désir de commencer
la guerre.
La procession revint le lundi vers trois heures
après midi ; le roi monta sur son trône dans la place
du marché, il était entouré de sa musique qui jouait
continuellement l’air de mort ! mort! mort î II avait
à la main un gobelet d’argent rempli de vin dé
palmier; et, lorsqu’on tranchait une tête, il imitait un
pas de danse. Un peu avant la nuit, il termina pour
ce jour-là le cours de ses atrocités, en se retirant
dans son palais. Bientôt après, les chefs sortirent de
leurs retraites, parcoururent les rues en triomphe,
se rejouissant d’avoir échappé à la m o r t, quoique
le lendemain ils pussent être exposés aux mêmes
dangers. J’avais eu le matin un violent accès de
fièvre, pour être resté si long-temps la veille exposé
à un soleil ardent, pendant que j’étais avec le roi.
Je n’osai envoyer aucun de mes domestiques acheter
la moindre chose, de peur qu’ils ne fussent massacrés;
d’ailleurs , le marché était entièrement désert.
Il n’y avait pas une goutte d’eau dans la maison. Les
sacrifices durèrent jusqu’à la fête suivante de l’Àdaï,
c’est-à-dire dix-sept jours (i),.
(1) Peu de temps après l ’époque où finit ce journal, M. W illiam
Hutcliispn fut remplacé à Coumassie par M. Dupuis,
ex-vice-consul à Mogador.