CHAPITRE IV .
Superstitions.
L a tradition du livre et de la calebasse cilee par
quelques auteurs, comme étant répandue chez les
N è g re s , est familière à tous les habitans des pays
voisins de là Côte-d’O r , et semble être la source de
leurs opinions religieuses. Convaincus que l’avarice
aveugle de leurs pères fit tourner toute la faveur
de l’Être-Suprême du côté des blancs, ils se croient
confiés aux soins médiateurs de divinités secondaires
, aussi inférieures au Dieu-Suprême , qu’ils le
sont eux-mêmes aux Européens.
Comme la manière dont les Aschantes racontent
cette tradition diffère un peu de celle des Fantes,
qe la répéterai, d’après le témoignage d’Odoumata
et d’autres chefs.
Au commencement du monde, Dieu créa trois
hommes blancs et trois hommes noirs , et autant de
femmes. Pour qu’ils ne pussent se plaindre dans la
su ite, il résolut de leur donner le choix du bien
et du m a l, et mit sur la terre une grande boîte ou
calebasse, et un morceau de papier cacheté d’un
côté. Dieu dit aux noirs de choisir les premiers. Ils
prirent la b o îte , croyant qu’elle contenait toutes
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choses; mais, en l’ouvrant, ils n'y virent qu’ un morceau
d’o r , un morceau de fer , et plusieurs autres
métaux dont ils ne connaissaient pas l’usage. Les
blancs ouvrirent le papier qui leur apprit toutes
choses au monde. Dieu laissa les noirs dans les b o is ,
mais conduisit les blancs sur les bords de la mer
( car ceci se passait en A fr iq u e ), se communiqua a
eux toutes les nuits , et leur .apprit à construire un
petit vaisseau qui les transporta dans un autre p a y s ,
d’où ils revinrent après un long espace de temps ,
avec différentes marchandises, pour trafiquer avec
les noirs qui auraient pu être le peuple supérieur.
L ’idée qu’ils sont abandonnés du Dieu de 1 univers
ne leur cause pas un seul instant d abattement ;
ils pensent q u e , par l à , leur bonheur se trouve diminué
sur la terre, mais que l’avenir est un état de
torpeur et d’indolence pour la plus grande partie du
genre humain.
Ijs pensent que leurs fétiches ou divinités secondaires
habitent des rivières, des bois et des montagnes
particulières, de même que les divinités
imaginaires des Celtes. Ces fetiches sontveneres, eu
proportion que leurs prophéties , toujours équivoques
, se trouvent par hasard réalisées. Le fétiche
favori d’Aschantie est dans ce moment celui de la
rivière Tando. C o b i, rivière du Dankara, et Odenti
sur l*Adirri, ont aussi deux fétiches très-renommés.
Les Aschantes croient que les rois, les cabocirs et
les principaux dignitaires du royaume habitent, après
leur mort, avec la divinité supérieure, et vivent
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