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 Superstitions. 
 L a  tradition  du  livre  et  de  la  calebasse  cilee  par 
 quelques  auteurs,  comme  étant  répandue  chez les  
 N è g re s ,  est  familière  à  tous  les  habitans  des  pays  
 voisins de là Côte-d’O r ,  et  semble  être  la  source  de  
 leurs  opinions  religieuses.  Convaincus que  l’avarice  
 aveugle  de  leurs  pères  fit  tourner  toute  la  faveur  
 de l’Être-Suprême du côté  des  blancs, ils  se  croient  
 confiés  aux  soins  médiateurs  de  divinités  secondaires  
 ,  aussi  inférieures au Dieu-Suprême  ,  qu’ils le  
 sont  eux-mêmes aux Européens. 
 Comme  la manière  dont  les  Aschantes  racontent  
 cette  tradition  diffère  un  peu  de  celle  des  Fantes,  
 qe  la  répéterai,  d’après le  témoignage  d’Odoumata 
 et  d’autres  chefs. 
 Au  commencement  du  monde,  Dieu  créa  trois  
 hommes  blancs  et  trois hommes  noirs  ,  et  autant  de  
 femmes.  Pour  qu’ils  ne  pussent  se  plaindre  dans  la  
 su ite,  il  résolut  de  leur  donner  le  choix  du  bien  
 et du m a l,  et mit  sur  la  terre une  grande  boîte  ou  
 calebasse,  et  un  morceau  de  papier  cacheté  d’un  
 côté.  Dieu  dit  aux  noirs  de  choisir les premiers.  Ils  
 prirent  la  b o îte ,  croyant  qu’elle  contenait  toutes 
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 choses; mais,  en  l’ouvrant, ils n'y  virent qu’ un morceau  
 d’o r ,  un  morceau de  fer  ,  et  plusieurs  autres  
 métaux  dont  ils  ne  connaissaient  pas  l’usage.  Les  
 blancs  ouvrirent  le  papier  qui  leur  apprit  toutes  
 choses  au  monde. Dieu  laissa les noirs dans  les b o is ,  
 mais  conduisit  les  blancs  sur  les  bords  de  la  mer  
 ( car ceci  se passait  en  A fr iq u e ),  se  communiqua a  
 eux  toutes  les  nuits  ,  et  leur .apprit  à  construire  un  
 petit  vaisseau  qui les  transporta dans un  autre p a y s ,  
 d’où  ils revinrent  après  un  long  espace  de  temps  ,  
 avec  différentes  marchandises,  pour  trafiquer  avec  
 les noirs qui auraient  pu  être  le peuple  supérieur. 
 L ’idée  qu’ils  sont  abandonnés  du  Dieu  de  1 univers  
 ne  leur cause  pas  un  seul  instant d abattement ;  
 ils pensent q u e ,  par l à ,  leur bonheur se trouve diminué  
 sur  la  terre,  mais  que  l’avenir  est  un  état  de  
 torpeur et d’indolence pour la plus grande partie du 
 genre humain. 
 Ijs  pensent que  leurs  fétiches  ou  divinités  secondaires  
 habitent  des  rivières,  des  bois  et des  montagnes  
 particulières,  de  même  que  les  divinités  
 imaginaires des  Celtes.  Ces  fetiches sontveneres,  eu  
 proportion  que  leurs  prophéties ,  toujours  équivoques  
 ,  se  trouvent  par  hasard  réalisées.  Le  fétiche  
 favori  d’Aschantie  est  dans  ce moment  celui  de  la  
 rivière Tando. C o b i,  rivière du Dankara,  et Odenti  
 sur l*Adirri, ont aussi  deux  fétiches  très-renommés. 
 Les Aschantes  croient que  les rois, les  cabocirs et  
 les principaux dignitaires du royaume habitent, après  
 leur  mort,  avec  la  divinité  supérieure,  et  vivent 
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