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 les  personnages  de  distinction  qui  viennent  voir  le  
 monarque.  Y o k o k ro k o ,  le  chambellan,  reçoit  
 ehaque  jour  un  périguin  d’or  pour, le  vin  de  palmier  
 qu’il  fournit.  Cette  somme  m’eût  paru  trop  
 forte, si  je n’eusse  pas vu  par moi-même  quelle  consommation  
 prodigieuse  on  en  fait.  L ’on  calcule  la  
 forcé  d’un  Aschante,  sur  la  quantité  de  vin  qu’il  
 peut  b o ire ,  et  généralement il eiixrépand près  de  la  
 moitié sur sa barbe ; car il tire vanité de la passer entre  
 ses doigts,  lorsqu’elle en est imbibée. Le roi était très-  
 fier de la longueur extraordinaire  de  la  sienne.  Les  
 gens de la suite de tous les capitaines qui vont au palais  
 dans  le  cours  de  la  journée,  reçoivent  en  présent  
 une  quantité  considérable  de  vin  de  palmier.  La  
 cérémonie  presque  journalière d’en  boire  en grande  
 pompe^  sur  la  place  du  marché  en  consomme  
 aussi beaucoup  ,  et nos gens  en  avaient tous les soirs  
 en  abondance.  Le  vin  de palmier  du palais  .était  ra-  
 rementbon ; mais lesvasesdans lesquels on  le  servait  
 étaient si nets et si  reluisans  ,  qu’ils  excitaient l’envie  
 d’y   goûter.  A p o k o u ,  Odoumata  et  d’autres  chefs,  
 nous  en  envoyaient  tous  les  jours d’excellent. 
 I l  est  à  remarque*  que  les  poids  dont  le  roi  fait  
 usage  sont  d’un  tiers  plus pesant  que  les poids cou-  
 rans  du  pays.  Comme  le  roi  croirait  déroger  à  sa  
 dignité  s’il  payait  ouvertement  ses  sujets  pour  les  
 services  qu’ils  lui rendent,  c’est la différence  de  ces  
 mesures  qui  enrichit  le  chambellan  ,  le  cuisinier,  
 I et  les  autres  officiers  de  bouche  du  palais ;  car  l’or 
 nécessaire  pour  l’achat  des  provisions  leur  est délivré  
 d après les  poids du  r o i,  tandis  qu’ils payent les  
 marchands  d’après  les  poids  ordinaires.  C ’est  de  la  
 meme  manière  que  les interprètes reçoivént  la  plus  
 grande  partie  de leurs  revenus;  tous  les  présens  
 d or què  le  roi  fait  dans  l’année  ,  passant  par  leurs,  
 mains,  et  éprouvant  la  même  réduction,  par  suite  
 de  la  différence des poids.  La  loi  accorde au  créanc 
 ie r,  si  son  débiteur  tarde  à le  p a y e r ,  d’être  rembourse  
 d après  les  poids  du  ro i,  indépendamment  
 des. intérêts  dont  j  ai  parle  dans,  le  chapitre  sur  les  
 lois.  Il  faut  seulement  que  le  créancier  soit  assez  
 connu  d Apokou,  le  trésorier,  pour  que  celui-ci  
 consente  à  les  lui  confier,  ou  plutôt  qu’il  soit assez  
 riche  pour pouvoir lui promettre la moitié du profit. 
 Lorsqu un sujet a  été exécuté  pour un  crime ,  des  
 esclaves  du  roi,  nommés à  cet  effet,  transportent la  
 tête  et le  cadavre hors de  la ville ,  et  les  jettent dans  
 quelque  endroit  où  les  bêtes  féroces  puissent  les  
 dévorer;  mais  si le  défunt  est d’un  rang  distingué,  
 plusieurs  de  ses  amis  se  cachent  près du  lieu  où  ils  
 savent  qu£  le  corps  doit  être  transporté  ,  et  l ’achètent  
 de  ces domestiques, avec  le droit de l’enterrer ,  
 pour la  somme  de huit ackies.  Près  du  palais, paissent  
 de  nombreux  troupeaux de beaux moutons  qui  
 sont  couverts dç  clochettes  et d’autres ornemens.  Si  
 un Aschante, qui  a procès prêt  à êfre  jugé ,  veut intéresser  
 le  roi  en  sa  faveur,  il  va  trouver  le  capitaine  
 chargé  de là   garde de ces  moutons;  il  lui  e a   
 achète  un  moyennant  vingt  ackies,  et  l’envoie  ea