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Il y avait alors au Gabon le capitaine d’un bâti-
ment de Liverpool qui avait commercé pendant
plusieurs années de suite sur le Zaïre ; je profitai
de cette occasion pour converser avec lui. Il me baria
de Borna comme de la principale place de commerce,
Manhessen, et au couchant la rivière de Zaïre, qui, par divers
bras, arrose toute la partie occidentale de l ’Afrique située
au-delà de la ligne, les royaumes de Congo, d’Angola ,
de Monomotapa, deMataman, de Bagamadiri et cPAgasymba
jusqu’au cap de Bonne-Espérance, pendant que le Nil, le
Cnarna', le Coavo, le Zeila et le Manice, traversent!’Abyssinie
et tous les pays qui sont entre la mer'Rouge et le Cua-
ma. L ’emhouehure du Zaïre est à 5° io 1 de latitude méridionale;
elle a trois milles de large, et se décharge dans l’Océan
avec tant d’impétuosité, que l ’impression qu’elle donne à la
marée, dont elle rend le cours ouest-nord-ouest et nord-ouest
au nord, se ressent en pleine mer à douze milles de la côte.
Quand on a perdu la terre de vue, on découvre une eau
noire, de la verdure, des cannes et des roseaux qui ressemblent
à de petites îles , et que la violence de la marée entraîne
après soi du haut des écueils; de sorte qu’à moins d’un vent
arrière, il est fort difficile de résister au courant et d’aller
jeter l’ancre dans la rade de Cabo Padron. On ne saurait re-'
monter ce fleuve plus de vingt ou vingt-cinq lieues au-dessus
de son embouchure, à cause des cascades qui sont au milieu
de son l i t , et qui s’élancent du haut des rochers avec tant de
bruit, qu’on J’pntend à deux ou trois lieuès de là. Plusieurs
ruisseaux se déchargent ou sortent de ce fleuve et arrosent le
pays , ce qui est fort commode pour les marchands et les ha-
bitans, qui peuvent aller sans peine d’un village à l’autre sur
des canots. Les peuplés qui demeurent le long de ces ruisseaux
sont des gens de petite taille. » (p, 343.)
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et n’étanl qu’à quarante milles de l’embouchure dtl
fleuve. Binda est moins considérable ; il place ce
lieu à cinquante milles plus loin , au nord. Mais le
fleuve se partage alors en tant de bras et d’embran-
chemens, qu’il est très-difficile de distinguer celui
qui est le Zaïre. On lui avait toujours dit que sa
source n’était pas fort éloignée (î). Il me peignit les
(t) Tout ce que le capitaine Tuckey put apprendre du sou--
verain de ce pays, fut qu’il se nommait Blindi N’Congo, et
qu’il résidait dans un Banza , nommé Congo, qui était à sis.
journées dans les terres en partant des Grands-Arbres, et où,
d’après les habitans, il y avait un établissement portugais,
des soldats et des femmes blanches. C ’est sûrement le San Salvador
des Por tugáis. Voici la description qu’en donne Dapper :
« La province de Pômbo est la plus considérable de tout le
royaume , dont elle contient la ville capitale et forme comme
le centre. Cette ville porte le nom de Banza chez les Ethiopiens.
Les Por tugáis la nomment présentement San Salvador,
et Marmol l’appelait Ambas Congo. Elle est presque au milieu
de la province, située sur une roche fort haute, à
soixante-séize lieues de France ou cent cinquante milles de la
mer, au sud-est de la rivière, de Zaïre, et ombragée de palmiers,
de tamarins, de bacoves, de colas, de limonnîers et
d’orangers. Le coteau sur lequel elle est bâtie est si haut, que,,
de dessus son sommet, ort porte la vue aussi loin qu’elle se
peut étendre, sans qu’aucune montagne l’arrête. Il n’y a point
de murailles autour de cette v ille , si ce n’est d’un côté, de devers
le midi, que le premier roi chrétien donna aux Portugais
pour les mettre a couvert des insultes. I l fit aussi fermer de
murailles son palais et toutes les maisons royales qui sont aux
environs, laissant une place vide où l ’on bâtit ensuite un palais
et un cinïetière. La cime do la montagne est occupée par
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