et se rendit dans la maison où elle demeurait poüif
en sacrifier un plus grand nombre, et célébrer ses
funérailles. Mais n’ayant pas trouvé d ’or chez e lle ,
et ayant appris qu’elle avait jeté dans la rivière tout
ce qu’elle en possédait, pour qu’il n’en profitât
point, et qu’il ne trouverait dans sa succession que
quelques esclaves affamés, il ne sacrifia qu’une victime
, et lui fit des obsèques fort mesquines.
L e 39, nous assistâmes au lever du roi , qui nous
donna un flacon de rhum et un mouton gras. Il nous
dit qu’il voudrait pouvoir nous permettre de nous
promener où bon nous semblerait, mais qu’il y avait
beaucoup de méchantes gens qui nous tueraient volontiers
s’ils le pouvaient. Odoumata nous fit inviter
à l’aller voir. C ’est un des quatre grandsjaersonnages
de l’état. Il nous engagea à boire du vin de palmier
avec lu i, et en envoya une grande jarre à notre suite.
Il nous dit qu’il était le premier capitaine qui eut
combattu les Anglais à Annamabou, et que si l’on
n’envoyait pas les livres, il serait encore le premier
à le faire. Il nous demanda si nous voudrions le conduire
en Angleterre pour lui faire voir notre ro i, et
nous engager à le ramener ; « ca r, nous dit-il, ayant
vendu un nombre immense d’esclaves, il serait possible
que quelqu’un d’eux me reconnût, et engageât
le roi à me retenir, par esprit de vengeance. »
L e 2 juillet, on trancha la tête à une jeune fille
pour avoir manqué de respect à un des fils du r o i ,
et à un homme pour être contrevenu aux lois en
ramassant de l’or qu’il avait* laissé tomber sur là
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place du marché, où tout ce qui tombe doit s’accumuler
jusqu’à ce qu’on la nettoie pour les besoins de
l’état.
Le 5 ', dans la matinée, un fils du roi se tua. Il
avait environ dix ans. Ses obsèques furent célébrées
dans l’après-midi, et l’on entretint un feu de mous-
queterie bien nourri, jusqu’au coucher du soleil. On
sacrifia deux hommes et une fille, leurs têtes et
leurs corps restèrent sur la place du marché jusqu’à
la nuit. La mère de cet enfant, femme favorite du
roi, ayant ajouté le crime à une perversité perpétuelle
de conduite, avait été mise à m o r t, et depuis
ce temps J’enfant avait été banni de la présence du
roi. Le matin il s’était introduit furtivement dans
le palais; le roi avait ordonné qu’on L’en fît sortir,
en ajoutant qu’il n’était probablement pas mieux
disposé à son égard que ne l’avait été sa mère. L ’enfant
répondit que s’il ne pouvoit venir voir son père,
il aimait autant mourir, et une demi-heure après il
se tua en mettant dans sa bouche le bout d’un fusil
qu’il fit partir avec le pied.
Le meme jour, le gardien de la sépulture royale
fut mis en prison. Sa femme fut ensuite accusée
d ’avoir invoqué ses fétiches pour qu’ils changeassent
l ’esprit du roi. Elle répondit qu’elle leur avait demandé
de changer ses dispositions à l’égard de son
mari; mais on soutint qu’elle leur avait demandé de
rendre le roi fou; elle fut en conséquence condamnée
à mort et exécutée.