
 
        
         
		mettaient en marche. Ils descendirent à environ  cent  
 pieds  de  nous. Us étaient  précédés'de  leurs  principaux  
 capitaines portant des  sabres à  poignée d’o r ,  et  
 d’un  corps de  soldats ayant  l’arme au bras. Venaient  
 ensuite  les  musiciens,  puis  les  porteurs  de  cannes  
 à  pomme d’or,  de pipes et de queues  d’éléphans.  L e  
 cabocir les  suivait  sous  son  parasol,  avec  quelques  
 gardes  du  corps,  et  appuyé  sur  un  esclave  favori ;  
 tandis  que  des capitaines  , placés  près  de  lu i,  chantaient  
 ses  exploits  guerriers  avec des hurlemens  que  
 ceux qui  les  suivaient  et  qui  les  précédaient  répétaient  
 d’une voix  de stentor. Un nombreux  détachement  
 de soldats fermait le cortège de chaque  cabocir. 
 Les  vieux  capitaines  dè  rang  secondaire  étaient  
 portés  sûr  les  épaules d’un  esclave  vigoureux. Mais  
 un  spectacle  plus  intéressant  était  celui  des jeunes  
 cabocirs,  dont quelques-uns  n’avaient que  cinq, ou  
 six  ans,  et  qui  étaient  surchargés  de  lourds  orne-  
 mens. Ils étaient portés de même  sur les épaules  d’un  
 esclave sous un dais magnifique, avec toute la poinpe  
 e t l’éclat qui avaient âppartènu à leurs prédécesseurs.  
 On nous montra parmi eux le  petit fils  de Chebou,  â  
 qui  le  roi  avait  généreusement  accordé  le  rang  de  
 son  perfide ennemi. 
 Une  troupe  de  prêtres  des  fétiches  passa  rapidement  
 devant  nous.  Leurs  manières  étaient aussi  variées  
 que leurs mises et leurs ornemens.Les  uns  dansaient  
 d’un air bouffon  , quelques-uns avec  un  air de  
 menace. Un  cabocir du  premier rang exécuta devant 
 nous la  danse de guerre  pendant  quelques  minutes;  
 en brandissapt  une, javeline  qui  nous  touchait  presque  
 à chaque saut qu’il faisait. Le plus grand nombre  
 passait devant nous  en  bon  erdre  et  d’un  air  de  dignité, 
   les uns ôtant une  sandale,  les  autres  les  ôtant  
 toutes les d eu x ,  et  se  retirant  après  nous avoir  pris  
 la main. Leur  suite fléchissait  alors  le  genou  devant  
 eux en se  jetant de la poussière  sur la tête. Les Mores  
 eurent  l’air  de  nous  donner  une  sorte  de  bénédiction. 
   Les messagers  du  r o i ,  qui  étaient  placés près  
 de"nous  ,  ne se  gênaient pas pour presser  la  marche  
 du  cortège,  et cependant il était près  de  huit heures  
 quand  le  roi  arriva. 
 La nuit était superbe, et toutes les étoiles brillaient  
 au firmament. Les torches qu’on  portait devant le  roi  
 ajoutaient encore à l ’éclat des ornemens brillans dont  
 il  était  couvert.  Il s’arrêta un  instant, nous  demanda  
 nos  noms  une  seconde  fois,  et  nous  souhaita  une  
 bonne  nuit.  Il  avait  l’air d o u x ,  mais décidé.  Il était  
 accompagné  de  ses  tantes,  de ses soeurs,  et d’autres  
 femmes de sa famille,  toutes  portant au cou de belles  
 chaînes d’or. Un grand nombre  de chefs le suivaient,  
 el?il était  fort  tard quand  nous  fûmes  libres  de nous  
 retirer. Nous évaluâmes à trente mille le nombre des  
 hommes  sous les armes. 
 On nous conduisit dans un bâtiment fort spacieux,  
 mais  tombant  en  ruines,  qui  avait  appartenu  au  fils  
 d’un  des  prédécesseurs  du  roi  actuel.  Etant  tombé  
 dans  la  disgrâce  du  souverain,  il  s’était  récemment