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 liers  du  ch e f à  qui  elle  appartenait. Tantôt  on  était  
 étourdi  par  le  bruit  d’une  multitude  innombrable  
 de  cors  et  de  tambours  ;  tantôt  c ’était  par  les  
 accens de longues  flûtes  qui  n’étaient  pas  sans  harmonie, 
   et  par  un  instrument  du  genre  des  cornemuses, 
   qui  s’y  mariait  agréablement.  Une  centaine  
 de  grands  parasols  ou  dais,  dont  chacun  
 pouvait  mettre  à  l ’abri  au  moins  trente  personnes,  
 étaient  agités  sans  cesse  par  ceux  qui les  portaient.  
 Ils  étaient  de  soie  écarlate,  jaune,  et  d’autres couleurs  
 brillantes,  et  surmontés  de  croissans,  de  pélicans, 
   d’éléphans,  de  sabres  et  d’autres  armes ,  le  
 tout  d’or massif.  Leur  forme  variait,  mais  celle  de  
 dôme  était  la  plus  ordinaire.  Les  bords  en  étaient  
 découpés de différentes manières,  et  garnis  de  franges; 
   de petits miroirs étaient'mêrne attachés  à quelques 
 uns.  On  en  voyait  dont  le  haut,était  couvert  
 en  peaux  de  léopard,  et  qui  étaient  surmontés  de  
 quelque  animal  empaillé.  Par  derrière  .étaient  les  
 hamacs d’apparat,  sèmblables  à  de  longs  berceaux,  
 soutenus  sur  des  bâtons  élevés  au-dessus  de  la  tête  
 de  ceux  qui  les  portaient.  Les  coussins  et  les  draperies  
 étaient  en  taffetas  cramoisi,  et les plus  riches  
 étoffes  pendaient  des  deux  côtés.  Un  nombre  infini  
 de  petits  parasols  remplissaient  les  intervalles,  
 et  quelques  grands  arbres  ne  faisaient  qu’ajouter  à  
 l ’éclat de cette  scène par  le  contraste de leur ombre.  
 Les  messagers  du  roi,  portant  sur  la poitrine  de  
 grandes plaques d’or, nous ayant fait faire place,  nous 
 (  Bt  ) 
 nous avançâmes précédés par  les  cannes  ( i)e t  par  le  
 pavillon  anglais. Nous nous arrêtâmes pour  prendre  
 la main  de  chacun  des  cabocirs,  q u i,  avec  leur  
 suite  nombreuse,  occupaient  différées  espaces  sur  
 ce  que  je  pourrais  appeler  l’avant-scène,  ce  qui  
 nous  donna  le  temps  d’examiner  quelques-uns  des  
 ornemens dont ils  étaient  couverts. 
 Les  cabocirs,  de même  que  leurs  premiers  capitaines  
 et  les  principaux  seigneurs  de  leu r ' suite^  
 étaient  vêtus  d’étoffes  fabriquées  dans  le  pays  le  
 prix devait en  être fort  cher,  attendu  qu’elles  étaient  
 faites  avec  des étoffes étrangères  dont  on  avait  effilé  
 la soie pour en  former  de nouveaux  tissus  de  toutes  
 couleurs et  de  toutes  formes. Leurs  vêtemens,  d’une  
 ampleur et d’un poids considérable,  étaient jetés sur  
 l’épaule,  exactement  comme  la  toge  des  Romains.  
 Leur  front était généralement couvert d’un petit filet  
 de  soie  ;  ils  portaient  des  colliers  d ’or  massif  travaillés  
 avec  soin  ,  auxquels”  étaient  suspendus  des  
 amulettes  achetés  des Mores  à  grand p r ix , et enfermés  
 dans un  entourage d’or,  d’argent où desoie parfaitement  
 brodée.  Quelques-uns avaient  des  colliers  
 entièrement  composés  de  grains  d’aggri  (2)  et  qui  
 leur descendaient  jusqu’au  nombril.  Un  cercle  d’or 
 (1) Des cannes  à pommes d’or sont la marque distinc tive des  
 interprètes. 
 (2)  On verra  ce que  sont ces grains dan» le  chapitre X IV  de  
 «et  ouvrage.  .  1