fusil à la main , et fout feu indistinctement sur tous
ceux qu’ils rencontrent ; peu importe que leur vie- *
tftne se trouve être un homme de distinction , elle
n’échappe pas-pour cela à leur rage ; ce meurtre , ni
d’autres<ÿemblables, commis dans une telle occasion,
ne sont jamais ni prévenus ni punis ; c’est une scène
qu’il est presque impossible de s’imaginer. Il n’est
presque aucun personnage de considération qui ose
sortir de chez lui pendant les deux ou trois premiers
jours ; mais tous se font un point de religion de force
r leurs vassaux et leurs esclaves à parcourir les
rues sorte de dédommagement qu’ils jugent le plus
propre à consoler de leur absence. Les ocras du roi,
dont je parlerai toût-à-Fheure , au nombre de cent et
plus, sont tous immolés sur sa tombe, avec un grand
nombre de femmes. Plusieurs nègres m’ont assuré
que la fête funèbre en l ’honneur de Saï Quamina fut
renouvelée toutes les semaines pendant trois‘mois;
chaque fois , on sacrifiait deux cents esclaves, et
l’on consommait vingt-cinq barils de poudre; mais la
plus célèbre de toutes est celle qui eut lieu après la
niort de la mère du roi., qui avait été régente pendant
l’invasion du royaume de Fantie par les Aschantes.
Le roi seul fournit trois mille esclaves ( dont
.plus de deux mille étaient dés prisonniers fantes ) ,.
et vingt-cinq barils de poudre (1). Douabin , K o -
(r) Suétone nous"apprend qu’Auguste sacrifia trois centa
des principaux citoyens de Pérouse aux mânes de son oncle
koufou, Becqua , Souta et Marmpon, fournirent
chacun dix victimes et vingt barils de poudre ;
la plupart des villes moins considérables envoyèrent
deux barils de poudre et dix victimes.
Les rois seuls sout enterrés dans le cimetière de
Banlama ; l ’or sacré est enfermé avec eux dans La
tombe ; leurs ossemens sont ensuite déposés dans un
édifice en face duquel est le plus grand bassin de
cuivre que j’aye jamais vu , il est destiné aux sacrifices
; il a environ cinq pieds de diamètre, les bords
en sont ornés de quatre lionceaux. Les sacrifices humains
sont nombreux et fréquens dans ce cimetière,
pour arroser les tombés des rois. Si un chef meurt à
l ’armée , son Corps est transporté partout ou vont les
troupes , jusqu’à ce qu’elles reviennent dans la capitale
, afin qu’il y soit enterré avec les honneurs convenables
; il en est de même des chefs ennemis où
révoltés dont on veut exposer les cadavres à Cou-
massie. Ce fut ainsi que l’on garda au camp, pendant
deux mois, le corps de Boilien, père d’O t i ,
le quatrième interprète , qui avait accompagné
l ’armée d’Abiniova en eelte qualité, et qui était mort
à Akrofoum en Aquafim pendant la campagne. Je
demandai plusieurs fois comment on conservait le
cadavre, et toujours on me répondit qu’on le fumait
à petit feu.
Jules-César. Nous lisons^, dans l ’Histoire des Voyages, que
soixante-quatre mille quatre-vingt victimes furent immolées ;
avec un surcroît de barbarie et de cruauté, à l’occasion de la
dédicace d’ un .temple au Mexique.