
 
        
         
		sent  si  je  le  voulais.  Le  cabocir  d’Alphia  est  frère  
 de  celui  de  Prémehinie,  et  soumis  à  Saï  Toutom  
 Alphia  est  à  quatorze  journées  de distance  de  l’As-  
 -, chantie. 
 Je  lui  dis  que  j achèterais^son  chevaîi,  s’il  voulait  
 y mettre un  prix raisonnable, et que je lui donnerais  
 - un  bon pour avoir  de  là  poudre,  du  rhum, e tc .,  au 
 ap  orse. Il me conta que les Aschantes envoyaient  
 du rhum  dans son  pays : mais ce  n’était que de  l’eau  
 dans laquelle  ils faisaient infuser du poivre.  Il n’avait  
 jamais  goûté  de  si  bonne  adroué  (médecine)  que  
 la mienne. 
 J apprends 1 arabe depuis un mois.  Mon  principal  
 maître  est  le  schérif  Abraham  ( i ) ,  qui  vient  de  
 Boussa,  où Mungo Park  se  noya;  il  dit  qu’il  en  fut  
 le  témoin  ooflaire.  Comme  il  a  une  grande  réputation  
 de  sainteté,  le  roi  d’Aschantie  l ’a  invité  à 
 venir pour prier et faire des sacrifices pour le succès  
 de  la  guerre.  Les  autres Mores  qui  sont  iei  le  regardent  
 de mauvais oeil, parce qu’il ne veut pas porter  
 de  fétiches,  ni assister aux  sacrifices humains.  Cou-  
 massîe  offre  à  présent  le  spectacle  singulier  d’un  
 chrétien  et  d’un  mahométan  d’accord  sur  deux  
 points  :  rejeter  les  fétiches,  et  refuser  de  voir immoler  
 des  victimes humaines.  Tous  les  autres  Africains, 
   de  quelque  pays  qu’ils  soient,  accourent  à  
 Jenyi,  dès  que  les  cors  du  roi  annoncent  ce  spec- 
 ( i)   Ge schérif  Abraham est  celui  que  M.  Bowdich  appelle  
 Brahima. 
 tacle barbare,  afin  de  jouir  les  premiers  de  la  vue  
 de l ’agonie  des  victimes.  Le  schérif m’a  confié  aujourd’hui  
 que s’il venait  si  rarement me  voir,  c’était  
 parce  que  le  roi  avait  entendu  dire  qu’il  m enseignait  
 leKoran.  Ce prince  l’avait  prié de  n’en  rien  
 faire,  parce qu’il ne voulait pas-que  je connusse  «la  
 manière de prier Dieu.  » — « M ais,  ajouta Abraham,  
 je  ne  vous  en  apprendrai  pas moins  tout  ce. que  je  
 pourrai,  £tfin  que,  lorsque  vous  retournerez  dans  
 votre  pays,  vous  disiez  du  bien  des Mores.  -J’ai  dit  
 au  roi que  vous saviez  l’arabe  avant  de  m’avoir  vu ,  
 et què nous causions quelquefois ensemble dans cette  
 langue.  »  Abraham  avait  un  exemplaire magnifique  
 du Koran ;  son  dessein  était  de  me  le donner  :  le  
 roi  le  lui  avait  demandé  instamment,  afin  que  s’il  
 survenait  quelque  trouble,  il pût le  loyer  vers  Dieu  
 et implorer son pardon ; mais il me promit de  tâcher  
 de m’en  procurer  un  autre  exemplaire. 
 Samedi,  22. — Ce matin,  un  esclave, appartenant  
 au  propriétaire  de  la  maison  où  je  lo g e ,  jura,  par  
 la  tête du  ro i,  que  ce  prince  tuerait  son maître;  ce*  
 qui  excita  ün grand  tumulte.  Pendant  qu’on mettait  
 l ’esclave  aux  fers,  tous  les  sièges  d’honneur  d e là   
 famille  furent exposés  à  l ’air  et  arrosés du  sang  des  
 volailles et des moutons qu’on  s’empressa d’immolen  
 pour  appaiser  la  colère  dir roi  et  l ’empêcher  de  
 sévir  contre  la  famille.  Voici  la  cause  de  cet  événement  
 :  Il  paraît  que  l’esclave  avait, eu  des  liaisons  
 criminelles  avec une des femmes de  son maître.  Celui 
 ci  l ’apprit,  e t'lui  dit  q u e ,  s’il  recommençait