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 c’est  leur  confiance  sans  bornes  dans  les  fétiches  
 qu’ils  achètent  des Mores  à  des  prix  extravagans. 
 Us  croient  fermement  que  ces  fétiches  les  rendent  
 invincibles  et  invulnérables  à  la  gu e rre ,  qu’ils paralysent  
 la  main  de l’ennemi,  détournent les balles  
 qui  pourraient  les  atteindre,  et  en même  temps d irigent  
 les  coups  qu’ils  portent,  rendent  les  deux  
 sexes  prolifiques,  et préservent de  tous les maux ,  à  
 l ’exception desmaladies qu’ils ne peuventque calmer;  
 et  de  la  mort  naturelle.  Le  roi  d Aschantie  donna  
 au  roi  de  Dagoumba  la  valeur  de  trente  esclaves  
 pour le  fétiche  ou  manteau  de  guerre  d’A p o k ou ,  
 vingt  pour  celui  d’Odoumata  ,  treize  pour  celui '  
 d’Adou  Quamina,  douze  pour  celui  d’Akimpon  ,  
 et  pour  ceux des principaux  capitaines, en proportion. 
  Les  généraux,  étant  toujours  à l ’arrière-garde,  
 sont  presque  sûrs  de  revenir  sains  et  saufs  du  combat  
 ,  circonstance qui est fort à l’avantage des Mores.  
 J’ai  dépeint  le  costume  des  capitaines  le  jour  de  
 notre  entrée  dans  Coumassie.  I l  est si pesant que  le  
 vieux  Odoumala  pouvait  à  peine  marcher  lorsqu’il  >  
 en était revêtu. Jannequin,  qui  visita  le Manding en  
 ¿637,  fait  exactement  la  même  description  de  l’ha-  
 billement  des chefs de  ce pays,  et il  ajoute  :  «Leurs  
 mouvemens  sont tellement gênés  par  tous  ces  vête-  
 mens  défensifs  dont  ils  sont  surchargés,  qu ils  ne  
 peuvent  souvent  monter  à cheval  sans  aide.  « 
 Pour  un  petit  fétiche d’environ  six  lignes ,  cousu  
 dans  un  étui  de  drap  rouge,  dont le  roi fit présent 
 à  notre  interprète  d’A c c r a ,  Baba  demanda  et  o b tint  
 six  ackiés.  L ’interprète faisait  le plus grand cas  
 de  ce  présent  ;  il  avait  déjà  donné,  étant à  A c c ra ,  
 deux  pièces  de  drap  et  une  certaine  quantité  de  
 rhum pour  des  fétiches,  avant de  partir  avec  l’ambassade. 
   Il  était  convaincu  que  sans  cela  les  Aschantes  
 auraient  trouvé  moyen  de  l’empoisonner,  
 c ’était  cependant un  des Nègres  les plus "sensés que  
 j’eusse  jamais  vus.  Pour  montrer  jusqu’où  va  cette  
 superstition,  je puis assurer que  plusieurs  capitaines  
 aschantes  nôus  propdsèrent  sérieusement  de  tirer  
 sur  eux.  En  un  mot,  la  confiance  qu’ils  ont  dans,  
 ces  fétiches  est  presque aussi  incroyable  que  l’abattement  
 et  la terreur panique  que  ressentent  leurs ennemis  
 du  sud et  de  l ’ouest,  en  songeant qu’ils possèdent  
 d’aussi puissans auxiliaires,. Se croyant sûrs  de  
 vaincre,  grâce à leurs  fétiches  , les Aschantes  se précipitent  
 aveuglément  au milieu  des dangers,  et  exécutent  
 les  entreprises  les plus  hardies;  tandis  qu e ,  
 par  la  même  raison,  leurs  adversaires  découragés  
 osent  à  peine  tenter  la  fortune  qu’ils  croient  leur  
 être  contraire.  Les  Aschantes  s’imaginent  que  les  
 prières constantes  des Mores,  qui  leur  ont persuadé  
 q u ’ils ont des entretiens secrets  avec  la D ivinité, leur  
 donnent  une  nouvelle  force ,  et  affaiblissent  graduellement  
 le  courage  de  leurs  antagonistes.  Cette  
 croyance  n’est  pas  moins  entraînante que  celle  qui  
 détermina  les  conquêtes  des Arabes. 
 Les  Aschantes  ni  leurs  voisins  n’ont  aucune  tradition  
 d’un déluge,  C a lco tt,  le  seul  des auteurs qui