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 violen.t  nial  de  tete,  et  une  de  ses  femmes apporta  
 aussitôt  un morceau  de  bois  creux  au  bout duquel  
 étaient deux  tubes  quelle  lui  mit dans  les  deux narines, 
  EUe  lui  pencha  alors  la  tête  en  arrigre,  et lui  
 fil  entrer  daiis  le  nez>  par  ce  moyen,  une décoction  
 d herbes qu’il  rendit, ensuite  par la bouche,  J’ai  
 vu  verser  la même décoction dans l’oreille pour une  
 ¡maladie  semblable. Apokou me dit d’en essayer ;  je  
 le  priai de m’en dispenser,  • 
 Il  appela  une  de  ses  filles  qu’il  voulait  me  faire  
 épouser ;  je  lui  dis  qu’elle  était trop  jeune  : il reprit  
 que  ce  n’était  pas  un obstacle,  et qu’il  la  garderait  
 pour  moi.  Suivant  l’usage  du  pays,  me  d it-il,  si  
 I épouse  d’un  grand personnage étant  enceinte plaît  
 à  un  autre  homme,  celui-ci  se  fait^fiancer  à l’enfant  
 q u e lle   porte  dans  son  sein.  Si  c’est  une  fille ,  elle  
 devient  sa  femme  lorsqu’elle  est  d’âge  à  se marier;  
 si  c’est  ùn  garçon,  il  doit en prendre  soin \ çt  celui-  
 ci  doit  le  servir.  Il faut généralement donner quatre  
 onces d’or  aux  parens pour être  fiancé  de  cette manière. 
   Deux  suffisent  quelquefois,  mais  souvent  il  
 en  faut  huit  ou  dix, 
 Ayant  vu  un  arc  et  des  flèches  dans  un  coin  d e   
 la  chambre,  je m’amusai  à  les  examiner.  Apokou  
 mn  dit  que  ces flèches  n’étaient  destinées  que  pour  
 l ’amusement, mais  que,  lorsqu’ils  allaient  combatt 
 re ,  ils y ajoutaient  des pointes de  fer  qu’ils  enduisaient  
 d’un  poison  mortel  dont  l’effet' était  subit.  
 Ce.  poison  est  extrait du  suc  de plantes  que  l’on fait 
 bouillir  dans  un  grand  pot.  Apokou me montra  les  
 marques  de  deux  blessures  qu’il  avait  reçues  à  la  
 guerre.  Il  se mit  ensuite  à  consulter  son  fétiche.  I l  
 consistait  en une quantité  de  cordons,  chacun  orné  
 différemment  à  une  extrémité,  pour marquerdeurs  
 qualités favorables ou  contraires.  Il  les mêla  ensemb 
 le ,  et,  les  prenant  dans  la  main  droite,  il les  jeta  
 derrière  son  dos,  puis  en  tira  un  avec  la  main  
 gauché ; ce qu’il recommença  environ vingt fois. On  
 apporta alors un panier d’osier sur un petit  tabouret  
 couvert  d’une  étoffe  de  soie.  Il  renfermait  deux  
 espèces  de  gâteaux  de  la  forme  de  pelotes  à  épingles 
 ,  faits avec des oeufs,  de  l ’huile de palmier,  etc.  
 Apokou  retourna le  tabouret,  y   fit  trois  trous  avec  
 un  outil  qui  ressemblait  assez  à  une  alêne xle  cordonnier, 
   et y enfonça trois chevilles avec une pierre,  
 en  marmottant  tout  bas  quelques  mots,  et  agitant  
 chaque  cordon  autour  dé  son  oreille  droite.  Il  prit  
 ensuite  un  oeuf  cassé  par  un  bout ;  il  le  plaça alternativement  
 sur chacun  des  gâteaux qui étaient  dans  
 le panier,  et  finit  par  le  casser  sur  le  tabouret  où  
 étaient  enfoncées  les  trois  chevilles.  C ’était  une  cérémonie  
 qu’il  accomplissait tous  les matins  avant de  
 sortir,  pour  se  préserver  de  tout malheur pendant  
 la  journée. 
 Mardi 5o. —  Apokou ,  dans  la  matinée,  m’invità  
 à me mettre  avec  lui  sous  son  parasol  pour  rejoindre  
 le  roi qui était  allé  terminer  ses ablutions.  Nous  
 traversâmes  une  foule  immense.  Les^  chefs  et  leurs  
 suites  respectives  bordaient  toutes  les  rues.  Nous