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   Les  bestiaux que  nous  avons  vus  en  As-  
 chantie  étaient  aussi  beaux que  ceux  d’Angleterre.  
 Les moutons sont  couverts de  poils en Aschantie,  et  
 de  laine  dans  le  Dâgoumba,  pays  découvert,  où  
 l ’on  fabrique  des  couvertures  grossières.  Les  chevaux  
 du Dagoumba  sçnt  généralement petits.  I l  en  
 e st,  dit-on , qui  ont quinze  palmes  de  hauteur ;  les  
 habitans  ne les vendent  jamais  ,  et  les  Aschantes  ne  
 s’en montraient  pas  très-curieux;  car  je  n’en  ai jamais  
 vu  qu’un,  qui  allât  sans  crainte à  cheval.  Les  
 chevaux  que  je  vis  avaient  la  tête  fort  grosse ,  ils  
 étaientgénéralement bruns. On ne les ferre jamais; de  
 sorte  que leurs  sabots,  quoique  conformes  à  la nature, 
   doivent  nécessairement  paraître  disproportionnés  
 aux  yeux  d’un  Européen.  On  les  nourrit  
 d’berbe mêlée  quelquefois  de  sel;  l’on  fait  souvent  
 fondre  du  sel  ammoniac  dans  l ’eaü  dont  on  les  
 abreuve.  Les selles  sont  de  cuir  rouge  ,  et  fort incommodes. 
   Je  vis des Mores montés sur  des  boeufs,  
 dans  le  naseau  desquels  était  passé  un  anneau  qui  
 servait à  les  conduire. 
 Nous  fûmes, surpris de  l’ordre et de  l’étendue des  
 champs  cultivés.  Je  ne  crois  pas  cependant  qu’ils  
 soient  proportionnés  à  la  population ;  ce  qui  doit  
 presque  toujours  arriver  sous  un  gouvernement militaire; 
   j’en  ai  déjà  parlé  dans  la  relation  de  notre  
 voyage.  Les Aschantes m’emploient  pas  d’autre  instrument  
 que la  houe;  ils  font deux récoltes de  grain  
 par  an ;  ils  plantent  leurs  ignames à Nqël et  les  re~ 
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 cueillent  au  commencement  de  septembre.  Cette  
 sorte  de  culture  est  faite  avec  beaucoup  de  régularité  
 et  de  symétrie;  tout  autour  de  la  plantation  
 règne  une  large  allée,  et,  dans  une  cabane,  demeure  
 un  esclave  avec  sa  famille  pour  protéger  la  
 plantation. 
 Tous  les fruits qui se vendent au  marché  sont  naturels  
 au pays et  croissent en  abondance ;  il en  est de  
 même  de  la  canne  à  sucre;  les  oranges  sont  fort  
 grosses  et d’un-goût exquis. Nous n’avons  pas  vu  de  
 cocotiers  ni  aperçu  de  cocos  au  marché  (1).  Dans  
 les  terrains marécageux croît une espèce de luzerne,  
 dont  il  y  a  quatre variétés ;  différentes espèces d’or- 
 (1)  Mango  Park  traversa  un  pays  bien  différent.  Voici  
 comme il s’exprime :  « Un fait  très-remarquable  est que, bien  
 que  l’on trouve en Afrique  la plupart des  racines  comestibles  
 qui croissent dans  les  Antilles, je n’ai  jamais  rencontré,  dans  
 aucune partie  de mon  voyage,  ni  la canne  à  sucre,  ni  le ca-  
 fier,  ni le  cacaotier ;  et  je  n’ai  pu , *malgré mes  recherches,  
 savoir  s’ils  étaient  connus  des  habitans.  L ’ananas,  et  mille  
 autres fruits  délicieux,  que  le  travail  de l’homme  civilisé  et  
 enclin  à profiler  des bienfaits de la nature a portés à un si haut  
 degré  de  perfection  dans  les  contrées  de  l’Amérique  situées  
 entre  les tropiques,  y   sont  également inconnus.  Je  trouvai  à  
 la  vérité  des  orangers  et  quelques  bananiers  près  de  l ’em-  
 bouchure de  la  Gambie ;  mais je  ne  pus savoir d’une manière  
 positive  si ces arbres étaient  indigènes  ou  s’ ils  avaient  été anciennement  
 plantés  là  par  des  coqimerçans  européens.  Je  
 soupçonne qu ils  y  avaient  été  originairement  apportés  par  
 les Portugais. »  (Premier Voyage,  X.  II,  p.  4  de  la  traduction  
 française.)