qu’aux ruines d’Ëlisa Garlhago situées à l ’endroit où
il cesse d’être navigable pour tout autre bâtiment
qu’une très-petite pirogue, dit qu’il ne peut donner
exactement la distance de ce lieu à la mer ; mais
il suppose qu’elle est d’environ vingt milles de Hollande,
dans la direction du nord-est. Meredith parle
de cinquante milles d’Angleterre ; mais il s’exprime
avec autant de légèreté que d’inexactitude, en disant:
« Les Français bâtirent à un fort sur la rive
droite de ce fleuve, à environ cinquante milles de son
embouchure ; ils y faisaient un commerce avantageux
en or , ce qui excita la jalousie des Hollandais
qui ne lardèrent pas à les en chasser. Mais les Hollandais
ne jouirent pas long-temps de cette acquisition
; car leur chef s’étant brouillé avec les Nègres ,
fut réduit à prendre le parti désespéré de faire sauter
le fort. » Elisa Carthago fut bâti p a rle gouverneur
hollandais Ruighaven qui mourut avant l’an
1700 ainsi que le constate la pierre placée sur sa
sépulture à Elmina. Les Français n’y eurent jamais
qu’une petite factorerie située presque à l ’embouchure
du fleuve. L ’officier hollandais, commandant
à Elisa Carthago, y avait fait, pendant plusieurs années
, un commerce lucratif, lorsque la cupidité des
Nègres le réduisit à l’acte de désespoir rapporté par
Bosman , et dont les habitans se souviennent encore.
Voici comme en parle le docteur Reynhaut. « Le
commandant d’Elisa Carlhago se voyant investi par
les Nègres , avec qui il était en querelle, et reconnaissant
qu’il ne pouvait leur résister plus long-temps,
( 3°9 )
puisque, suivantla tradition, il avait été obligé de tirer
contre eux avec des boulets de minérai d’o r , feignit
de vouloir traiter avec eux. Il les invita donc 3 venir à
cet effet dans une salle du fort sous laquelle il avait
placé plusieurs barils de poudre à canon; tout auprès
était un enfant tenant une mèche allumée; il lui
avait donné ordre de mettre le feu aux poudres dès
qu’il frapperait du pied dans la salle au-dessus. Après
avoir reproché aux Nègres leur insatiable cupidité,
il donna le signal, et ils périrent tous ensemble. »
En remontant l’Ancobra , et avant d’arriver à
Elisa Carthago^ on rencontre plusieurs v illes, dont
la dernière est Adouva d’où partent trois grandes
routes, l ’une pour l ’Aovin , l ’autre pour le Dankara,
et la troisième pour Asankarie, ville considérable du
Ouarsâ, Ce dernier pays est gouverné par quatre
cabocirsîndépendans les uns des autres. Intiffa, le
plus riche d’entre eux , et celui dont le pouvoir est
le plus étendu , demeure à Abbradie qui n’est qu’à
une petite journée d’Elmina. Nerbehin était la résidence
d’un autre cabocir indépendant de la famille
d’Intiffa ; mais il en fut chassé par Esson Cudjô qui
en est aujourd’hui le maître. Il se réfugia à Samcô
situé à environ une journée de la frontière du Ouarâ,
derrière Succoodie, où Musô, jadis son esclave,
s’est élevé au rang de cabocir ; ainsi il protège actuellement
son ancien maître, qui attend la mort
d’Esson Cudjô pour rentrer chez lui. La plus grande
largeur du Ouarsâ est estimée à soixante milles