peut-être la ruine de nos établissemens, la victoire à
remporter sur les intrigues de nos rivaux, et l’acquisition
de la confiance d un puissant monarque dont
1 influence peut seconder les vues du gouvernement
anglais sur 1 intérieur de l ’Afrique. Nous regardons
les circonstances comme favorables, même dans le
moment critique où nous nous trouvons.
« M. James avoue qu’il désespère de réussir d'ans
les objets de notre mission. Nous pensons différemment.
Nous répondrions du succès/mais nous attendons
votre décision avec inquiétude. Nous devons
nous vanter du calme momentané du ro i, parce
qu’il prouve que nous avons fait notre d e vo ir, et
nous osons répéter que M. James n’a pas fait le
sien.
« Messieurs, notre situation est critique. Si votre
réponse détermine le roi à la gu e r re , nous sommes
ses prisonniers. S i, comme nous n’en pouvons douter,
la valeur de nos concitoyens retarde ses progrès,
comme lors de la mémorable défense d’Annamàbou,
nous pouvons être victimes d’une soldatesque irritée
, quoique nous sachions que ce: serait contre le
voeu d’un prince générenx, mais il est malheureusement
soumis à un despotisme militaire qui ,a détrôné
son frère et qui lui a donné la couronne.
« Mais, messieurs, si votre sagesse et vos réflexions
vous font penser que votre honneur et
votre devoir doivent vous empêcher d’accorder les
demandes du roi, l’histoire de notre pays fortifie
notre ame en nous présentant l ’illustre exemple
( 87 )
d’unVansittardet de ses collègues qui, dans la même
situation où nous nous trouvons, lorsque le commerce
britannique était à son aurore dans 1 Inde ,
comme il l’est aujourd’hui en Afrique, adressèrent
au conseil cette dernière prière qui sera la conclusion
de cette lettre :— Ne mettez pas notre vie dans
la balance contre Vhonneur et les intérêts de notre
pays.
« Nous sommes, e t c ., etc. »
Signé T. E d w a r d B ow d ic h .
W . H u t ch iso n .
H enry T e d l ie .
Le dimanche le roi vint nous vo ir , et montra
beaucoup de satisfaction de quelques bagatelles que
nous lui offrîmes en notre nom personnel, et de
i’empressement que nous mîmesà lui expliquer quelques
gravures de botanique et d’histoire naturelle,
dont il paraît fort curieux.
Le lundi uous eûmes une audience publique en
présence de capitaines, dont nous avons reconnu
les mauvaises dispositions. Deux messagers du roi
reçurent ordre d’accompagner au Cap-Corse celui
que nousdépêehions avec nos lettres pour le gouverneur.
Ils reçurent leurs instructions dans un discours
qui dura deux heures, et qui paraissoit avoir aussi
pour but d’inspirer aux capitaines des sentimensde
conciliation.
Dans la soirée, le roi nous envoya chercher et