taines. Nous nous y rendîmes en habit bourgeois/
lui alléguant que nous n avions osé mettre nos uniformes,
parce que nous nous regardions comme ses
prisonniers. Le roi me dit que je ne devais pas parler
ainsi; qu’il était mon ami, et qu’il me rendrait justice;
qu’il ne pensait pas que j’eusse voulu partir sans
prendre congé de lui; qu’il n’avait jamais donné
ordre à son peuple de nous combattre ; qu’il m’enverrait
les têtes des chefs qui nous avaient attaqués,
et qu’il me demandait la grâce des autres comme je
lui avais demandé celle de QuaminaBoulaqua , observant
qu’il n’avait jamais fait une telle demande à
personne; que son seul motif, en m’envoyant un
présent, avait été de m’indemniser du dégât que son
peuple pouvait avôir fait; que ce serait un grand
crève-coeur pour lu i, si le roi d’Angleterre apprenait
que ses officiers avaient été maltraités en Asehantie;
et que si j’avais de l’amitié pour lui, il fallait que
j’arrangeasse cette affaire à l’amiable.
On pense bien que je refusai les têtes qu’il me
proposait de m’envoyer, quoique son conseil et lui
appuyassent fortement sur cette offre. Je suis convaincu
qu’ils n’auraient pas hésité à sacrifier quelques
capitaines inférieurs pour prouver qu’ils n’étaient
pour rien dans cette insulte. Je dois pourtant
déclarer, comme mon opinion invariable, et
elle est le résultat de ce que nous ont dit nos àmis
particuliers, que le roi et ses principaux conseillers
avaient simplement ordonné à Aboidwie de nous
boucher le passage à foree d’hommes, et de nous
intinîer les ordres du prince. Ce fut ce 'Capitaine
qui > poussé par son impétuosité naturelle et par le
ressentiment qu’il avait conservé de la mort de
l’homme qui s’était pendu au C a p -C o r s eh om m e
qui était à son service, avait donné à ses soldats
l ’ordre de nous attaquer. Il ne jouit pas du moindre
crédit ; mais comme il est parent du ro i, ce prince
lui avait donné une place qui le rend chef de dix-
sept cents hommes ; cela n’empêcha pas le roi de
m ’offrir plusieurs fois sa tête.
Le. roi nous engagea alors à boire du vin de palmier
avec lu i , nous prit la main, nous pria de remettre
nos uniformes, et ordonna à une partie de
sa garde de nous reconduire. Je lui parlai encore de
notre départ ; il me répondit que tous les jours de
la semaine actuelle étaient malheureux; qu’il me
priait donc de rester jusqu’au lun d i, et qu’alors ses
présèns seraient prêts; que d’ailleurs le dimanche
suivant était la fête de l’Adaï ; qu’en cette solennité
je présenterais la main d eM . Hutchison à Adoussi;
que celui-ci la prendrait, et promettrait devant
tous les capitaines d avoir tous les soins possibles
de lui. Adoussi et Odoumata s’avancèrent alors , et
m’offrirent la main pour gage de leur bonnefoi. Je
leur repartis qu’en pareille occasion , je ne pouvais
prendre que la main du roi > mais je chargeai Quashie
Apaintrie de recevoir leur promesse. Le roi me
dit alors qu’Adoussi l’avait informé que les messagers
du Gap-Corse avaient voulu me mettre la honte
sur le front; qu’il était fort irrité contre eux; qu’ils