
 
        
         
		tambours annoncèren t le sacrifice des victimes. Tous  
 les  chefs  commencèrent  par  les  examiner  tour  à  
 tour;  je  n’étais  pas  assez  près pour  distinguer dans  
 quel  molif.#Les  bourreaux  semblaient  se  disputer  
 à  qui  porterait  le  premier  coup.  La  victime  
 qui  fut  choisie  pour  être  immolée  les  regardait  
 avec  une indifférence remarquable, malgré les tour-  
 mens  affreux  que  devait  lui faire  souffrir  le  couteau  
 qui  traversait  ses  joues.  Le  bourreau  le  plus  
 proche  saisit  alors l ’épée  terrible,  et  abattit  la main  
 droite  dû malheureux qui  fut ensuite jeté par  terre,  
 et sa  tête  fut sciée plutôt  que  coupée.  Son  supplice  
 fut  cruellement  p rolongé,  quoique  je  ne  puisse  
 affirmer  qu’il  le  fut  volontairement.  Douze  autres  
 victimes  allaient  subir  le  même  sort  à  nos  yeux  ;  
 mais,  saisis  d’horreur,  nous  fendîmes  la  foule  et  
 nous  retirâmes  dans  notre  demeure.  D’autres  sacrifices, 
   surtout  de  femmes,  eurent  lieu  ensuite  dans  
 bois  où le  corps  fut  enterré.  Il  est d’usage  « d’arroser  
 la  tombe»  du  sang  d’un  homme  libre.  On  
 commence  par  déposer  les  têtes de  toutes  les victimes  
 au  fond  du  tombeau,  en  présence  de  tous  
 les  esclaves  de  la  famille.  Ceux-ci  appellent  ensuite  
 quelques-uns  des  spectateurs  pour  les  aider  
 à   placer  le  cercueil.  Au moment  où  il  repose  sur  
 les  crânes des  victimes,  un  esclave donne soudainement, 
   sur le derrière  de la  tête d’un dé ces hommes,  
 un  coup  violent qui  l’étourdit,  puis  lui  enfonce un  
 poignard  dans  le  cou,  et  le  précipite  sur  le  cercueil  
 dans la fosse  qui  est aussitôt refermée. 
 (  4o$  ) 
 Il y eut, à  la  suite de l ’en ferrement/à Assafou,  une  
 espèce de carnaval qui  dura  plusieurs jours  ,  et pendant  
 lesquels  les  décharges  de  mousqueterie,  la  
 musique,  la  danse  et  le  vin  se  succédèrent  sans  interruption. 
   Les  chefs  s’y  rendaient  ordinairement  
 tous lessoirs  ,  ou  bien  envoyaient  leurs  interprètes  
 porter à Quatchie-Quofie un présent de  rhum ou  de  
 vin de  palmier.  J’appris  que  ,  sans  la  guerre  qu’on  
 allait  entreprendre,  et  la  poudre  qu’il  fallait  économiser, 
   il  y   aurait  eu  huit  grandes  fêtes  funèbres  
 au  lieu  d’une, et  que le  roi  aurait  tiré  lui-même à  la  
 dernière,  Le  dernier jour,  toutes les femmes  qui  te naient  
 d’une manière  quelconque  à  la  famille  de  la  
 défunte, et auxquelles on  ne permet  pas  de mangée  
 pendant les trois  jours  qui  suivent  la  mort  ,  quoiqu’elles  
 puissent boire alors autant  de  vin  de palmier  
 qu’il  leur  plaît,  parcoururent  ensemble la  ville  ,  en  
 chantant des hymnes pour remercier ceux qui avaient  
 aidé Quatchie-Quofie  à rendre  les honneurs funèbres  
 à  sa mère. 
 A   la mort  d’un  r o i ,  toutes  les  fêtes  funèbres  qui  
 ont  été  célébrées  pour les  personnes  décédées  sous  
 son règne  doivent être répétées  en même temps  par  
 chaque famille  ,  les sacrifices humains  aussi bien que  
 les autres cérémonies,  pour  ajouter  à  la  pompe des  
 funérailles  du monarque.  On  les  célèbre  d ailleurs  
 par  les excès les plus extravagans et les plus barbares.  
 Les frères ,  les fils etles neveux du  r o i ,  affectant une  
 folie passagère,  se  précipitent hors  du  palais,  leur