
-én dehors des Tropiques. Les noeuds de celles-ci. n’:émettent presque jamais
que des feuilles, tandis que dans celles-là,, de. même que des bulbes axil-
laires, ils poussent des tiges, des chaumes semblables à la tige-mère, qui
se couvrent également de feuilles; et se développent, quand ils sont vigoureux,
en une panicule fleurie.
G est donc en enterrant des tronçons de la Ganne.mûre, qu’on en forme
des plantations nouvelles. On donne à ces tronçons i } à 2 pieds ( o!,l,5o à
0 ,6 5 ) de longueur; 011 les aligne en rangs espacés de 5 pieds ( im,60).
Chaque trou qui doit recevoir un tronçon de Canne, a 2 pieds (om,65 ) de
longueur, 8 à 10 pouces (om, 22 à o”,27) de profondeur, et 4 pouces (o” ,i 1) de
largeur. Le morceau de Canne que I on place au fond n’est recouvert que
dune très-légère couche de te r re,1 sans quoi il pourrirait au lieu de pousser,
f/e reste de celle qu'on a tirée de la tranchée est rejeté à gauche et à droite,
et formé, entre les lignes.de la plantation, des billons. assez élevés.
Les trous,, dans le/sens de leur longueur,- sont espacés de 2 piedsa|o",6 5 )'.
Une/Gaulette de terre, (mésure carrée qui a i 5 pieds ( 4" ,8 7 ) 'de côtéj admet
donc douze trous et demi; il faut 2 i5 Gaulettes pour former un arpent forestier
de i , 344toises carrées (5,107“ ') : Cette dernière mesure recevrait donc
2,688 pieds de Canne, et l’hectare 5,263.
La bouture couchée au fond de la tranchée, avec cette précaution que les
yeux qu on observe à chaque noeud, et qui sont disposés sur deux rangs opposés
; !soient placés : horizontalement l’un par rapport à l’autre, au lieu de
l'être verticalement, ne tarde pas à pousser de longues feuilles, étroites d’abord
et délicates,: qui se flétrissent bientôt, et sont successivement remplacées par
des feuilles plus larges, d'une: couleur plus foncée, d'une consistance plus
ferme. Chaque bouture devient ainsi la souche de huit ou dix jeunes tiges
touffues, assez semblables au feuillage du Maïs, mais dont la végétation
luxuriante a bientôt dépassé les proportions de cette belle céréale:
■ Dans ces commencements du développement des Cannes, de nombreux sarclages
sont nécessaires. Les Colons ont coutume de dire que les mauvaises
herbes mangerit le sucre. La Gratte, sorte de houe légère, sert à nettoyer
les trous qui tendent toujours à se remplir par l’éboulement des billons dans
les grandes pluies. C’est avec elle, aussi, qu’on bine toute la surface de la
plantation.
En peu de mois les jeunes plantes sont devenues assez fortes et assez épaisses
pour étouffer les herbes adventices qui pourraient germer sous leur ombrage. Il
est aise néanmoins de passer, encore, en écartant les feuilles des Cannes, dans
les billons qui les séparent, et on le fait autant que.cela est possible pour ré-,
péter les binages.
Au bout de 18 mois de plantation, la Canne fleurit.
Si ou l’abandonnait à la nature j si on la laissait sur pied, ces chaumes fleuris
ne tarderaient pas à se dessécher et à périr en fatigant la souche qui
les a produits, et celle-ci ne pousserait plus qu’un petit nombre de tiges
débiles; mais c’est au moment de la floraison qu’on la coupé. Cette opération
ne fait que ranimer la vigueur de la souche dont les jets nouveaux seront
désormais coupés d’année en année, avant le développement de leurs fleurs.
Ces racines si vivaces s’épuisent cependant peu à peu, et quand une plantation
de Cannes à 8 ans, quelque fertile que soit le sol, quelques soins qu’elle
ait reçus, il convient de l’arracher pour la renouveler. Il faut creuser alors
de nouveaux trous entre les lignes des anciens, qui sont comblés et exhaussés
en billons.
Quel que soit l’âge d’une plantation de Cannes , sa culture exige chaque
année les mêmes;soins. On sent même aisément que, lorsqu’elle çst vieille et
quelle commence à languir, les sarclages y deviennent plus nécessaires, parce,
que les mauvaises herbes y poussent plus abondamment.
Quant à la récolte, elle se fait toujours de la même façon, et d’une façon
très-simple, comme doivent l’être tous les procédés de culture exécutés par.
des Noirs esclaves. D’un coup de Manchette la Canne est abattue rez-terre;
d’un second coup, on fait tomber sa panicule de fleurs, quand la plantation
est coupée pour la première fois, ou la'touffe de grandes feuilles q u i, dans
les années suivantes, couronnent le sommet de la tige à l ’époque de la»récolte.
Si d’autres feuilles la garnissent encore vers le haut, on les arrache
aisément avec la main ou avec le dos de la Manchette.
Les Cannes ainsi coupées et dénudées ont 4 à 6 pieds ( im,3o à im,95 ) de longueur.
Il y en a de plus courtes et de plus longues.: de même aussi, il y en a
dont le diamètre excède 1 1 à i 5 lignes ( om,027 à ora,o3 4 ); mais il me semble
que cé sont là les proportions moyennes.
On en forme, dans le champ même, des bottes ou des fagots de 4° à .
5o livres, que les Noirs portent sur leur tête, soit jusqu’aux ateliers de Sucreries,
soit jusqu’au chemin le plus voisin, où on les charge sur des voitures attelées
de Mulets.
La presque totalité des moulins; qui servent à écraser les Cannes et à en exprimer
le jus, sont mus par la vapeur. Bourbon n’a presque pas de cours deau
dont l’écoulement constant puisse servir de moteur. Les machines à vapeur