
musique ( composée de natifs) joue des fanfares près de la demeure du colonel
à l’heure de la retraite, qui est celle de son dîner.
Un éléphant, un cabriolet, des palanquins, des tom-jones, quelques mauvais
chevaux, et un assez grand nombre de domestiques bien vêtus, donnent au
colonel un air de royauté très-suffisant, il me semble, en un pays si pauvre.
Le major Mackensie est un vrai roi d’Yvetot.
Mon hôte, le médecin, est un Assistant surgeon dans le service militaire de
la Compagnie. Sa place, avant la half-batta de lord William Bentinck, valait
1,000 roup. ( 2 ,5 o o f.) par mois. Le service médical a été le plus écharpé. Il
est réduit à 600 roup. ( i ,5oof) maintenant; différence énorme, j ’en conviens;
mais, en vérité, je trouve que c’est assez de 18,000 fr. par an pour payer
l ’habileté peut-être contestable d’un homme qui n’a d’autres malades à voir
que lui-même et trois ou quatre Européens; rien à faire en un mot.
Les médecins de ces sortes de corps ont le droit de se livrer à des spéculations
de commerce et d’industrie. Celui de Burdwan fait de l’indigo; celui-ci
fait de la laque. S’il y gagne ou s’il y perd, je l’ignore ; mais sa fabrication
est considérable et n’occupe pas moins de 200 ouvriers.
Les gens de la campagne lui apportent, des jungles, les menues branches
de divers arbrisseaux autour desquelles l'insecte a déposé cette substance.
Parfaitement desséché au soleil, ce menu bois est concassé sous un martinet
léger. Le choc détache, sans les trop écraser, les petites masses de
matière résineuse. On les sépare du bois en les vannant avec quelque adresse.
La différence de pesanteur spécifique opère le départ sur les paniers. Purgée,
autant que possible, de parties ligneuses, la gomme, sous la forme d’un menu
gravier jaunâtre, translucide, très-léger, est malaxée à froid avec une petite
quantité d’eau. On en forme une pâte sèche et courte, où les grains résineux
sont liés seulement par les particules très-tenues, mais insolubles, de matière
colorante que la trituration en détache comme une boue d'un noir violet.
Le départ de ces deux principes, également insolubles, se fait mécaniquement.
La pâte que j ’ai dite, après avoir été longtemps malaxée dans la
même petite quantité d’eau, est lavée à grande eau au-dessus d’une toile
assez serrée pour retenir les parties résineuses, mais qui laisse passer les parties
boueuses de la matière colorante.
Celles-ci tombent dans des cuves au fond desquelles elles se déposent lentement,
tant est grande leur ténuité. Durant cette lente précipitation, elles
éprouvent une altération chimique et exhalent une odeur infecte de matière
animale en putréfaction. Quand elles se sont rassemblées au fond des cuves
en une boue suffisamment épaisse, on décante l’eau qui surnage, et cette
boue est portée au pressoir, et là , séchée presque entièrement en tablettes
carrées, qui ne requièrent plus qu’une parfaite et lente dessiccation à l’ombre
pour être livrées au commerce.
Les parties résineuses, séparées de la matière colorante qui leur était attachée,
sont lavées à grande eau, vannées de nouveau, nettoyées encore,
séchées au soleil. On en emplit alors un sac très-long et très-étroit dont on
forme un boudin, que l’on approche d’un feu modéré, en le faisant tourner
devant. Au travers de la toile, la résine échauffée, suffisamment ramollie,
liquéfiée, dégoutte, exsude au travers de son enveloppe, et à mesure que
celle-ci s’en recouvre d’une légère couche en fusion pâteuse, on l’enlève en
raclant le boudin, et on l’aplatit en grandes feuilles telles qu elles se trouvent
dans le commerce. La terre, les fibres ligneuses, toutes les matières étrangères
q u e , dans le commencement des opérations, on n’avait pu séparer, restent
au dedans du sac.
La matière colorante de la Laque existe, mêlée à la résine, dans la singulière
substance sécrétée par l’insecte qui les produit, selon le rapport de
i 5 à 4° ; ù ur somme, 5 5 , est ce que l’on retire de 100 parties du menu
bois apporté des jungles.
La Résine-Laque coûte actuellement à Calcutta de 20 à 3o roup. le mand
(de 5o à 75 fr. les 4o kilog.), et le Dye-Lac, ou la couleur, de 70 à 80 roup.
(175 à 200 fr.>|sla même quantité. Les prix sont tombés comme celui de
l'Indigo. Le mand de Dye-Lac se vendait 120 et i 3o roup. ( 3oo et 325 fr.),
il y. a quelques années.
Cette spéculation est maintenant très-suivie. Le médecin de la station civile
de Bankhoura fait aussi de la Laque.
Salaire journalier des femmes employées dans les ateliers de M. Harper :
3 pices (environ of,i2). Salaire moyen des hommes : 5 pices (o',2o). '
Les prix de la main d’oeuvre sont sensiblement les mêmes aux Mines de
Burdwan.
A 12 mil. ( 3 s 1.) au Sud de Hazaroubag, des forges qui fabriquent chaque
jour 200 mands (6,000 kilog. ) , sont mises en activité par des natifs. On
me dit qu’ils conduisent leur fabrication en dépit du sens commun, et que
leur fer est de très-mauvaise qualité. J’ai lieu de croire qu’ils travaillent à la catalane
, avec du minerai d’alluvion. Prix de leurs produits : 8 fr. les 60 liv.
Il faut enfin croire aux Tigres. J’en vois un à Hazaroubag, tué dans la
n u it, et que l’on apporte au major Mackensie. Le Gouvernement accorde une
3 8 .