
Son grain est fin, sa structure tabulaire, mais sa stratification vague et indistincte.
Il est, suivant les places, d’une mollesse extrême ou d’une dureté
considérable; sa couleur varie du gris au jaunâtre. C’est un sable grossier,
quartz eux et micacé, cimenté par des infiltrations argileuses et quelques traces
de calcaires, car il fait effervescence avec les acides.
Commerbazar nes tquune cabane. En arrivant au sommet de son territoire,
je trouvai un homme de Ranniganje envoyé au-devant de moi pour me montrer
le chemin. — Je vois enfin des montagnes. Elles s’élèvent dans la direction
de Rogonatpour. Je domine en même temps sur le lit de la Dummoudah,
qui ne paraît qu’une mer de sable blanc. Joli site, mais d’où l’on ne découvre
pas la tête d’un palmier. On pourrait se croire en Europe.
Un nuage de fumée noire m’indiqua mieux que le guide la position de
Ranniganje. En peu d’instants j ’eus traversé le village de Ægeara, et je descendis
de cheval devant la porte de l’agent européen que M. Alexandre, propriétaire
des mines, y entretient. Son attention de m’envoyer un guide me
faisait penser que son surintendant, le Dr Cheeck, de Bankhoura, l’avait
prévenu de mon arrivée; mais on me dit que l’on en avait eu la nouvelle
seulement par un de mes sipahis qu i, la veille, avait pris les devants. Cet
homme navait rien pu dire de moi, sinon que j ’étais un Européen, et une
bonne chambre était préparée pour me recevoir, et le déjeuner en permanence.
Le maître, ou plutôt l’habitant de la maison, M. Burton, un ancien sous-
officier de l’armée indienne, je crois, était malade; un buggy et divers objets
qu il avait fait venir de Calcutta, venaient d’arriver tout rompus : circonstances
fâcheuses pour un étranger qui se présente. Un billet de M. Alexandre dissipa
cependant ces nuages très-fondés, et pendant les 5o heures que j ’ai
passées à Ranniganje, je n’ai eu qu’à me louer de mes hôtes.
Deux jours avant que j ’arrivasse, neuf Européens en étaient partis, le plus
grand nombre qui s’y fût jamais rassemblé : c’était pour une partie de chasse.
Il y avait 18 éléphants pour les 9 chasseurs, la plupart de Bankhoura et de
Calcutta.
La houillère de Ranniganje est située sur la rive gauche de la Dummoudah,
à 7 jours de marche de Burdwan, 65 mil. (19 1.) à l’O .N .O .
Le terrain présente, de haut en bas, la succession des couches suivantes :
_ (G . 1 (,))Grès des couches supérieures, effervescent, tabulaire et friable -
(G. 2) Grès à peine effervescent, extrêmement dur, formant une couche d’un
(1) Les chiffres précédés de l’initiale G renvoient au Catalogue de la Collection géologique formée
et envoyée par Victor Jacquemont au Muséum d’histoire naturelle de Paris.
mètre, subordonnée aux premières, à iom de profondeur; il tend à se diviser
«n boules.— ( G. 3 ) Schiste argileux avec empreintes végétales, sous le précédent.
4*. (G. 4) Houille de la couche exploitée et située à environ 25“ de profondeur;
elle a 3m d’épaisseur , sans aucun mélange de schiste.—(G. 5 ) Banc de schiste à
empreintes, micacé, assez dur, qui forme le mur de la couche précédente; il a
om,i d’épaisseur.— (G. 6) Deuxième couche de houille, sous le banc degrés schisteux
précédent, épaisse de om,2, non exploitée.—(G. 7) Schiste à empreintes, formant
un banc de om, 1 sous la couche de houille précédente.— (G. 8) Troisième et
dernier banc de houille, de om,3 d’épaisseur, sous le schiste précédent ; très-pyri-
teux, non exploité. Au-dessous se trouvent des schistes à empreintes, et des couches
de grès nullement carburées.—(G. 9) Minerai de fer argileux concrétionné,
qui recouvre tout le terrain houiller avant que d’arriver à Ranniganje.—
(G. 10)Gneiss alternant avec des micaschistes, dirigés régulièrement de l’E. à 1 0 .,
inclinés au Nord à 35°, sous la formation houillère de Burdwan à Lalghoeur.
Une nouveauté bien plus grande pour moi que les houillères de Ranniganje,
c’est leur facteur. C’est une chose nouvelle pour moi que des Anglais
du peuple. Quelque air distingué qu’ait, dit-on, l’étrangeté, l’air de mes hôtes
est décidément vulgaire; nous comprenons mal notre langage réciproquement,
et cela ne tient pas seulement à la différence de notre prononciation, mais à
celle de notre vocabulaire._ La preuve qu’il y a ici des Tigres, ou du moins
des Léopards, c’est que M. Burton a , sur la figure, dix-sept petites cicatrices,
provenant des blessures que lui fit un de ces animaux qui s’élança
sur lui avant qu’il pût faire feu dessus.
Le natif qui tient les écritures et surveille les travaux des houillères sous
la direction du facteur anglais, a infiniment meilleure mine que celui-ci. C’est
un grand jeune homme bien fait, d’une belle figure spirituelle, noble, sérieuse,
peu colorée, Brahmane et fils d’un Caehemirien. Il parle et écrit l’anglais beaucoup
mieux que son chef assurément, et il a cent fois meilleure façon. Cependant,
pour entrer dans la maison de ce seigneur, il laisse ses pantoufles
à la porte. Je l’attaquai aujourd’hui sur sa religion, qu’il défend à merveille,
de la seule façon que religion se puisse défendre, au nom de Dieu, non de
la raison. Réduit à la misère dans son enfance, lors de la mort de son père,
il fut entretenu pendant plusieurs mois, à raison de 3 roupies (7f,5o) par
mois, par Ram-Mohun-Roy et instruit dans l’école qu’il avait formée, et je
suppose qu’il n’avait pas d’autre titre à la bienfaisance de Ram-Mohun que
sa situation malheureuse. Je dois croire tout le bien que me dit ce jeune
homme de Ram-Mohun-Roy, dont il ne laisse pas detre fier, comme In