
Ces variétés ne passent point insensiblement les unes aux auttes, mais
abruptement par un plan de séparation tranchée-; chacune semble constituer
un filon dans la masse des autres.
•Cependant, ce sont les Syénites qui paraissent former les plus grandes
masses. Au milieu de cet assemblage syénitique courent, dans toutes sortes
de directions, d’énormes masses polyédriques, d’un vert plus clair ou plus
foncé, ocreuses quelquefois, mouchetées de blanc, d’aspect terreux, qui se
décomposent en boules concentriques régulièrement disposées, et dont l’empilement
accuse une division primitive colonnaire.
L ’état de décomposition de ces roches me laisse indécis sur la nature complète
de leurs principes constituants. L’Amphibole me paraît y dominer, associée
au Feldspath, et dépourvue de Quartz. S’il en est ainsi, elles ne ressemblent
pas moins par leur nature que par leur gisement à quelques-uns
des termes de la formation des Trachytes. Néanmoins, elles sont incontestablement
contemporaines des Syénites décrites plus haut, lesquelles, par
l’admission du Mica bronzé, et la disparition presque entière de l’Amphibole
dont il ne reste plus que quelques aiguilles noires et rares, justifient, sur un
petit nombre de lieux, la dénomination de Granités syénitiques imposée par
le capitaine Franklin à tout le système.
D’autres masses, dont la disposition en filons est moins évidente, mais
qui ne sont nullement altérées, sont composées d’Amphibole verdâtre, la-
melleuse, de Quartz verdâtre; quelques cristaux rares de Feldspath, qui y
sont disséminés, partagent cette teinte. Les parties vertes et lamelleuses sont
remplacées dans une variété, de structure d’ailleurs exactement semblable,
par une matière lamelleuse également, mais brunâtre et plus éclatante que
ne l’est habituellement l’Amphibole. Ce sont peut-être des Diorites. Il résterait
à éprouver si elles ne renferment pas du Diallage.
Ces roches verdâtres (par l’absence du Feldspath rouge) ne varient pas
moins que les Syénites, par la finesse de leurs grains. Peu à peu le Quartz,
qui est mêlé avec l’Amphibole en parties très - visibles dans les variétés à
gros grains, disparait, et la roche semble n’être plus que de l’Amphibole
lamelleuse à très-petites lames.
Enfin, des blocs épars, et d’un volume très-considérable, n’offrent dans
leur cassure qu’une pâte compacte, homogène, noire, & Amphibole? parsemée
de cristaux prismatiques doublement terminés de Pyroxène. C’est évidemment
le Balsamte compacte de Brongniart ( Classif. des Roches).
A 60 ou 70 mètres environ sous le sommet de la montagne, toutes les
variétés de roches qui se voient en place, sont fortement altérées; ce sont,
ou des masses verdâtres qui se décomposent en boules ( Grünsteins ) , ou de
la Syénite très-abondante en Feldspath rouge. Les éléments de celle-ci, terreux
, à l’exception du Quartz, sont presque désagrégés. Cette Syénite forme
des masses immenses sans aucune trace de division ; elle est compacte et caractérisée
dans sa partie inférieure. On la voit, à mesure que l’on s’approche de
la hauteur indiquée ci-dessus, se désagréger et prendre peu à peu quelques
caractères d’une roche fragmentaire. Le Quartz s’y montre plutôt sous la
forme de fragments empâtés que d’amas contemporains. Les parties argileuses
qui proviennent avec évidence, vers la partie moyenne, de la décomposition
du Feldspath, et qu i, là , enveloppent uniformément les grains du Quartz et
les cristaux d’Amphibole et de Feldspath restés intacts, semblent ici former
de petits lits autour de ces fragments■? quartzeux, lesquels n’appartiennent
à aucune des variétés du Quartz qu’on voit disséminé dans la roche saine,
ni dans aucune des roches évidemment cristallisées de la montagne.
Ces masses sont recouvertes, par transition empâtée, d’un conglomérat
porphyroïde en quelques-unes de ses parties, dont la pâte, d’apparence felds-
pathique et rougeâtre, renferme du Feldspath rouge lamelleux, des grains
arrondis de Quartz vitreux éclatant, et des fragments de Quartz vert-brun,
grenu, très-brillant.
Ce conglomérat n’est pas stratifié. Se fondant par transition à sa partie
inférieure avec les roches altérées décrites ci-dessus, modelé sur leur relief,
il passe, par une transition semblable, à la roche qui le recouvre.
C’est un Porphyre rougeâtre qui a déjà paru dans quelques parties du
conglomérat placé au-dessous. Sa pâte, qui n’est pas homogène à la loupe,
me paraît formée de très-menus grains de Feldspath rouge et de Quartz.
Elle contient de petits cristaux, souvent arrondis, de Feldspath rose nacré,
des grains de Quartz vitreux éclatant, et les mêmes grands fragments, anguleux
ou arrondis, de Quartz compacte, blanc, qui ont commencé à se
montrer dans les parties supérieures et terreuses de la Syénite décomposée.
Tel que je viens de le caractériser, ce Porphyre n’a qu’une épaisseur de
quelques décimètres, moulé sur le conglomérat inférieur. A mesure qu’il s’en
éloigne par sa position (son élévation au-dessus de celui-ci ), il en diffère davantage
par ses caractères. Les gros fragments de Quartz blanc disparaissent
de sa pâte qui prend peu à peu l’apparence d’un Grès argileux très-compacte-,
rougeâtre, où s’étendent horizontalement des veines porphyroïdes. Ces veines
porphyroïdes, où reparaissent le Feldspath rouge en cristaux nacrés et les»
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