
petite avant-garde; mais en cas de rencontre fâcheuse, on a l'air de préférer
l’ombre de mon fusil à: celje des, leurs, et l’on a raison : l’un deux n’a pas
même de pierre à son arme; mais pour l’effet moral peu importe, ce sont
leurs habits rouges (^^5" qui le produisent : ils leur inspirent‘à'éux-mêmes
une risible confiance.
Le site d Anggouâli est montueux ; quelques mamelons en terrés vagues et
misérables, entourés de toutes parts de landes et de forêts, une rue de 'chaumières
presque toutes vides et de varangues pour les gens des voyageurs
qui s’arrêtent au Bungalow, voilà le village. Il a d’ailleurs l’air plus européen
qu’aucun autre que j ’aie encore vu. Ses huttes de boue sont mieux
bâties, et la plupart étant une propriété dé la Compagnie sont entretenues et
réparées. Chacune d elles a une sorte de petite’ cour fermée de branchages;
addition que je trouve faite à presque toutes les chaumières indiennes depuis
que je suis entré dans les districts boisés. Ces haies de fagots, garnies de leur
feuillage desséché, une pierre milliaire près du village, et le vent du N . O ., qui
ordinairement est si sec, apportant ce matin une brume froide et humide,
tout cela ressemblait bien à un matin du mois d’octobre en Europe. Le
paysage, dans son caractère indécis, manque tout à fait d’originalité. C’est
en s elevant presque constamment au milieu des bois que d’Anggouâli on
monte à Bozeri-Adda, pauvre hameau isolé. Plusieurs rangées de collines,
dont les plus reculées me semblent mériter le nom de basses montagnes, se
déploient à lEst. Une ligne de télégraphes court sur leurs sommets.
La structure du terrain est découverte dans quelques ravines et sur le bord
de deux torrents. La roche de Quartz 'et d’Amphibole que j’ai vue hier', formant
dans le Gneiss des veines, si bizarrement contournées, est ici la roche
dominante ; et ce sont des -veines également sinueuses et contournées de Feldspath
et de Gneiss qui y joqent le rôle d’accidents. Ondiraitde ces singuliers
amas de roche hétérogène, que ce sont des masses préexistantes à la roche
qui les contient, et qui ont été fondues avec elle, entièrement, là où elles se
mêlent et se pénètrent 1 une 1 autre, et très-imparfaitement, là où elles semblent
aussi distinctes que des galets dans la pâte d’un Poudingue.
J ai relevé la direction de diverses couches de ces roches amphiboliques au
N. 5° E .-S . 5 O; et leur inclinaison sous des angles/variables à l’E. 5°:S.
Ces roches disparaissent sous les sables avant que de descendre sur les
bords de la Dummoudah.
Cette rivière n esj ici qu un très-large torrent où coule à peine en cette
saison un filet, de la plus belle eau. Son lit, parfaitement plat et débarrassé
de roches, n’a pas moins de a5o mètres de largeur. La route en suit les bords,
remontant sur sa rive droite l’espace d’un mil. ( i l^fav^nt que de la traverser.
J’ignore pourquoi elle la traverse très-obliquement; comme c’est un passage
.excessivement pénible aux animaux, il aurait mieux valu prolonger la route
sur le bord jusqu’en face du lieu où l’on gagne la rive opposée.
Le çorurs*de la Dummoudah est sensiblement droit jusqu’à 2 mil. (J 1.*)
au-dçssus, et 1 mil. (1 l|* au-dessous du lieu où on la traverse:, et dirigé
exactement de l’O . à .l’E . Cette large traînée de sable au milieu de vastes
forêts forme un site; sauvage. Sur les-collines -de la rive opposée*, quelques
arbres mourant de vieillesse ne portaient qu’un feuillage rare et jaunâtre; il
n’y à plus que cet automne pour.eux, un seul,-celui de leur existence. Le c ie l,
Sinclair depuis mon départ de Burdwan, était resté couvert aujourd’hui durant
le jour; au travers de quelques pâles éclaircies, 1® soleil n’éclairait que d’une
lumière fausse et blanchâtre quelques parties de cette scène mélancolique,
et complétait l’illusion d’un tableau du nord. Plusieurs groupes de voyageurs
que je ne tardai pas à rencontrer, la dissipèrent bientôt. C’étaient de pauvres
Hindous,-descendant des plus hautes provinces de l’IIindoustan,,et allant en
pèlerinage à Jagrenat. Ils sont vêtus comme des Persans plutôt que comme
des Bengalis, -Leurs haillons montrent des restes de couleur et de dessin. •
Quelques-uns ont un sabre ; mais la plupart portent, au bout d un bambou,
sur l’épaule, leurs’ souliers ou leurs ustensiles de cuisine. Ils sont taciturnes
sur la route, mais de la façon qui est naturelle aux gens de ce pays. Quoique
j ’ignore la forme d’un recueillement religieux modéré chez eux, je ne puis
croire cependant qu’ils songent à autre chose qu a leur gîte du soir. Quant
aux Faquirs, ils ont évidemment une idée fixe, si tant est qu’ils aient une idée.
Je n’en ai «pas vu un qui ne me parût dans un état plus ou moins avancé
d’imbécillité. Ils vivent d’aumônes, mais biem mal; là plupart ne sont que
de hideùx squelettes ambulants.
En abordant à la rive gauche de la Dummoudah, les roches primitives ont
entièrement disparu; ce sont des Gres très-divers, dont les couches affleurent
partout la surface du sol. Sur les bords de la rivière, elles sont dirigées
comme son cours, de l’O . à l’E ., faiblement inclinées O 1 au N. Là, ce . _
sont des Grès feldspathiques et micacés, tabulaires plutôt que schisteux, et
empâtant des galets de Quartz de variétés fort diverses. Ces couches sont
recouvertes d’autres schisteuses à grain plus fin , qui ressemblent beaucoup
à quelques-unes de- celles qui recouvrent la houille à Ranniganje; par-dessus
celles-là, il y en a d’autres d’une couleur rouge intense, où le Mica abonde,