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Hanmanna est un pauvre village.
Le i 3 janvier iS3o. — A Mowgunge, 14 mil. ( 4 1- ) de Hanmanna. = [Kutkurry, 7 mil. ( a l . ) ]
Dans les derniers jours du mois de décembre, la température s’était adoucie
tout à coup; le baromètre, à Bénarès, le i er et le 2 janvier, se tenait au-
dessous de sa hauteur accoutumée en cette saison ; l’azur du ciel était parsemé
de nuages ; tout présageait la pluie. Elle est rare en hiver ; mais il est plus
rare encore que l’hiver se passe saus en amener deux ou trois fois quelque
peu. Cependant, le 4 janvier, le temps se remit au froid, le baromètre remonta,
le ciel s’éclaircit, la sécheresse redevint excessive, sans qu’il fût tombé
une goutte d’eau.
Le jour où je quittai Mirzapour, les mêmes indications d’un changement de
temps prochain se montraient ; la nuit fut douce ; celle du lendemain, nonobstant
l’élévation du site, plus douce encore; mais cette fois le présage fut
confirmé par quelques gouttes d’eau qui tombèrent pendant une minute, le
matin du 12, à Ruttrah, et à peu près autant le soir à Hanmanna. C’est la
première fois, à la lettre, que je vois de la pluie depuis Burdwan, le 26 novembre
1829.
Le temps, quelque peu couvert le matin, s’est éclairci graduellement,
et voilà la sérénité du ciel rétablie.
J’ai marché tout le jour sur les couches horizontales du Grès. La plupart
sont rougeâtres. Ce second plateau est moins stérile que le premier. Une
grande quantité de terres y sont cultivées comme dans les plaines. Quelques
bouquets de bois, environnés dé terres vagues, sont le séjour d’une multitude
prodigieuse de s i n g e s , Langour, tous de l’espèce que j ’ai mentionnée
dans ma marche des mines de Ranniganje à Rogônatpour; déjà j ’en avais
aperçu quelques-uns hier, après avoir cessé d’en voir depuis Rogonatpour,
excepté à Bénarès, où plusieurs familles de la même espèce habitaient paisiblement
un temple hindou.
À grand’peine je m’approchai ce matin de leur compagnie ; leurs hurlements
et leurs gambades effrayaient mon cheval. Mais ces animaux partagent peu
la frayeur qu’ils inspirent aux autres, ils ne s’éloignèrent que lorsque je vins
à quelques pas d’eux. Je ne pus m’assurer néanmoins si tous étaient des femelles;
mais tous, sans exception, portaient un petit suspendu par ses bras
et ses pattes sous leur ventre, et avec lequel ils couraient et grimpaient
aussi lestement que s’ils n’eussent point eu de fardeau.
Dépassé sur la route une petite caravane convoyant, de Mirzapour à Hydérabad,
des étoffes précieuses. Les ballots sont portés à dos de chevaux, et
la plupart des marchands sont montés; tous sont armés d’un sabre et d’un
bouclier; plusieurs pauvres diables à pied les suivent, portant sur l’épaule
un lourd fusil à mèche.» Les tours d’adresse que j ’ai entendu raconter des
cavaliers du colonel Skinner, avec cette arme, me la font respecter. Deux
ou trois figures de brigands, impayables au mélodrame, passent à l’encontre
de moi. A leur physionomie, à leur costume, je les prends pour des Persans;
mes gens me disent qu’ils viennent de Lahor ou de Caboul. Us sont habillés
de v e r t, le petit bonnet d’agneau noir, le sabre au côté , un poignard et un
pistolet à la ceinture. L’un d’eux porte de plus, en bandoulière, un mousqueton
européen. Ils passent au bas côté du chemin, quand mes habits rouges,
mes sipahis, leur disent de se déranger, mais ils me croisent sans me saluer.
K u tk u r ry , village- à moitié chemin de Hanmanna à Mowgunge, est également
populeux ; mais tous deux ont l’air fort misérables. Toutes les maisons
de boue, couvertes en paille, mais petites, minces, délabrées.
Le 17 janvier i 83o. — A Rampour, 16 ^ mil. ( 51 .) de Rewah. = [ Oumri. ]
Le 14 janvier i 83o. — A Mangawa , a i mil. (6 /. ) de Mowgunge. = [ Lowr. ]
Le 15 janvier i 83o A Roïpour, io mil. (3 /. ) de Mangawa.
Le 16janvier i 83o. — A Rewah, io mil. (3 l.) de Roïpour.
C’est à peu de distance à l’ouest de Mowgunge que j ’ai observé les premiers
Calcaires, assis sur le Grès. C’est d’abord une roche grisâtre, tendre, argileuse;
elle brille à la lumière, d’une multitude de très-petits cristaux de Calcaire spa-
thique, transparent. Là où la terre végétale est peu épaisse, elle laisse voir
les plans horizontaux de cette nouvelle roche, comme auparavant ceux du
Grès. La configuration du sol n’a aucunement changé : le Calcaire est schisteux
ou tabulaire, comme le Grès qu’il recouvre; et il n’en recouvre vraisemblablement
la surface que d’une très-faible épaisseur.
Un ruisseau assez considérable, qui coule entre Lowr et Mangawa, en a
entamé les couches, et sur ses bords on en voit des sections de 3 , 4 5 mètres
de hauteur. Nulle part je n’ai observé leur superposition au Grès; mais elle
est nécessaire, puisque les deux roches sont stratifiées l’une et l’autre horizontalement.
Et certainement ce parallélisme n’est pas un hasard, il indique leur dépendance
mutuelle, et des termes différents d’une seule et même série, d’une
même formation; leur structure et toutes les circonstances de leur gisement
sont semblables. De petites couches d’argile séparent les bancs calcaires qui