
des étrangers campés au milieu du pays qu’ils ont conquis. Ils jouissent de
leur conquête avec modération, avec équité, parce que l’une et l’autre leur
seraient commandées par leur propre intérêt, si elles ne leur étaient inspirées
par leur éducation européenne ; mais ils n’ont aucune sympathie
pour le peuple vaincu. Ce sentiment généreux, la sympathie, les Anglais,
comme individus aussi bien que comme nation, semblent rarement l’éprouver
pour des peuples étrangers. Leur esprit national, qui est si puissant,
est, généralement exclusif : peut-il en être autrement? N’est-ce pas l ’essence
de ce sentiment? Leur individualité politique, si nettement marquée par
la circonscription de leur territoire insulaire, la petitesse de ce territoire,
la similitude du climat de ses diverses parties, de là , celle de ses productions,
et par àuite celle du régime alimentaire de ses habitants, l’uniformité
de leurs moeurs, de leur langage, tout cela fait un Anglais si semblable
à un autre, qu’il ne peut manquer d’avoir pour cet autre un penchant
instinctif de bienveillance, de préférence, très-puissant. En France, les mêmes
raisons d'esprit national n’existent pas. Nous sommes plusieurs nations : nous
parlons des langues absolument distinctes. Nos hommes du midi ont les
cheveux noirs, ceux du nord les ont blonds ; des tempéraments différents
prévalent chez les uns et chez les autres. Les premiers boivent du vin,
les seconds de la bière ou de l’eau. N on , le pays que bornent la mer, les
Pyrénées, les Alpes et le R h in , n’est pas fait pour une règle politique uniforme;
ses institutions doivent se prêter aux diversités des penchants et des
moeurs de ses habitants, déterminés en partie par le climat et la nature.
Je me prends souvent à penser à l’Europe, quand je cherche à arrêter
mes regards sur le tableau de la société indienne Est-ce le mal du
pays qui ramène ma pensée vers l’Europe? non. Mais le tableau de la société
indienne est une feuille de papier blanc où mon esprit ne trouve rien à
lire. L’existence d’un peuple sauvage peut être quelquefois pittoresque ;
mais quand on en a saisi et marqué les traits originaux, elle n’offrè plus
qu’un spectacle insipide. Un ordre social, à demi barbare, n’a pas même
l’originalité pittoresque, Tétrangeté d'une tribu de sauvages; c’est pour la
curiosité de notre esprit et l’exercice de notre intelligence un sujet, négatif.
Furridabad est un grand village populeux; jadis ce fut une ville. II y a
autour des tombes nombreuses alignées en quinconce serré, sans arbres
ni mosquées à l’entour. C’est la première fois que je vois un cimetière
musulman aussi régulier.
Le pays, si plat depuis Agrah, s’anime ici de quelques ondulations de
terrain à peiné sensibles. Ce ne sont probablement que des sables amoncelés
çà et là par le vent.
Cependant, à une lieue environ vers l’ouest, s’élève un humble rideau
de collines que j ’ai commencé à apercevoir depuis Pulwul. Il court sensiblement
du S. au N.,-comme la direction de la route, dont il se tient
à une distance assez uniforme. Son élévation atteint à peine une trentaine
de mètres.
Il est formé d'un Grès compacte à grain très-fin, sans ciment apparent,
d’une extrême dureté, variable en couleur, du blanc au gris enfumé et au
vert sale; parsemé frëqiiemment d’amas globuleux d’une substance grenue,
noirâtre, matte, devenant rougeâtre par la décomposition (que je suppose
etre de l’oxyde de fer), et d’autres amas aplatis, d’une substance brillante comme
certaine variété de mica, noirâtre, dont j ’ignore la nature : je soupçonne cependant
que c’est de l’oxyde de Manganèse (G. io 5). Quartz compacte (Grès)
en couches d’un métré d’épaisseur environ, dirigées du N.io°E. au S .io °0 .,
inclinées à l’E. de 20 à 25°. A deux milles li ) à 1 0 . de Furridabad.
— (G. 106 et G. 107). Variétés du même, renfermant des amas de mica,
d’oxyde de fer et de manganèse? Ces derniers, souvent détruits par l’exposition
à l’air, rendent la roche celluleuse : elle varie d’ailleurs légèrement pour la
finesse de son grain et sa couleur.
Des roches semblables à celles-ci se trouvent en bancs intercalés parmi
les grès dont ëst formé le plateau du haut Bundelkund. J’en ai signalé
quelques couches au Ghaut de Kuttrah. Une couche pareille recouvre assez
généralement le conglomérat adamantifère dePannah; et les assises inférieures
de ce grand dépôt arénacé qu’on voit au-dessus des syénites à Adjighur et
à Kallinger, offrent souvent la même apparence.
Cependant, aucune couche évidemment arénacée n’accompagne ici ces
roches ambiguës. Aucune association géologique ne jette de jour sur l’incertitude
de leur nature minéralogique. N'est-ce pas du Quartz compacte ?
J'ignore jusqu’où ces roches se prolongent vers l’Ouest; elles s’étendent
au moins jusqu’aux limites de l’horizon. La surface unie en grand, de
l’humble, plateau qu’elles forment au-dessus des plaines riveraines de la
Jumna, est d’une extrême âpreté. Elle est couverte de jungles misérables
, de Zyzyphus, e tc ., e tc ., et de Butea frondosa, arbre que je n’ayais
rencontré qu’accidentellement depuis que j ’étais descendu des montagnes
du Bundelkund. Le Capparis aphylla, si commun dans les plaines sablonneuses
d’alentour, manque à cette association,
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