
soumis. On lui a laissé son territoire, à l’exception de sa forteresse. Il a 3 laks
de revenu, 750,000 francs; sur quoi il entretient une centaine de chevaux
et 400 sipahis vêtus , équipés à l’européenne, mais d’une pitoyable manière.
Il bat encore monnaie. Le prince régnant actuel est un homme
sans caste, auquel pas un sous-lieutenant anglais ne voudrait faire une visite.
Sa petite armée, cantonnée par pelotons dans les villages pour les maintenir
dans l’obéissance, n’est composée que de gens des plus basses castes. Dernièrement
elle se fit battre par les habitants d’un gros village qui refusaient
de payer l’impôt : elle-même aussi, quelquefois, se révolte pour être payée
de l ’arriéré de sa solde. Il est aujourd’hui de 9 mois. Le Rajah promet 4 roup.
(10 fr. ) par mois à ses soldats, et il est stipulé qu’il ne les payera pas de
ses propres roupies '( qui valent à peine la moitié d’une roupie )$ et comme
il craint une insurrection, il fait chercher dans toute l’Inde si un autre
misérable de son espèce ne battrait pas de semblable monnaie, afin de lui
en acheter pour payer son armée.
On dit qu’il possède un trésor assez considérable; ses sujets, curieux de
s’en assurer, assiégèrent son palais, il y a quelques mois, et 1 envahirent.
Son artillerie cependant, jouant à propos dans cette foule, y fit un effroyable
carnage, et ceux qui y échappèrent s’estimèrent heureux. Ses trois canons
sont toujours braqués contre son peuple, chargés de balles et de cailloux.
Le village, formé autour de sa nouvelle demeure, ne laisse pas que d’être
considérable; et, vu en projection, des remparts d'Adjighur (à 800 pieds, a5o”
au-dessus), presque perpendiculairement, il offre une agréable apparence de
régularité. Il s’appelle Naya-Saya , ou Ville-Neuve.
Si ce n’était la force anglaise qui occupe Adjighur,le Rajah de Rewah, qui
est le plus puissant de ces chefs bundelkundis, viendrait piller celui-ci. La
silencieuse occupation de quelques positions militaires par les troupes de la
Compagnie, maintient dans un état passable de tranquillité tous ces petits
États indépendants, jadis en guerre perpétuelle les uns contre les autres.
Peu à peu ils s’habituent à vivre en paix, et la Compagnie diminue sans inconvénient
la force de ses stations militaires au milieu d’eux. C’est ainsi que
la station de Lohargong est tout à fait abandonnée, et qu’Adjighur, gardé
d’abord par un régiment tout entier, ne l’est plus que par deux compagnies.
Cette petite garnison vit au jour le jour des provisions qu elle tire de la plaine,
et serait obligée de se rendre par famine si on la bloquait étroitement pendant
une semaine ; mais quelle force pourrait la bloquer ? L’un et l’autre des jeunes
gens qui la commandent, livreraient volontiers bataille, avec 20 de ses sipahis,
à toute l’armée du Rajah, et l iraient prendre en bas dans son nouveau palais.
Les sipahis de la Compagnie ont un grand mépris pour ceux de ces petits
princes, jamais ne se mêlent avec.eux, ni même ne leur parlent. Us les
méprisent, parce qu’ils sont de basse caste, parce quils sont mal payés, mal
vêtus , et ne sont pas soldats.
A quoi bon un Rajah de Naya-Saya, un Rajah de Panna, etc.? Pourquoi
ces anomalies sur la carte politique de l’Inde? Quand les Anglais régnent à
Dehli, pourquoi ne règnent-ils pas . sur toutes les parties de lln d e où ils
peuvent s’établir sans opposition? L’occupation d’une foule de petites principautés
indépendantes, la dépossession de leurs Rajahs, se ferait par un
ordre du Gouverneur général, en conseil, et sans brûler une cartouche.
Du sommet d’Adjighur, la vue se perd au nord et à l’ouest dans les plaines
du Bundelkund. A l’ouest, on voit la rivière Kén serpenter vers le nord,
e t, dans cette direction, quelques mamelons dé rochers surgir du sein des
plaines. Les découpures diverses du plateau de Panna paraissent à la même
hauteur que l’observatoire 011 l’on est placé ; leur sommet semble pareillement
escarpé, et formé d’assises horizontales. ,
D e s c r i p t io n g é o l o g i q u e d e l a . m o n t a g n e d ’A d j i g h u r . — Le Capitaine Franklin
se contente de dire, dans son Mémoire sur le Bundelkund, qu Adjighur
et Ikallinger sont des îlots de roches primitives', recouverts dun chapeau
de Grès.
Je n’ai pas vu de Granité à Adjighur; la roche dominante est la Syénite,
et les. variétés sans nombre de celles qui lui sont associées, appartiennent
toutes, par la prédominance de l’Amphibole et la rareté du Mica, au système
syénitique.
La Syénite est le plus souvent à grands cristaux : le Quartz y est peu abondant
et laiteux: Le Feldspath, rouge ou couleur de chair, a souvent un éclat
nacré. L ’Amphibole noire est uniformément répandue en amas laminaires.
Gette variété se trouve ^rarement en place, mais ses débris en blocs immenses
couvrent les pentes de la montagne.
Ailleurs, la Syénite est à petits grains; la Variété rouge du Feldspath s y
montre seule, mais de l’Amphibole verte s’y mêle avec la noire. Le Quartz
y est fort rare, et plutôt fondu en une pâte d’apparence pétro-siliceuse, que
disséminé en grains. Enfin, il paraît entièrement supprimé dans une autre
variété à grains plus fins encore, où de très-minces cristaux de Feldspath rouge
lardent une pâte amphibolique d’un vert sombre.
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