
bles, dont le plus petit cesse detre guéable pendant quelques heures, quand
il est tombé un orage sur les montagnes d’où il descend ; et la plupart sont
habituellement à sec.
Le centre de l’Ile, et tout ce que j ’ai vu de sa circonférence, depuis la rivière
du Mât jusqu’à celle des Galets, n’offrent pas de traces de volcanicité
très-modernes. Quoique la forme colonnaire et tabulaire des Basaltes ne s’y
montre pas fréquemment, c’est néanmoins à l’âge des Basaltes que je rapporte
la formation des Laves pyroxéniques et amphiboliques qui constituent ce que
j’ai aperçu de la charpente de l’Ile. Ces vastes assises basaltiques sont recouvertes,
en. une foule de lieux, de Laves modernes, où le.Fer oligiste et le Pé-
ridot, mêlés souvent avec le Feldspath, qui se trouve aussi très-abondamment
dans les Basaltes, se montrent communément.
L’Auvergne est sans doute de toutes les contrées volcanisées, celle où la
distinction des terrains volcaniques d’âges divers, est la plus facile à faire ;
si l’on se borne du moins à n’y distinguer que deux formations , l’une contemporaine
de l’ordre de choses où nous vivons, de l’époque actuelle; et
l’autre antérieure à cette époque et séparée d’elle, certainement, par une
grande révolution de la surface du globe. A cette dernière classe appartiennent
les Basaltes et les Laves feldspathiques si variées, les Trachytes, les Do-
mites , les Alunites qui les supportent.
Tout atteste, dans le gisement de ces roches, l’antiquité de leur formation,
et les affaissements, les soulèvements, les dégradations de toute espèce qui
ont modifié le relief primitif quelles avaient après leur refroidissement, et
qui leur ont donné leur relief actuel. Il est évidemment très-différent de ce
qu’il dut être d’abord. D’immenses murailles dressées verticalement se montrent
souvent parmi leurs débris : ailleurs, ce sont de larges et profondes
cavités, aujourd’hui des lacs, sur des. plateaux unis, formés de laves les plus
compactes, et qui ne sauraient être conséquemment d’anciens cratères fermés.
Car, dans ce vieux terrain, toutes les pièces fragiles de l’appareil volcanique
ont disparu ; les pouzzolanes légères, les cônes de matières ponceuses amoncelées
autour des centres d’éruption, ont été détruits et emportés. Et n’est-ce
pas à ces dégradations, qui ont effacé, sans^les rendre méconnaissables cependant
à des yeux exercés, quelques-unes des traces de la volcanicité, que
les géologues doivent imputer l’obstination de la célèbre Ecole de Freyberg, à
donner aux Basaltes une origine Neptunienne ?
Les volcans modernes, qui se firent jour plus tard au travers du Granité
qui sert de base à tous les terrains de cette partie de la France et des
manteaux basaltiques dont une si grande partie de sa surface est recouverte,
ne confondirent pas leurs Laves avec ces Laves plus anciennes. Leurs coulées
se précipitèrent dans les vallées creusées dans l’épaisseur des Roches primitives
et des Basaltes, où le refroidissement les surprit et les consolida; ce n’est
qu’autour des Cratères d’où elles furent vomies, qu’elles s’étendirent quelquefois
en larges nappes sur des pentes incertaines ; ce n’est que là
qu’on pourrait les prendre quelquefois pour des manteaux de Laves basaltiques
: mais leurs Cratères sont restés debout, dans un état de conservation
souvent admirable, qui rend impossible à méconnaître leur origine
moderne.
A Ténériffe et à Bourbon, il n’en est pas ainsi. L’époque actuelle et celle
qui la précéda eurent leurs éruptions volcaniques dans l’une et l’autre de
ces Iles; mais les produits de ces deux âges, si faciles à confondre orycto-
gnostiquement dans quelques-unes de leurs variétés, y- sont tellement mêlés
qu’il est souvent très-difficile de les distinguer.
On manque de caractères absolus pour tracer entre eux une ligne précise
de démarcation. Les doutes naissent à chaque pas; car les Laves anciennes,
dans ces deux Iles, n’ont pas été tourmentées comme celles de l’Auvergne,
entre l’époque de leur formation et l’apparition des Laves modernes ; et celles-
ci l’ont été bien davantage.
Aucun changement notable de relief du sol de la contrée n’accompagna
les éruptions des volcans modernes de l’Auvergne. Ils trouvèrent les Laves de
l’époque antérieure, les manteaux basaltiques, rompus, disloqués; leurs Laves
s’écoulèrent entre ces vieux débris. Depuis ce temps-là jusqu’à nos jours,
aucun effort volcanique n’a de nouveau agité le sol de l’Auvergne. L’action
insensible des météores s’est exercée seule sur ces masses volcaniques
dont elle a , çà et là, altéré la nature jusqu’à de faibles profondeurs, mais
sans en modifier nulle part le relief. A défaut de tous caractères oryctognos-
tiques, la conservation parfaite de toutes les pièces du système volcanique
moderne et la dislocation de toutes les Laves du système basaltique, suffiraient
à les distinguer sûrement l’un de l’autre.
Mais àlénériffe, mais à Bourbon, comme dans tous les pays anciennement
volcanisés où les forces volcaniques n’ont pas cessé de déployer leur puissance
par les secousses terribles, les tremblements de terre, qui accompagnent fréquemment
les éruptions et qui bouleversent souvent, dans les intervalles de
leur action, les contrées qui en sont le théâtre accoutumé, les Laves modernes
sont disloquées comme les Basaltes ; et les caractères tirés de leur position
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