
dien et Brahmane, tout en le regardant comme un out-cast ( banni de sa caste).
Gobend-Persad-Pandit sait fort bien dire que, pour être unitaire, Ram-Mohun-
Roy n’est pas chrétien. Il a été quelques mois aussi à l'école du D' Carey, à
Sérampour. « l'cidn. Cari, me dit-il, parle aussi bien et mieux que moi le bengali
, mais son accent le fait reconnaître pour un étranger, de tous les natifs. *
Je venais de quitter Ranniganje, quand mon jeune Brahmane courut après
moi avec une feuille de papier; il désirait un certificat, un character. Vainement
lui dis-je que les gens de sa sorte, quelle que soit leur couleur, n’en
avaient pas besoin, il me fallut descendre de cheval et écrire sur son compte
une demi-page de compliments. Aucun Européen, je suppose, ne s’était aperçu
de la politesse, du bon ton, de la raison fine et solide de ce jeune homme,
et n’avait condescendu, avant moi, à causer deux heures avec lui; et je ne puis
deviner quelles bizarres idées il se sera faites peut-être sur moi ; comment il
aura pu accorder le contraste d’une escorte, distinction des plus aristocratiques
dans l’Inde, avec les habits de charbonnier que j ’avais ce matin en
sortant des mines.
La Dummoudah a environ 5oo mètres de largeur devant Ranniganje, où
je la passai à g u é , ne trouvant nulle part plus de o”,3 à o“,4 d’eau. Elle
coule ici de 10 . N . O . à 1E .S .E . : le peu d eau qui y coule maintenant
est assez rapide et très-transparente.
La rive droite diffère entièrement de la rive gauche ; elle est plate au-dessus
du bord élevé de la rivière, sablonneuse, couverte de cultures. Le Jatropha
curcas croît partout dans ceux de ces terrains sablonneux laissés incultes;
on le dirait indigène.
Au village de Hâdegan, le jour cessa. Nous entrâmes dans des bois très-
fréquentés assurément, mais que l’heure du soir et le clair de la lune rendaient
solitaires. Après une heure de marche rapide, j ’aperçus avec grand plaisir
ma petite tente blanche tendue sur une pelouse, auprès d’un tamarin qui sert
dabri à tous mes gens. Je reprends gaiement, et avec un sentiment v if de
satisfaction, ma vie solitaire, si favorable à la pensée.
Xe 7 décembre i8»9. _ Camp à i mil. ( J I. ) h l'ouest de Tirouri, 5 cos. (S I .) du camp d’hier. =
[K a s to r a ( } i — Xendouana ( ù l j - C T J ; - Tchouabaria )V-Motboqme«i
— Tentelcrah ( ) ; — Tirouri ( J j j ÿ ) - Pl. XV.]
Il est cinq heures : il y en a douze que je marche ; je n’ai fait que 5 cos.
(31.), et j ’arrive seulement! Cependant, je m’étonne plus d’avoir fini par
arriver que d’arriver si tard,
Une voie très-incertaine, au milieu des jungles, mais unie et sablonneuse,
conduit du hameau de Hâdegan à celui de Kastora, et de là à Kendouana,
cernés de tous côtés par les bois. Quelques petits champs de Riz les en séparent.
De Kendouana à Tchouabaria, 2 mil. ( f 1.) au travers de bois d’un aspect
plus sauvage ; plusieurs ravines à passer ; quelques Epidendrum sur d’antiques
figuiers; ce sont les premiers que je vois dans l’Inde. Le Grès houiller se
montre partout dans les coupes naturelles du sol, et forme, à sa surface, de
nombreuses protubérances. Il est beaucoup plus grossier qu’à Ranniganje et
sur la rive gauche de la Dummoudah. Il a, en grand, une structure schisteuse
qui ne me permet pas de déterminer son gisement. Il est partagé fréquemment
en masses rhomboïdales et je ne puis dire quels sont les plans naturels de
séparation. Il renferme très-peu de grains de feldspath ; je n’y distingue guère
que du quartz, du mica et du schiste argileux en petite quantité.
Une rangée de collines boisées, dont j ’estime la hauteur à 15o ou 200 mètres,
et la distance à 2 mil. ( 1 1 .) , court parallèlement à la direction du chemin,
à peu près de l’E. à l’O. ; elles se lient vers le S .O à d’autres plus basses, et
meurent dans les petites plaines qui entourent de toutes parts une véritable
montagne de 4 à 5oo mètres, que je relevai de Ranniganje à l’O .N .O . , et
qui me sert à m’orienter aujourd’hui : je sais que je dois passer très-près de
sa base par le côté du Nord ; le sentier louvoie dans les jungles vers ce but.
J’ai fait toutes les routes pour y arriver, excepté l’Est exact.
Mothoumoni, à f mil. (5 1.) de Tchouabaria, est un fort village pour ce misérable
pays. Serré parles jungles de quelques côtés, détend assez loin, dans
d’autres directions, ses cultures de Riz et de Sinapis. L ’espace cultivable y
étant circonscrit étroitement par le sol pierreux des jungles et les bases de
la montagne, il est cultivé avec un soin remarquable. La plupart de ses petits
champs sont clos par des haies vives de Laurier-rose (Nerium oleander) (1),
de Médeciniers ( Jatropha curcas ) , et de diverses espèces de Mimoses. Des
Grenadiers et des Palma- Christi (Ricinus commuais) croissent parmi elles.
Ailleurs, XIpomea quamoclit et d’élégantes cucurbitacées décorent le branchage
dont ils sont enfermés. Quelques groupes superbes d’immenses Manguiers
ombragent cette campagne agréable. Ce mélange de cultures, d arbres et
de montagnes, car on en découvre ici un grand nombre dans 1 ouest et le
n o rd , me rappela les avenues des Alpes dans le Dauphiné, là o ù , du mi-
(1) Fleurs simples ; mais-son odeur est celle que j’ai toujours remarquée dans le laurier-rose
à fleurs doubles.