
et marchent sans leurs souliers toutes les personnes présentées, est des plus
ordinaires.
Schâh Mohammed Akber Rhazy Padischâh est un vieillard de 70 à 75 ans;
il est fort brun sans être noir. Sa figure régulière et assez belle a une expression
marquée de douceur, de quiétude et de mélancolie., Il a juste le
degré d’embonpoint qui convient à la vieillesse ; une barbe blanche de médiocre
longueur ajoute à son air de dignité. Il était coiffé d’une petite toque de
velours garnie d’une large fourrure de martre, et vêtu d’une ample robe de
chambre fermée sur sa poitrine par des brandebourgs de galon d’or. Cet habit,
d’une étoffé épaisse de soie brochée d’or et de couleur cramoisie, cachait le
reste de son costume. Son fils aîné, l’héritier présomptif, contre l’étiquette des
cours orientales, était assis à sa gauche, place plus voisine de son coeur, dit le
vieillard. Ce fils est un homme d’une cinquantaine d’années, de l’extérieur le
plus ingrat sans être laid ni contrefait. A la droite de l’empereur était assis le
troisième des princes impériaux, Mirza Sélim, plus jeune de i 5 ans que
son frère aîné, et de la plus belle figure possible. C’est le favori de l’empereur
dont il gouverne la maison de concert avec le premier ministre,
volant, dit-on, avec lu i, mais volant seul avec lui. Pillé auparavant par tous
ceux qui l’approchaient, l’empereur était toujours chargé de dettes. Sélim
l ’a délivré de ce mal. Trois bambins de 6 à 7 ans, petits-fils de l’empereur,
jouaient sans bruit, au pied de son Mesned; le vieillard les regardait avec
tendresse, et leurs pères, Mirza et l’héritier présomptif, avec sévérité pour
les tenir tranquilles. Le costume des princes ressemblait assez à celui de
l’empereur. Celui des courtisans n’avait aucune magnificence. Les uns avaient
un turban de mousseline claire blanche ou de couleur ; d’autres un cachemir
ou un schall de soie roulé autour de la tête. Chacun était enveloppé à sa
manière dans un schall de cachemir, vêtu dessous d’une robe de chambre de
mousseline ou d’une étoffe d’or et de soie d’une roideur disgracieuse qui
les faisait ressembler à des figures de cartes : la plupart avaient les pieds
nus. Les princes ne sont pas exempts de l’obligation de laisser leurs babouches
à la porte de la salle où ils paraissent devant l’empereur. Le capitaine
Grant, le seul Européen qui fut là avec nous, y était simplement
vêtu d’une redingote militaire .de soie écarlate, sans autres insignes de son
rang : il marchait en conscience sur ses bas de soie blancs. Comme M. Metcalfe
et plusieurs natifs du plus haut rang, il portait une canne d’ivoire
peinte, présent que l’empereur fui avait fait en lui conférant un titre., Ce
titre lui donne le droit de paraître à tous les Durbars, privilège dont il
n use guère que dans ceux où paraît le Résident ou la personne chargée de la
surveillance de l’empereur, auquel cas sa présence est un des devoirs de sa place.
La cour de l’empereur se composait d’une trentaine ou d’une quarantaine
de courtisans, la plupart Musulmans. Presque tous ont un office nominal
dans cette cour sans objet, et à ce titre d’officiers, une pension de 1 0 0 ou
2 0 0 roupies ( a 5o ou 5oo fr.) par mois. Ils viennent au palais dans un vieux
palanquin délabré, porté par des porteurs loués pour l’occasion. Ils ne
présentent de Nazzers à l’empereur que le jour où ils sont admis pour la
première fois à la cour, et à chaque anniversaire de son avènement au Mesned.
Quelques-uns d entre eux, auxquels le Gouvernement anglais a laissé des
djaghirs ou qu il a faits zémindars, obtiennent, moyennant finance, quelque
titrse superbe qui les oblige chaque année, à l’anniversaire royal, de présenter
des nazzers plus considérables. Ces offrandes néanmoins ne forment,
au bout de 1 année, qu’une somme assez insignifiante.
Lempereur confère des titres aux Européens. De fondation, le Résident
en reçoit un superbe à son installation. Il est créé ou le pilier de l’État,
ou sa voûte, ou son épée, ou sa force. Tout officier général présenté est
décoré de quelque appellation semblable. Lord Combermère, ayant fait à
l empereur un présent de pierreries et de chevaux d’une trentaine de mille
roupies, 7 5 , 0 0 0 fr. (aux frais du Gouvernement qui le blâma fort de sa
magnificence)|, reçut le titre que l’empereur confère' aux seuls priuces du
sang : il fut fait Omrah de dix mille cavaliers, et reçut, lès insignes de
ce ran gn ce sont d’énormes tambours de bois, faits plutôt pour être portés
par un éléphant que par un cheval, plus, une multitude de hallebardes,
de masses, „de trompettes, un croissant, un soleil, un poisson emblème
de royauté, portés au bout de longues piques. Il n’y a qu’au Gouverneur
général que ce prince détrôné ne prenne pas la liberté d’imposer un
vain titre. On cite Un des assistants du Résident, M. Trevelyan, qui a
refusé formellement d’en recevoir aucun. C’est toujours par leur titre, et
jamais par leur nom, que«sont appelées à la cour les personnes que l’empereur
en a affublées. M. Metcalfe, auquel il n’a pas manqué de faire ce
plaisant honneur quand il fut commis à sa charge, fut annoncé par son
titre, l’appui de l’État, la justice du conseil et le soutien de la guerre.
Lorsquil s’approcha pour la première fois du vieillard, avant de m’annoncer
à h n , il commença par lui demander de ses nouvelles, ainsi : « Sa Majesté
se porte-t-elle bien?» L ’empereur, à sa réponse affirmative, ajouta une question
semblable : « Comment se porte la voûte de l’Etat? etc. » L a voûte de l ’Etat,