
la naissance de .Bonaparte. Il y a bruni beaucoup, mais n’y a guère vieilli
que d’une quarantaine d’années dans les 62 ans qu’il y a passés. Le titre
d'Agent du Gouverneur général lui donne les silver sticks, auxquels le Collecteur
a droit aussi. Néanmoins celui-ci ne vient qu’après le Major général
qui commande la division.
.Ces trois officiers, les plus payés de la station, ont chacun de 100,000 à
1 io.ooo francs de traitement.
Le major général Carpenter, et sa femme surtout, ne sont pastdes exemples
à oublier de la salubrité du climat. Madame Carpenter est dans l’Inde depuis
5a ans, et elle y vint mariée, je crois; cependant elle ne parait pas avoir
plus de cet âge.
Le Maître de poste, indigotier jadis très-riche, M. Robinson, enrichit cette
collection de septuagénaires qui ont vécu dans l’Inde plus de la moitié d’un siècle.
Le Collecteur, destitué par un ordre de la cour des Directeurs le jour même
de mon arrivée, et fort troublé de la perte d’un revenu de i-5o,ooo francs,
avait fermé sa porte. Il est le seul des grandes pécuniarités que je n’aie pas vu.
On l’a destitué pour avoir vendu, il y a quatre ans, à un de ses domestiques;,
la ferme d’un village quatre fois moins qu’elle ne valait. Déjà en ce
temps-là, le Gouvernement suprême l’avait condamné à payer la différence,
satisfait d'ailleurs de réprimander sa négligence; mais les Directeurs, qui ®nt,
je trouve, grande raison de n’en pas vouloir chez un homme auquel ilg donnent
6,000 livres sterling, i 5o,ooo f r ., pour la besogne la plus facile, l’ont cassé
aux gages de la manière la plus dure. Tout le monde se récrie à Bénarès contre
l’énormité de la punition; cependant personne n’ose dire que le destitué
remplissait convenablement son emploi, hors du fait de probité. Du peu que
j ai vu, et de tout ce que j ai entendu en,, ce pays, je conclus que le système
d avancement dans le service civil de la Compagnie est fort mauvais. Les incapacités
paraissent y faire leur chemin sans obstacle ; exemple : l’ex-résident
politique à Lucknow, quia occupé longtemps, malgré sa nullité très-connue,
ce poste important.
J ai entendu un natif reprocher à un Anglais la partialité des juges de la
Compagnie en faveur de ceux de leur nation, et l’on a dû avouer que malheureusement
elle était souvent évidente.
Ce natif est un riche et très-riche Babou de Calcutta, Brahmane, je l’ignore,
mais de bonne Caste., je le sais, et d’une ancienne fortune territoriale. Il sap*
pelle kaliclmn-ha-urr Babou. Due donation de 40,000 roupies (100,000 fr.)
aux établissements d’instruction publique lui fit accorder le titre de Rajah,
dont il est venu jouir à Bénarès. J’avais pour lui une lettre d'introduction du
capitaine V c tch . sur l’adresse de laquelle il était traitêid’Altesse, et je ne savais
quelles formes de respect inventer pour la lui remettre. Le premier Européen
qùe je m’avisai de consulter la-ílessus mentira aisément d’embarras ;
c’était M. James Prinsep. «Donnez-moi votrè lettre, me dit-il, je vais la lui
envoyer, et demain il vous fera une visite?»*.Son Altesse 'âï-riva effectivement
le lendemain comme l’astronome Prinsep l’avait prédit, et croyant que je demeurais
chez lu i, il y vint me demander ; le hasard voulut que je fusse là juste-
nieut.g’Xominés l’un à l’autre, nous échangeâmes le salut "anglais, une rude
poignée dé main, et, sans beaucoup de cérémonies, je continuai avec M. Prinsep
des observations que nous faisions ensemble dans son laboratoire. Le Rajah
demeura uné*heure, causant de mille choses, questionnant,'touchant à toutr
faisant préùve de beaucoup d’intcfiigence, d’ignorance encore plus; d’ailleurs
parlant fort bien anglais, l’anglais des journaux surtout. LéTaiigage familier
de la conversation manque presque toujours aux natifs; ceux qui fréquentent
le plus les Européens, ne les «voyant jamais qu’en visite.
Rajah ILalichun-Koeurr Gousohal est un petit vieillard de 60 ans, moins
âgé peut-être, mais desséché par la débauche, dit-on. Il y a en France des
hommes plus bruns que lui ; ses traits n’ont rien de la noble régularité si
commune chez les Indiens; il est laid, mais d’une laideur spirituelle et nullement
désagréable", à la façon de mille-JEuropéfens. Il avait des pantoufles, les
plus éOmmunes, dés bas de laine, des pântalonS étroits, de soie ouatée, une sorte
d’habit de la même étoffé, un gilet d é la flanelle la plus grosse dessous, Un
petit turban dé très- belle mousseline'bldhche, et un schall de Cachemir
fort commun. Son carrosse-, ses chevaük, ses domestiques, avaietft moins
bonne miñe que ceux dé mon hôte; le capitairfè Taylor; cependant il a, dit-on,
3‘-t>u 4 lacks de rente è( 1 million de francs ). :
On parla des projets de colonisation anglaise dans l ’Inde, et il s’ÿ montra
fort opposé. « Rivaux des sujets anglais dans le champ de la propriété* terri-
« toriale, il espïmpossible, » dit-il, «quede fréquentes,contestations ne.s’é-
« lèvent entré- eux et nous. Jugés par des juges anglais, nous perdrons. Déjà
« nous ne pouvons soutenir la concurrence des indigotiers; ils travaillent à
« de meilleures conditions que nous; et quand nous aurions la même industrie
« qu’eux, privés du même pouvoir, nous ne pouvons les imiter. Si vous
« battez vos domestiques, vos journaliers à la campagne, ils vous quittent
« peut-être; rarement se plaignent au juge, parce que le juge les renvoie
« sans les écouter,- et vous pouvez ainsi établir dans vos factoreries une règle.
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