
la vieille Angleterre. L Angleterre, conseillée par une politique étroite et vulgaire,
peut regretter la domination qu’elle a perdue en Amérique; mais le
peuplé anglais, mais les hommes de la race anglaise doivent s’enorgueillir
devant les autres familles européennes de la prospérité et de la grandeur d’un
Etat fondé par leurs pères, et qui ne peut pas cesser de leur être uni par la
communauté d’origine, par la consanguinité nationale. Le peuple anglais est
le seul, dans les temps modernes, duquel un grand peuple soit sorti. Il y a
là de quoi être fier.
Pourquoi les colonies des autres nations de l’Europe n’ont-elles pas ces grandes
destinées? est-ce le sort aveugle.qui a favorisé les Anglais? Non; leurs colonies
doivent leur prospérité à l’activité, à l’industrie, à l’ordre, à la supériorité sociale
enfin de la majorité des hommes qui les ont formées, et de leurs descendants.
G’est un spectacle curieux et mélancolique à la fois que celui des efforts impuissants
des colons français et allemands aux États-Unis, contre leurs voisins,
contre leurs concitoyens actuels de race anglaise. La liberté de la loi américaine,
qui laisse aux hommes de la race anglaise l’usage illimité de leurs facultés
industrielles, dévore les colons venus de l’Europe continentale, qui ne
savent pas en profiter également. Leurs familles descendent, à chaque génération
nouvelle, de quelques degrés dans l’échelle sociale, et finissent par
s’éteindre. Les hommes de race anglaise, établis autour d’eux, les cernent,
les envahissent de toute part, et, sans violence, avec du temps seulement, les
dépossèdent, parce qu’ils les dépassent dans toutes les routes qui conduisent à
la richesse.
Les restrictions qu’apporte au libre exercice de l’industrie de ses habitants,
le Gouvernement colonial extrêmement modéré du Canada, protègent contre
la supériorité, contre la force expansive et le principe d’accroissement des Anglais
canadiens, les descendants des premiers colons français de cette province.
Supprimez ces entraves r, l’Anglais canadien travaillera avec une vigueur
nouvelle ; son industrie tournera vers une multitude d’objets sur lesquels le
Gouvernement colonial lui interdit de l’exercer librement, tandis que le Canadien
français ne fera rien de plus que ce qu’il fait aujourd’hui. La propriété
passera rapidement de ses mains oisives aux mains plus laborieuses et plus
habiles des Canadiens anglais; les familles décherront, elles perdront avec la
richesse l’importance qu’elle donne dans l’association politique, et, sans même
que la législation, désormais réglée par leurs rivaux, vienne accorder à ceux-
ci des privilèges injustes, elles ne tarderont pas à s’éteindre. Une race, un
peuple aura détruit l’autre en un siècle.
Il n’y a que des colonies bien administrées qui puissent devenir assez fortes
pour secouer le joug de la mère-patrie et se passer de sa protection. Les colonies
de la France et de la.Hollande, quelque faibles que soient la France et
la Hollande au-delà des mers, ne se rendront jamais indépendantes de ces
Etats, à moins que ce ne soit pour se donner à l’Angleterre. Elles sont trop
misérables pour jamais avoir une existence propre. Le gouvernement anglais
lui-même, sous de rapport, peut tirer vanité de la puissance Américaine, puisque
c’était lui qui gouvernait jadis ses sujets émigrés dans l’Amérique septentrionale.
C’est à lui qu’il faut rapporter une partie de la prospérité de cette
colonie, qui, en un siècle, devint assez puissante pour se séparer de lui violemment,
et résister à ses forces immenses.
L admirable système de colonisation qu’il applique depuis 4o ans à ses possessions
de la Nouvelle-Hollande, précipitera l’époque où l’Australasie et la Tasmanie
imiteront l’exemple des États-Unis d’Amérique.
: Ce n’est absolument que parce que le Portugal et l’Espagne sont tombés
en Europe au dernier degré de la faiblesse et de la misère, que nous avons
vu leurs colonies, dans l’Amérique équinoxiale, leur échapper. Quelle autre
puissance européenne les aurait perdues ? Mais ces nouveaux États, bbres
avant d’être dignes de la liberté, avant de la comprendre et de l ’a im e r sincèrement,
avant d’être capables, conséquemment, de la défendre, affranchis
par la ruine et l’abandon de leur mère-patrie, bien plus que par une lutte
opiniâtre et habile contre elle, quelle est leur condition ? Quels éléments contiennent
ils d'ordre, de paix, de prospérité? Quelles seront leurs destinées ?
Nous autres jeunes gens qui les avons vus naître, peut-être les verron6-nous
périr ? Vainement j ’y cherche quelque principe de grandeur future ; je n’y
trouve que des germes de discordes civiles, d’anarchie, de décadence. Ce sont
les enfants chétifs et racliitiques de pères décrépits.
La liberté de la presse, que le voisinage d’un pays libre a obligé le Gouvernement
anglais à accorder au Canada, n’existe pas de droit dans la colonie du
Gap de Bonne - Espérance. Le gouverneur peut faire censurer préalablement
les journaux, dont il y a plusieurs périodiques et quotidiens. Il n’use pas de
ce pouvoir, et laisse toute liberté aux attaques dirigées contre lui et son administration.
Je suppose que le Gouvernement ne s’est réservé le droit de censure
que pour l’exercer seulement dans lè cas où la question de l’esclavage, qui
partage ici bien des intérêts et des opinions, viendrait à être agitée d’une manière
imprudente. Cette réserve de l’autorité peut être sage partout où il y a
des Esclaves; c’est-à-dire que dans toute société où il existe un effroyable abus,