
au N. et tantôt au S. Des couches très-épaisses de Granité, à très-grands cristaux
de Feldspath et de Mica, sont intercalées entre les roches amphiboliques;
elles n’ont aucune stratification et ne méritent le nom de couches que parce
quelles sont encaissées entre des murailles parallèles de roches amphiboliques.
Des Gneiss et des Micaschistes sont également subordonnés à ces roches, et
dressés comme elles sur leur tranche. Rien de si facile à expliquer par les
accidents de la solidification. Les roches amphiboliques qui dominent ici
semblent identiques avec celles que j ’ai observées d’abord en deçà de Rogo-
natpour, disséminées en amas irréguliers dans les roches granitiques, puis y
formant des zones si larges et si étendues que c’étaient de véritables couches ;
et enfin, elles dominaient dans la structure du so l, lorsque je retrouvai, sur
les bords de la Dummoudah, le terrain houiller qui cachait entièrement le
terrain primordial.
Leur inclinaison et leur direction diffèrent, il est vrai, beaucoup. Mais à de
pareilles distances, l’uniformité de stratification serait un hasard singulier, et
celle qu’offre presque partout l’énorme épaisseur des roches dont les Alpes
sont formées, m’a toujours surpris. La cause des soulèvements est un trouble
de l’ordre, c’est une convulsion, un effort volcanique, un tremblement de
terre, puisqu’il faut l’appeler par son nom, et il y a lieu de s’étonner qu’en
rompant l’épaisse écorce de couches horizontales dont la terre dut être d’abord
recouverte, elle en ait penché les débris disloqués, dans le même sens, sur de
vastes surfaces. Ici, des îlots démantelés ont dû être soulevés dans leur position
originelle; là , soulevés obliquement ou culbutés sur la tranche.
Quand il n’en serait jamais ainsi, quand le désordre n’aurait produit qu’un
ordre nouveau et des renversements réguliers, l’identité de ce qu’on appelle
les couches dans le terrain primitif, n’en serait pas moins difficile et souvent
impossible à établir d’une montagne à une autre. Car, s’il est vrai que certaines
roches de ce système à structure schisteuse présentent l’apparence de roches
schisteuses secondaires, et paraissent aussi bien quelles formées en véritables
couches, il faut cependant considérer que les Gneiss et beaucoup de Micaschistes
n’offrent rien d’analogue. Je trouve dans tous leurs accidents la preuve
d’une fusion. Il y a dans l’épaisseur des masses des roches primitives, des zones
de nature ou d’apparence dissimilaire de celles qui les recouvrent ou sont
recouvertes par elles. Ordinairement elles se fondent les unes dans les autres
par des transitions insensibles, rarement se terminent brusquement l’une à
l’autre; ce ne sont réellement que de grands amas, e t, dans le terrain primitif,
il n’y a pas d’autres couches.
Après avoir monté pendant une heure de colline en colline, j ’arrivai au
faite de la ceinture qui ferme au N . O . la plaine d’Hazaroubag. A peine la
domine-t-elle d’une centaine de mètres, mais sa pente opposée descend jusque
dans des plaines dont le niveau est bien moins élevé, et au-dessus desquelles
celle d’Hazaroubag est une sorte de plateau. En regardant de ce côté, on se
trouve au sommet, non d’une rangée de collines, mais d’une petite chaîne
de montagnes. C’est le site le plus pittoresque que j ’aie encore rencontré dans
l’Inde parmi ceux du genre montueux; l’aspect des bois est très-varié, et
entièrement automnal. Quelques Bomhax, mourant de vieillesse, ne portent
plus qu’un feuillage rare et jaunissant, tandis que de jeunes Bignonias semblent
teints de pourpre et de violet. Sans faire une riche herborisation sur
les bords de ces jungles, j ’y recueille plus de plantes qu’il ne m’est encore
arrivé, et parmi elles je note une petite espèce de fougère, Potypodium ,
de port européen, qui croît dans les fentes des rochers.
Pas une maison après le hameau très-voisin d’Hazaroubag jusqu’à Kuteam-
sandy, où il y en a fort peu. Campé derrière le hameau, sous des Ranian-
trees, près de grands rochers de Granité, dans un site retiré et pittoresque
quoiqu’à 200 pas seulement du village. Mes gens ont peur des tigres. Je les
rassure quelque peu par une exhibition inaccoutumée de fusils et de pistolets.
Après to u t, s’ils ont tort d’avoir peur, j ’aurais plus de tort encore de
me moquer d’eux, moi qui, par circonspection, ne vais pas le soir à 20 pas
de ma tente sans un fusil armé à la main.
Le 18 décembre 1829. — Camp de Penarkone, à 9 mil. (2 1. ) de Kutcamsandy.
Bientôt, sorti du peu de culture qu’il y a autour du village de Kutcamsandy,
je rentrai dans les jungles. Des roches d’Amphibole font saillie dans la
plaine, dirigées comme hier, ou plutôt O. et E . , et presque verticales. Des
couches de Quartz compacte leur sont subordonnées, comme hier, de même
que des couches de Jaspes tabulaires, que j ’avais omis de nommer.
Le lit sablonneux d’un large torrent, le Bulbul qui coule en arc
du S . au N ., est traversé de plusieurs rangées de rochers qui doivent y former
des cascades dans la saison des pluies. Ce sont ces Jaspes ; ici ils sont la roche
dominante, et c’est le Quartz blanc et compacte et le Gneiss qui leur sont subordonnés;
ils sont dirigés exactement de l’E .à 1 0 . , et verticaux. J’ai reconnu
leur épaisseur; elle est déplus de 4oom- Us sont verts, mouchetés et jaspés de
blanc et de rose. Ily en a de rouges, jaspés de violet foncé et de blanc. Voir
l’échantillon (G. 21).