
les chutes d’eau. Elles tombent d’une plaine unie sur une autre plaine, dans
un paysage désert, mais sans âpreté, revêtu d’une végétation languissante,
sans aucune des pompes du tropique.
Une de ces cascades, celle de la rivière Bagin, entraîne dans les plaines
des diamants arrachés aux couches du district adamantifère où ses eaux
coulent sur le plateau.
Marché de Panna au N .N .E . : suivi le chemin d’Adjighur; il traverse, à
un mille ou deux ou 1 1 .) de la ville, de nombreuses exploitations superficielles
de diamants : pu is, les couches horizontales du Grès reviennent à
la surface, non recouvertes. Elles sont épaisses d’un mètre, très-dures, généralement
de la variété blanche piquée de points ferrugineux. Le relief du sol
est fort inégal ; il me semble cependant s’éloigner assez peu d’un niveau général,
à peu près le même que celui de Panna. S’il se relève d’un côté ,
c’est plutôt au nord, vers la crête du plateau.
On y arrive à travers des bois, sans en être prévenu, et ce n’est que de
là qu’on aperçoit les plaines du Bundelkund.
Le Bisramgandj-ghaut est une exécrable route, qui y descend d’un point
de la crête sous lequel il n’y a point d’escarpements verticaux. Les chars du
pays, construits de bambous élastiques, sans ferrements, à peine chargés,
et soulagés à bras d’hommes, retenus, poussés à propos, peuvent être descendus
par là, au risque de se rompre cependant et d’estropier les boeufs et
les hommes; mais il n’y passe ordinairement que des chevaux et des boeufs
de charge.
Sur une espèce de contre-fort, à 80 ou 100 mètres sous le sommet, sont
les ruines d’un temple qui paraît avoir été en même temps une forteresse.
Quelques gardiens armés y veillent à la sûreté du chemin. Ils ressemblent
plus à des brigands qu’à des constables; mais ils sont pittoresques comme
des brigands. Ils gardent la seule mare où s’amasse quelque peu d’eau. Ailleurs,
pas une place humide, ombragée, pas une mousse, pas une fougère,
qu’un Adianthum, voisin de la Capillaire (A. Capillus Veneris) , tellement desséché,
qu’il tombe en poussière quand on en agite la feuille.
Des Tecks ( Tectona grandis ) qui ne s’élèvent pas au delà des proportions
d’un grand arbrisseau ; des Mimoses épineux d’un aspect maigre et misérable;
des Térébinthacées dépouillées; quelques arbrisseaux flétris, de la famille des
Apocynées, couvrent de leur branchage desséché toutes les pentes sur lesquelles
la route descend. Ils rassurent les yeux en quelques endroits contre
leur roideur, mais dans l’occasion n’offriraient aucun appui. La carcasse d’un
chameau entraîné il y a quelques jours montrait les conséquences d un
faux pas malheureux. Des centaines de grands Vautours bruns, et d Aigles
de la même taille et de la même couleur, voltigeaient alentour. Le vautour
est d’une hideuse familiarité. Son instinct, sans doute, ne le porte pas à
attaquer les autres oiseaux, et d’ailleurs, la pesanteur de son vol rendrait
sa chasse peu fructueuse : ils perchent près de lui sans défiance. Sa lâcheté
n’est pas une histoire poétique, c’est le caractère des animaux qui se nourrissent
de charognes. Un basset met en fuite des centaines de chacals, et
l’hyène, malgré sa force, n’est point redoutée des hommes, d’après ce que
l’on m’a assuré à Hazaroubag, où j ’en ai vu une en captivité chez le majo
r Mackensie; elle venait des montagnes voisines, où l’espèce n’en est pas rare.
Le courage serait sans objet chez ces animaux. La dépouille fumante dun
animal mis à mort ne serait pas une proie de leur goût.
Les assises du Grès, sur lesquelles la route descend, m’ont paru n alterner
avec aucunes couches argileuses, et appartenir aux variétés les plus répandues
sur sa surface. Cependant, des bancs argileux leur sont subordonnés fort
près de là , dit le capitaine Franklin, que l’on aperçoit dans les escarpements
des cascades.
Vers la hauteur moyenne du passage, des blocs dune superbe Syénite à
grands cristaux se montrent dans les éboulements qui recouvrent toutes les
pentes les moins rapides de la montagne, mêlés avec des blocs de Grès. Vainement
je remontai pour trouver cette roche en place; 1 eboulement cache
la jonction des deux terrains. La Syénite, à mesure que 1 on descend, devient
plus commune en blocs détachés, souvent énormes et nullement altérés. Elle
se montre en place quelquefois, décomposée généralement, et sans aucune
stratification.
Les ruines désertes d’un château se voient au pied du passage, où 1 on
entre dans un joli vallon qui pénètre des plaines du Bundelkund entre quelques
promontoires des montagnes. Quelques monticules après, de roches
syénitiques, surgissent çà et là de son fond, comme des îlots au-dessus de
la surface unie d’un lac. Singpour, village où je marrêtai, et qui paraît par
ses ruines avoir été jadis plus qu’un village, est situé dans le fond de ce vallon,
au pied et au N .E . de la montagne d’Adjighur (Pl. X V I, fig. 3 ) ; il y
fallut bivouaquer comme à l’autre Singpour près de Nagound, car la nuit
vint sans que j ’eusse aucune nouvelle de mon bagage derrière moi. J ordonnai
qu’on portât des provisions de bouche à mes gens; mais comme ils sont à
peu près tous de .castes diverses, il fallait à chacun une couple de vases neufs;
52.