
de Rewah, le Grès soit recouvert d’assises calcaires, ou qu’il se montre à nu.
Mais quand on prétend circonscrire avec exactitude ces accidents insignifiants,
il ne faut pas faire de ces contre-sens prolongés.
Les collines de la troisième rangée (Band air-hills, capitaine Franklin) se
déploient au sud du chemin, dans la direction de l’est à l'ouest, en cônes aplatis
ou en plates-formes unies, dont les pentes, assez douces depuis le fond de la
plaine jusque près de leur sommet, se relèvent tout à coup en une sorte
de rempart. J’ai dessiné leur rideau, Pl. X Y I , fig. i , A, B , C; leur profil
montre leurs formes. Elles sont tout à fait celles du premier étage ( Binda-
chal-hills, Tara-pass, près de Mirzapour), au-dessus des plaines du Gange , et
du deuxième étage ( Kuttrah-pass), au-dessus du premier plateau.
Ces argiles schisteuses, qui affleurent le sol dépourvu de terre végétale,
ne nourrissent que de misérables arbrisseaux. Les jungles reparaissent sous
la forme de broussailles épineuses. Les Zyziphus dominent dans cet humble
taillis, dont les feuilles jaunies et desséchées offrent l’apparence d’un hiver
presque européen.
Le 20 janvier i 83o .— A Singpour, 18 mil. (5 { 1.) de Sohawell. = [Nagound, io mil. (3 1. ) : Singpour,
8 mil. (2 £ 1. ) ]
De Sohawell à Nagound, gros village à l’ouest quelques degrés sud, dans
la direction où j ’ai marché généralement depuis Mirzapour, et à 10 mil. (3 1.)
de distance, le Calcaire ou ses marnes se montrent fréquemment, soit à la
surface, soit dans les ravines dont les plaines sont coupées en tous sens. Le
Calcaire appartient à la variété compacte, gris de fumée, légèrement spa-
thique. Le capitaine Franklin dit ( Asiatic Researches) que les couches découvertes
dans le lit du torrent de Nagound renferment des bois pétrifiés
et des impressions de fougères; je les ai vainement cherchés.
Laissant à Nagound le chemin de Lohargong, je marchai sur la foi de
deux guides stupides au N .N .E . vers Singpour. C’était exactement louvoyer
vers le N . O ., et sans serrer le vent. Plusieùrs fois nous perdîmes le sentier
au milieu de terres cultivées ou sur le bord des ruisseaux. Ils sont tous si
profondément ravinés, que leur passage, difficile à cheval, était absolument
impossible aux chars ; les guides dirent que les chars prendraient un autre
chemin un peu plus long, mais pour eux partout praticable.
Arrivé à Singpour, gros village avec son château habité par quelques
Zémindars, un autre idiot breveté, le Cotwal ou maire (ou garde champêtre
communal plutôt ) , averti que le reste de mes gens et mes chars étaient
attendus de Nagound dans l’après-midi, fit apporter sur la place que j ’avais
désignée pour camper, tout ce qu’il fallait pour mes six boeufs et une vingtaine
d’hommes.
Mais vers le soir, ne voyant venir personne après moi, je fis une enquête,
dont le résultat unanime fut qu’il n’y avait aucun moyen de faire arriver
à Singpour une voiture de Nagound. Retourner eût été le plus sage ; mais
après 18 mil. de marche, dont 8 en plein découragement, mes gens étaient
exténués, puis le jour tombait; point de lune qu’au matin. Il fallut demeurer,
dîner à la façon des natifs, comme mes domestiques, et coucher comme eux,
bivouaquer. Un grand feu, que je fis allumer près de moi, me garda passablement
contre la fraîcheur de la nuit; et un immense tamarin, sous lequel
j ’avais ordonné mon bivouac, me préserva du rayonnement.
J’ai lieu de croire que bien peu d’Européens ont passé à Singpour, où mon
arrivée donna l’éveil à la curiosité de toute la population. On parut surpris
de me voir manger avec la bouche, et dormir sur le dos ou le côté.
Un pigeon sauvage, que je tuai d’une balle d’assez loin, ne contribua pas
peu à me rendre plus admirable encore. Quand je commandai à cette foule
armée de s’éloigner, elle se retira sur-le-champ.
Aucun intérêt pour compenser la perte de temps où m’entraîne cette
bévue. Malgré la profondeur des ravines dont la campagne est sillonnée
entre Nagound et Singpour, je n’ai vu qu’en deux places des roches découvertes.
Ce sont des Calcaires.
Le 21 janvier i 83o. — Retour de Singpour à Nagound, 8 mil. (2 \ 1.)
Nagound a son château, le meilleur que j ’aie encore vu dans l’Inde, et
son Rajah, qui appelle ses domestiques déguenillés des sipahis, parce qu’il
leur fait porter un sabre de af,5o sans conséquence. L ’anarchie féodale n’a
cessé qu’à l’établissement de la puissance anglaise. Personne, dans ce gros
village, n’est en état de lire les caractères persans.
Le 22 janvier i 83o .— A Lohargong, 17 mil. (5 1. ) de Nagound.
Cette partie du deuxième plateau est généralement recouverte de Calcaire;
le Grès ne forme qu’un petit nombre d’éminences qu’on dirait n’avoir
pas été recouvertes par cette roche. Cernées de toutes parts par le Calcaire,
on ne voit pas néanmoins leur recouvrement par celui-ci. Le sol diluvial a une
épaisseur considérable en divers lieux, et cache ces superpositions qu’une
tranchée peu profonde découvrirait cependant. Du resté, les marnes et les